c) Des points forts indéniables : vers un transfert à l'ensemble du système éducatif ?
Les
apports de la mise en place des sections européennes sont des sources
d'enseignements considérables à prendre en compte pour
améliorer l'apprentissage « traditionnel » des
langues vivantes dans le cadre scolaire. Ainsi, l'IGEN suggère de
«
transférer si possible ce qu'il y a de meilleur en
matière d'apprentissage des langues vivantes dans ce dispositif à
l'enseignement des langues vivantes dans tout le système éducatif
français. »
Les principaux apports sont les suivants :
- la
pratique renforcée et interdisciplinaire de la langue
,
pivot central des sections,
via
l'enseignement d'une discipline non
linguistique, contribue à une meilleure appropriation de la langue par
les élèves, propres à améliorer
in fine
l'efficacité de l'apprentissage. L'IGEN souligne ainsi que les sections
européennes sont «
le lieu d'un renouveau
pédagogique
, grâce à
l'interdisciplinarité qui modifie les pratiques des enseignants et offre
aux jeunes une ouverture d'esprit qui va dans le sens d'une mobilité
professionnelle ».
La
transversalité des savoirs
ainsi valorisée permet de
sortir d'un cloisonnement nuisible, qui prive de finalités
concrètes et visibles un enseignement trop souvent jugé
répétitif. En outre, l'enseignement d'une DNL en langue
étrangère est une idée à promouvoir pour prendre en
compte l'allongement des cursus.
Toutefois, dans une optique d'ouverture accrue,
un éventail plus
varié de DNL devrait être représenté
, alors
qu'il s'agit aujourd'hui de l'histoire géographie dans 70 % des
cas.
Il est enfin important de veiller pour la qualité et
l'intégration de cet enseignement, à l'importance d'un travail en
binôme avec le professeur de langue, et la nécessité de
matériel didactique en langue étrangère.
- Dans le prolongement,
l'organisation d'échanges
contribue
à la diffusion de « l'esprit européen » qui
anime ces sections ; l'existence d'une section européenne dans un
établissement pourrait servir de levier d'ouverture, par son
intégration au projet d'établissement.
Étant donné les perspectives dont sont porteuses ces sections, il
faudrait arriver à ce qu'elles ne soient plus considérées
comme réservées à une minorité, parfois
considérée comme une élite, mais intégrées,
sous diverses modalités adaptées aux besoins et niveaux des
élèves, au système éducatif français :
non plus un supplément d'âme mais un dispositif capable
d'insuffler une dynamique d'ensemble.
Le précédent ministre n'affirmait-il pas lors du séminaire
organisé pour le 10
ème
anniversaire des sections
européennes
56
(
*
)
que ces « écoles du bilinguisme », ces
« espaces de plus en plus ouverts où les jeunes
« dessinent l'Europe » » constituaient
aujourd'hui des «
voies d'excellence
généralisables
» ? : «
Dix
ans après la création des sections européennes, la
nouvelle perspective pour les 10 années à venir est leur
intégration dans la réalité des pratiques d'enseignement
au bénéfice de tous les élèves, dans tous les
établissements scolaires
».
LES
AUTRES DISPOSITIFS D'ENSEIGNEMENT BILINGUE :
DES SYNERGIES A
DEVELOPPER
Les
sections européennes et de langue orientale ne sont pas les seuls
dispositifs d'enseignement bilingue en France. Il existe également :
- les
sections internationales
, mises en place par la circulaire
81-594 du 11 mai 1981 et l'arrêté du 11 mai 1981 :
elles sont conçues pour accueillir des élèves
étrangers, représentant 25 à 50 % de leur effectif,
de l'école au lycée, ce qui limite leur plus large diffusion ;
l'équipe pédagogique est constituée d'enseignants
français et étrangers, qui interviennent dans leur langue pour
des enseignements spécifiques en histoire, géographie et
littérature, sur la base de programmes établis de façon
concertée avec les autorités éducatives du pays
concerné...Ces sections préparent notamment à l'option
internationale du baccalauréat, diplôme français qui
sanctionne la scolarité en section internationale.
Elles concernent plus de 10 000 élèves, et sont ouvertes
dans 13 langues (allemand, anglais, américain, arabe, danois, espagnol,
italien, néerlandais, norvégien, polonais, portugais,
suédois, japonais), qui sont toutes proposées au lycée
international de Saint-Germain-en-Laye notamment ;
-
l'enseignement bilingue à parité horaire
(dit
enseignement 13/13) à l'école primaire et au collège, qui
permet aux élèves de recevoir l'enseignement de diverses
disciplines pour la moitié du temps scolaire ;
-
les filières bilingues à profil franco-allemand
qui
préparent à la délivrance simultanée de l'Abitur
allemand et du baccalauréat français (dit Abibac, dans
40 établissements) ; à partir de la seconde, en
filières générales, l'emploi du temps est
renforcé : 6 heures d'allemand et 5 heures d'histoire et
géographie en allemand, avec un programme établi en commun, des
échanges avec un établissement jumelé. Elles peuvent
être suivies, de façon plus renforcée, dans le lycée
bilingue franco-allemand de Buc, « laboratoire de l'éducation
bilingue et biculturelle », qui dispense un enseignement bilingue
intensif et prépare au baccalauréat franco-allemand.
Il faut remarquer la complémentarité de ces dispositifs et les
mettre en synergie, les sections internationales jouant un rôle moteur,
les sections européennes ou bilingues permettant d'étendre au
plus grand nombre le bénéfice d'un enseignement bilingue. Ces
dispositifs doivent
jouer un rôle plus grand dans l'animation des
bassins de formation et des établissements où ils existent, afin
que les ressources et les enseignements qu'ils contiennent soient mieux
exploités.
* 56 séminaire organisé par la DESCO le 12 mars 2002 au Lycée Louis-le-Grand, Paris.