M. Marc TESSIER, président-directeur général de France Télévisions
Les
choix stratégiques de France Télévisions sont en accord
avec la volonté politique de l'Etat. Cette concordance s'est
exprimée récemment dans la signature avec l'Etat d'un contrat
d'objectifs et de moyens à 5 ans, signé par plusieurs
ministres.
Je voudrais préciser quelques points à propos de ce contrat.
Le premier élément fondamental est que l'Etat a fait le choix de
ne pas augmenter la redevance dans les années futures au-delà de
l'inflation.
Deuxièmement, le groupe France Télévisions doit
auto-financer les trois quarts de ses investissements, sur une période
pendant laquelle ces investissements doubleront. Ceci signifie que la
télévision publique doit procéder à un
redéploiement interne, condition nécessaire de la
réalisation du projet.
Le contrat d'objectifs et de moyens comporte une autre exigence : France
Télévisions doit consacrer chaque année une part plus
importante de ses dépenses opérationnelles et de ses
investissements en matière de programmes.
Les choix stratégiques de France Télévisions s'inscrivent
donc dans une volonté politique claire.
Je voudrais ensuite évoquer un certain nombre de points qui touchent
à la télévision numérique terrestre.
On oublie trop souvent que, dans la plupart des pays, le secteur des
médias est traité en exception : il existe partout des
règles spécifiques, des instances de contrôle, des codes et
des usages extrêmement forts, etc.
La stratégie proposée par France Télévisions
s'inscrit dans un traitement européen lui aussi en exception, puisque la
Commission européenne a accepté de traiter le programme de
développement de la télévision publique française
et des autres télévisions publiques dans un cadre de lignes de
conduite spécifiques.
Quels sont les objectifs de cette exception politique ?
- L'accès de tous à un service minimum de
qualité ;
- Le pluralisme ;
- L'indépendance des acteurs par rapport à des
intérêts économiques ou politiques ;
- Le développement économique du secteur, et notamment des
deux parties vitales que sont l'information et la création ;
- Le choix technologique d'avancer rapidement en France et en Europe dans
l'accès de la télévision aux nouveaux secteurs.
A propos de l'accès à la télévision publique, le
choix politique est d'élargir le service antenne d'accès libre
à tous. La question qui se pose est de savoir comment ce service sera
traité sur le câble et le satellite. Je ne souhaite pas que les
chaînes d'information du service public soient renvoyées dans des
ensembles avec des chaînes financées par abonnement. Il est
fondamental, pour le téléspectateur, de savoir qu'existe un
service antenne.
Je parlerai d'un seul aspect du pluralisme : la présence d'un
groupe public. La stratégie proposée est fondée sur
l'idée que, si le groupe France Télévisions restait
à structure d'offre constante -France 2, France 3 et
France 5- il deviendrait obsolète d'ici trois ou cinq ans. Si la
télévision publique doit demeurer un gage de pluralisme, alors
elle doit faire partie du mouvement d'évolution du paysage audiovisuel.
Le gouvernement a clairement fait le choix que l'équilibre
privé-public ne soit pas modifié substantiellement sur le
numérique terrestre gratuit. Il a ajouté à ce choix qu'il
nous autorisait à participer aux projets de la télévision
payante, mais de manière modérée et minoritaire, sans
revendiquer de contrôle.
L'indépendance, déjà garantie par les lois
antérieures pour le groupe public, est renforcée par l'existence
du contrat d'objectifs et de moyens : le groupe public fonctionne
désormais dans un cadre à cinq ans.
Le secteur connaîtra un développement économique car les
nouvelles télévisions passeront des commandes. Pour leur part,
les télévisions du service public auront l'engagement de passer
des commandes sur la totalité de son chiffre d'affaires. Il faut
s'organiser pour faire en sorte que le second marché existe : il
faut, pour cela, que toutes les parties acceptent d'assouplir leurs exigences.
En ce qui concerne enfin la technologie, j'adhère à l'idée
d'une date butoir pour la fin de la diffusion en analogique, mais il est
difficile de la fixer dans un délai trop court. Il faut d'abord lancer
la télévision numérique terrestre, voir ensuite comment
celle-ci fonctionne et se rendre compte des obstacles.