4. Dans le sport
a) Le sport à l'école
A l'école, l'éducation physique et sportive peut être dispensée à des classes mixtes, indifféremment par des enseignants hommes ou femmes. Le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche a indiqué, dans ses réponses écrites, que « filles et garçons peuvent être exceptionnellement séparés pour des raisons pédagogiques, lorsque l'hétérogénéité est trop grande entre filles et garçons au regard des possibilités des performances physiques ou des motivations. Ces dérogations restent sous le contrôle du corps d'inspection ».
Du reste, les enseignants d'éducation physique et sportive militeraient généralement en faveur de la mixité de leurs cours. Le ministre de l'éducation nationale a indiqué sur ce point que « s'il existe des difficultés pédagogiques, elles ont été jusqu'ici surmontées sans trop de difficulté ».
Dans un article déjà cité, paru dans la revue Ville Ecole Intégration en 1999 39 ( * ) , Annick Davisse, inspectrice pédagogique régionale-inspectrice d'académie en éducation physique et sportive (EPS), analyse, dans le domaine de l'EPS, les traductions des différences de sexe chez les adolescents au collège. Ses conclusions confirment d'ailleurs, une fois encore, l'absence de réflexion préalable à l'instauration de la mixité à l'école.
Ainsi note-t-elle que « la mixité filles-garçons dans les établissements scolaires conduit souvent à une sorte de neutralité, dans le déni des différences. Ainsi en est-il des différences de sexe, et de leurs traductions subjectives et corporelles, particulièrement à l'adolescence ». En effet, à l'adolescence, les jeunes peuvent éprouver quelques réticences - conduites d'évitement, à la piscine par exemple, en raison de la gêne à exposer son corps, perception de l'image de soi, représentations des statuts masculin et féminin... - mais l'éducation a précisément pour objectif d'aider les jeunes à surmonter ce type de problèmes.
Il convient de rappeler qu'au collège, si les classes de 6 ème et 5 ème restent mixtes à 90 %, une classe sur deux, au moins, est « démixée » à partir de la classe de 4 ème pour les cours d'EPS. Or, note Annick Davisse, « c'est en particulier à ce niveau du système éducatif que s'observe un désengagement des filles dans la plupart des activités sportives, particulièrement en sports collectifs et en athlétisme. Cette distance ne fera que croître au lycée, notamment pour les élèves des classes tertiaires et littéraires ».
Elle estime par ailleurs qu' « il ne faut pas s'étonner de cet engouement masculin et populaire pour le sport, puisque les activités sportives, référence de l'EPS, s'inscrivent, pour l'essentiel, dans l'histoire des hommes. Elles sont, pour une part importante, sous-tendues par des logiques d'affrontement, de défi, d'épreuve. Le vocabulaire guerrier qui accompagne souvent les commentaires sportifs renforce ce marquage de sexe. « Stéréotypes » forgés par les rôles sociaux, certes, mais en domaine de corps ces usages restent fortement emblématiques, et peuvent même constituer l'un des derniers « refuges » des identifications de sexe ».
Cette différenciation « naturelle » pourrait alors conduire, dans l'esprit de certains, à renoncer à la mixité des cours d'EPS.
Il s'agirait alors de sortir d'une « pseudo-mixité » qui, finalement, ignore les filles en ne leur proposant qu'un modèle masculin, mais qui ne serait pas non plus satisfaisante pour les garçons puisqu'elle aboutirait à nier leur désir de se mesurer à l'autre, engendrant alors une violence potentielle. La mixité, finalement, serait un obstacle à l'épanouissement de corps sexués.
Elle aurait également des effets plus nocifs que bienfaisants car elle deviendrait un facteur puissant de la rigidité et de la réclusion dans des rôles. Finalement, elle contribuerait à renforcer les stéréotypes sexués.
* 39 Article intitulé « Elles papotent, ils gigotent » - L'indésirable différence des sexes..., revue Ville Ecole Intégration n° 116, pages 185 à 198, mars 1999.