2. Des expériences locales : valoriser les ressources disponibles, la clé du succès

La politique linguistique ne peut être conçue de façon uniforme à Strasbourg ou à Toulouse : la proximité géographique voire les influences géopolitiques ne sauraient lui échapper. Des académies « frontalières » montrent des exemples ambitieux de politiques linguistiques dotées d'une couleur académique spécifique, qui, partant de la valorisation d'un atout local, débouchent sur des stratégies volontaristes et innovantes de revalorisation et de renforcement de l'apprentissage des langues.

a) Une politique académique ambitieuse en Alsace

Déjà saluée dans le précédent rapport, la politique linguistique menée par l'académie de Strasbourg est exemplaire pour la promotion du plurilinguisme. Elle prend appui sur l'atout dialectal local pour revitaliser l'apprentissage de l'allemand, à la fois langue de référence des langues régionales et langue du voisin, ainsi que sur des partenariats actifs avec les acteurs et élus locaux.

De nouvelles étapes ont été franchies pour renforcer l'enseignement des langues, depuis la création, en 1992, des premiers sites bilingues à parité horaire (dit enseignement 13/13), dès l'école maternelle :

- en 2000, a été signée une convention 57 ( * ) entre l'État, le conseil régional et les conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin sur l'enseignement des langues vivantes , mise en annexe au Plan Etat-Région, qui contractualise les objectifs poursuivis et les moyens engagés pour aboutir à la généralisation de l'enseignement extensif de l'allemand d'ici 2006 de la grande section de maternelle au CM2 (3 heures par semaine au lieu de 2) et la possibilité de mener le cursus bilingue jusqu'au baccalauréat (délivrance simultanée du baccalauréat et de l'Abitur).

Cette convention illustre une collaboration entre les acteurs : l'État s'est engagé à recruter et former des enseignants ; quant aux collectivités locales, elles se sont engagées à prendre en charge les surcoûts engendrés par cette évolution, principalement la rémunération des contractuels jusqu'à ce que l'éducation nationale soit en mesure de fournir les enseignants formés ;

- tous les collèges offrent la possibilité aux élèves qui le souhaitent de continuer l'apprentissage de l'allemand et commencer l'apprentissage de l'anglais ou d'une autre langue dès la 6 ème , au sein des « sections trilingues » (qui concernent plus de 18 600 élèves du 2 nd degré de l'académie en 2002) ;

- dans les lycées professionnels, les élèves peuvent préparer dans le cadre des BEP et des Bac Pro une mention régionale « connaissance de l'allemand en formation professionnelle » et se sont vus les premiers proposer des sections européennes en anglais et en allemand ;

- enfin, l'académie veille à constituer un vivier suffisant d'enseignants compétents, alors que leur faible nombre est l'obstacle principal au développement du dispositif : le 12 novembre 2001, le Centre de formation aux enseignants bilingues de l'IUFM d'Alsace , situé à Guebwiller, est inauguré. Il prépare la première génération du concours spécifique de recrutement des professeurs des écoles bilingues, et assure la formation initiale et continue pour les professeurs de disciplines non linguistiques des sections européennes ou bilingues du second degré.

Ce sont autant d'avancées novatrices susceptibles de servir de modèle dans d'autres académies, et pour d'autres langues que l'allemand.

* 57 Convention signée le 18 octobre 2000.

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