c) Toutefois, une atténuation de l'effet boule de neige de la dette plus franche en Europe qu'en France

C'est plus indirectement que les performances différentes de la croissance ont pesé sur les déficits publics. Combinées avec la nette inflexion des taux d'intérêt, elle a engendré une réduction de l'effet boule de neige de la dette publique, qui a tout particulièrement bénéficié aux pays initialement les plus endettés.

L'allégement de la charge des intérêts a été moins net en France.

Celle-ci a reculé de 1,7 point de PIB en moyenne en Europe - où les pays initialement les plus endettés ont tout particulièrement bénéficié de la baisse des taux d'intérêt - mais de seulement 0,7 point en France.

INTÉRÊTS VERSÉS PAR LES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 1)

(en points de PIB)

Variations

1996

1997

1998

1999

2000

2000-1996

BELGIQUE

8,9

8

7,7

7,2

6,9

- 2

DANEMARK

6,1

5,7

5,3

4,6

4,1

- 2

ALLEMAGNE

3,7

3,6

3,6

3,5

3,3

- 0,4

GRÈCE

10,5

8,2

7,8

7,6

7,2

- 3,2

ESPAGNE

5,3

4,8

4,3

3,6

3,3

- 2

FRANCE

3,9

3,7

3,6

3,4

3,3

- 0,6

IRLANDE

4,6

4,2

3,4

2,4

2,1

- 2,5

ITALIE

11,5

9,4

8

6,7

6,5

- 5

PAYS-BAS

5,6

5,2

4,8

4,4

4

- 1,6

AUTRICHE

4,2

3,9

3,8

3,5

3,6

- 0,6

PORTUGAL

5,4

4,2

3,5

3,2

3,2

- 2,2

FINLANDE

4,3

4,3

3,6

3,1

2,8

- 1,5

SUÈDE

6,8

6,4

5,8

4,8

4,3

- 2,5

ROYAUME-UNI

3,7

3,7

3,6

3

2,7

- 1

ZONE EURO (12)

5,7

5,1

4,7

4,3

4,1

- 1,6

EUROPE À 15

5,5

5

4,6

4,1

3,8

- 1,7

Source : Commission européenne. Les grandes orientations des politiques économiques de 2001. N° 72, 2001.

1. Les différences d'estimations des charges d'intérêt avec celles de la comptabilité nationale résultent de la date de publication de ces statistiques.

Une part de l'écart entre la réduction des dépenses publiques en France et en Europe s'explique par ce phénomène.

Mais, à cet écart il faut ajouter un repli sensiblement plus élevé en Europe des dépenses publiques hors charges d'intérêt, qui y a engendré une amélioration plus nette qu'en France du solde primaire structurel.

d) Un facteur essentiel : la France a nettement moins amélioré la situation structurelle de ses comptes publics que les autres pays européens

Entre 1996 et 2000, la totalité des Etats européens ont amélioré leur capacité de financement primaire. Cette amélioration a atteint 3,1 points de PIB pour la zone euro à 12 et même 3,7 points de PIB pour l'Union européenne dans son ensemble.

CAPACITÉ DE FINANCEMENT PRIMAIRE

1996

2000

Variations 1996-2000

BELGIQUE

+ 5,1

+ 6,9

+ 1,8

DANEMARK

+ 5,1

+ 6,5

+ 1,4

ALLEMAGNE

+ 0,3

+ 1,8

+ 1,5

GRÈCE

+ 2,7

+ 6,3

+ 3,6

ESPAGNE

+ 0,4

+ 3

+ 2,6

FRANCE

- 0,2

+ 2

+ 2,2

IRLANDE

+ 4,4

+ 6,6

+ 2,2

ITALIE

+ 4,4

+ 6,2

+ 2,2

PAYS-BAS

+ 3,8

+ 6

+ 3,2

AUTRICHE

+ 0,4

+ 2,5

+ 2,1

PORTUGAL

+ 1,4

+ 1,8

+ 0,4

FINLANDE

+ 1,1

+ 9,5

+ 8,4

SUÈDE

+ 3,7

+ 8,3

+ 4,6

ROYAUME-UNI

- 0,7

+ 7

+ 7,7

ZONE EURO (12)

+ 1,4

+ 4,5

+ 3,1

EUROPE À 15

+ 1,3

+ 5

+ 3,7

Source : Commission européenne. Les grandes orientations des politiques économiques de 2001. N° 72, 2001, p. 316 et s.

La performance de la France est en deçà de cette moyenne, avec une amélioration de 2,2 points de PIB de son solde primaire. Surtout, comme la France était l'un des deux pays européens partant d'une situation de déficit primaire, son solde primaire est, après ceux de l'Allemagne et du Portugal, le moins largement excédentaire d'entre les pays européens. Il est de 2,5 points de PIB moins important que pour la moyenne de la zone euro (3 points de PIB par rapport à l'Europe des 15).

Cette performance relativement moins favorable se combine avec une moindre réduction des charges d'intérêt pour rendre compte de la moindre amélioration du solde public total et, par ricochet, de la situation de la dette publique.

Elle s'explique par l'effort de redressement des soldes structurels qui a été moins intense en France qu'en moyenne en Europe : de 2 points de PIB selon la Commission européenne contre 3,9 points de PIB pour la zone euro et même 4,7 points de PIB pour l'Europe des quinze.

VARIATIONS DES SOLDES STRUCTURELS EN EUROPE
(1996-2000)

(en points de PIB)

1996

1997

1998

1999

2000

Ecart 2000-1996

BELGIQUE

- 2,7

- 1,4

- 0,3

- 0,1

- 0,2

- 2,5

ALLEMAGNE

- 3,1

- 2,1

- 1,5

- 0,7

- 0,8

- 2,3

GRÈCE

- 7,1

- 4,3

- 2,7

- 1,4

- 0,8

- 6,3

ESPAGNE

- 4

- 2,6

- 2,4

- 1,3

- 0,8

- 3,2

FRANCE

- 3,3

- 2,2

- 2,2

- 1,3

- 1,3

- 2

IRLANDE

0,8

0,7

1,9

1,4

3,1

- 2,3

ITALIE

- 6,7

- 2,4

- 2,5

- 1,2

- 1,3

- 5,4

LUXEMBOURG

4,3

4,5

4,6

5,2

4,3

0

PAYS-BAS

- 0,8

- 0,5

- 0,6

0,7

0,7

- 1,5

AUTRICHE

- 3,7

- 1,2

- 2

- 1,9

- 1,5

- 2,2

PORTUGAL

- 3,6

- 2,5

- 2,5

- 2,2

- 2

- 1,6

FINLANDE

- 0,6

- 0,9

0,8

1,2

5,1

- 5,7

DANEMARK

- 1

- 0,1

0,5

2,8

1,8

- 2,8

SUÈDE

- 1,9

- 0,1

2,6

1,6

3,3

- 4,9

ROYAUME-UNI

- 4,1

- 2,2

0,3

1,3

1,8

- 5,9

ZONE EURO (12)

- 3,7

- 2

- 1,8

- 0,9

+ 0,2

- 3,9

EUROPE À 15

- 3,7

- 2

- 1,3

- 0,4

- 0,1

- 4,7

Source : Commission européenne. Les grandes orientations des politiques économiques de 2001. N° 72, 2001, p. 316 et s.

Cette performance relativement moins favorable, qui s'explique partiellement par une réduction moins nette des charges d'intérêt en France (1 point de l'écart de 1,9 point observé avec la zone euro en est issu), procéderait d'un paradoxe, si l'on se bornait à envisager l'évolution des recettes publiques.

LES RECETTES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES EN FRANCE ET EN EUROPE

(en points de PIB)

1996

1997

1998

1999

2000

Variation 2000-1996

BELGIQUE

49,3

49,7

50

50

49,9

+ 0,6

DANEMARK

58,8

58,4

58

58,5

55,7

- 3,1

ALLEMAGNE

46,8

46,5

46,6

47,2

47

+ 0,2

GRÈCE

38,1

40

41,4

43,3

43,8

+ 5,7

ESPAGNE

38,8

39,1

39,1

39,6

39,5

+ 0,7

FRANCE

51,4

51,9

51,3

52,1

51,9

+ 0,5

IRLANDE

39,5

38,6

37,7

38,4

37,8

- 1,7

ITALIE

46,1

48,4

46,8

47,1

46,1

-

LUXEMBOURG

47,9

47

46,4

47,3

46,5

- 1,4

PAYS-BAS

47,8

47,1

46,4

47,5

47,2

- 0,6

AUTRICHE

52,8

52,2

52

51,6

50,6

- 2,2

PORTUGAL

41,6

41,7

41,8

42,7

43,4

+ 1,8

FINLANDE

56,8

55,3

54,5

53,6

55,1

- 1,7

SUÈDE

62,2

61,6

62,9

62,1

62,4

+ 0,2

ROYAUME-UNI

39,8

40

41,2

41,4

42,1

- 2,3

ZONE EURO (12)

47,2

47,6

47,1

47,7

47,3

+ 0,1

EUROPE À 15

46,9

47

46,8

47,2

47

+ 0,1

Source : Commission européenne. Les grandes orientations des politiques économiques de 2001. N° 72, 2001, p. 316 et s.

Les recettes totales des administrations publiques ont davantage progressé en France qu'en moyenne en Europe. L'écart atteint 0,4 point de PIB.

Une part importante de l'augmentation du poids des recettes publiques en France s'explique par les prélèvements obligatoires qui ont augmenté plus que le PIB.

Évolution des prélèvements obligatoires (1996-2000)
(en milliards de francs et en %)

1996

1997

1998

1999

2000

En francs

Impôts après transferts (1) perçus par :

- les administrations publiques centrales

dont l'État

- les administrations publiques locales

- les administrations de sécurité sociale

- les institutions de l'Union européenne (*)

Cotisations sociales effectives (2) perçues par :

- l'État

- les administrations de sécurité sociale

Prélèvements obligatoires effectifs (1) + (2)

2069,4

1401,7

1341,6

449,8

162,6

55,3

1489,1

24,5

1464,5

3558,5

2191,4

1450,3

1385,3

466,5

217,7

56,9

1497,0

33,7

1463,4

3688,4

2454,6

1502,9

1434,5

485,6

413,2

52,9

1379,1

34,9

1344,2

3833,7

2587,4

1611,6

1540,4

488,8

434,8

52,2

1450,7

35,4

1415,3

4038,1

2662,8

1616,3

1541,6

477,9

511,2

57,4

1497,8

35,3

1462,6

4160,6

En % du PIB

Impôts après transferts perçus par :

- les administrations publiques centrales

dont l'Etat

- les administrations publiques locales

- les administrations de sécurité sociale

- les institutions de l'Union européenne

Cotisations sociales effectives perçues par :

- l'État

- les administrations de sécurité sociale

Prélèvements obligatoires effectifs

26,0

17,6

16,9

5,7

2,0

0,7

18,7

0,3

18,4

44,8

26,7

17,7

16,9

5,7

2,7

0,7

18,2

0,4

17,8

44,9

28,7

17,5

16,7

5,7

4,8

0,6

16,1

0,4

15,7

44,8

29,2

18,2

17,4

5,5

4,9

0,6

16,4

0,4

16,0

45,6

28,9

17,5

16,7

5,2

5,5

0,6

16,3

0,4

15,9

45,2

Source : INSEE

L'écart de performance entre la France et la moyenne européenne du point de vue de l'amélioration structurelle des comptes publics est donc issu de l'évolution des dépenses publiques. A un repli plus prononcé des dépenses d'intérêt, il faut ajouter un phénomène identique pour les dépenses primaires.

Le repli des dépenses publiques dans le PIB a été plus prononcé en Europe qu'en France.


DÉPENSES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES EN EUROPE

(en points de PIB)

Variations

1996

1997

1998

1999

2000

2000-1996

BELGIQUE

53

51,6

50,9

50,7

49,9

- 3,1

DANEMARK

59,8

58

56,9

55,4

53,3

- 6,5

ALLEMAGNE

50,3

49,2

48,6

48,6

45,6

- 4,7

GRÈCE

45,9

44,7

44,6

45,2

44,7

- 1,2

ESPAGNE

43,7

42,2

41,7

40,8

39,9

- 3,8

FRANCE

55,5

55

54

53,7

53,2

- 2,3

IRLANDE

39,7

37,8

35,7

36,3

33,3

- 6,4

ITALIE

53,2

51,1

49,6

48,9

46,5

- 6,7

LUXEMBOURG

45,4

43,4

43,2

42,6

41,2

- 4,2

PAYS-BAS

49,6

48,2

47,1

46,5

45,2

- 4,4

AUTRICHE

56,6

53,9

54,3

53,7

51,8

- 4,8

PORTUGAL

45,6

44,4

44,1

44,8

44,8

- 0,8

FINLANDE

59,9

56,8

53,2

51,8

48,4

- 11,5

SUÈDE

65,3

63,1

61

60,3

58,4

- 6,9

ROYAUME-UNI

44,2

42

40,7

40,1

37,7

- 6,5

ZONE EURO (12)

51,5

50,2

49,3

48,9

47

- 4,5

EUROPE À 15

51,1

49,4

48,4

47,9

45,8

- 5,3

Source : Commission européenne. Les grandes orientations des politiques économiques de 2001. N° 72, 2001

Si une partie de cette évolution s'explique par un repli plus important des charges d'intérêt, l'évolution comparée des autres dépenses a elle-même été différenciée.

VARIATIONS DES DÉPENSES PUBLIQUES PRIMAIRES 1)
(1996-2000)

(en points de PIB)

BELGIQUE

- 1,1

DANEMARK

- 4,5

ALLEMAGNE

- 4,3

GRÈCE

+ 2

ESPAGNE

- 1,8

FRANCE

- 1,6

IRLANDE

- 3,9

ITALIE

+ 0,8

PAYS-BAS

- 2,8

AUTRICHE

- 4,2

PORTUGAL

+ 1,4

FINLANDE

- 10

SUÈDE

- 4,4

ROYAUME-UNI

- 3,5

ZONE EURO (12)

- 2,9

EUROPE À 15

- 3,6

Source : Commission européenne
Les grandes orientations des politiques économiques de 2001. N° 72, 2001

1. Total des dépenses publiques - dépenses d'intérêts

Les dépenses primaires ont diminué de 2,9 points de PIB dans la zone euro (3,6 points de PIB pour l'Europe des quinze) contre seulement 1,6 point de PIB en France.

*

* *

Au total, non seulement l'amélioration de la composante structurelle des déficits publics a été plus nette en Europe, mais encore elle s'est davantage appuyée sur un reflux du poids des dépenses publiques dans le PIB qu'en France. Celle-ci a moins réduit ses dépenses publiques - le recul de leur part dans le PIB s'élève à 2,3 points de PIB contre 4,5 points dans la zone euro - et a davantage compté sur les recettes pour améliorer la situation de ses finances publiques.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page