III. L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET LA RECHERCHE : UN FORT POTENTIEL INTELLECTUEL ET SCIENTIFIQUE CONFRONTÉ AUX DÉFIS D'AVENIR

Préserver l'excellence de ces domaines qui ont longtemps été les meilleurs atouts de la Russie constitue à n'en pas douter un enjeu primordial et la clé de l'avenir du pays. Les autorités actuelles en ont pleinement conscience : après une période de transition très difficile, le Président Poutine a érigé l'éducation et la recherche au rang des priorités du gouvernement.

A. LA LENTE RESTRUCTURATION DU SYSTÈME ÉDUCATIF ET UNIVERSITAIRE RUSSE

1. L'éducation : nouvelle priorité du gouvernement russe, après une période de transition difficile

Le système éducatif russe accueille, en 2003, plus de 20 millions d'élèves et étudiants, dont 2,9 millions dans le système professionnel.

Le haut niveau de formation de sa population est sans conteste l'un des principaux atouts de la Russie pour l'avenir.

De l'époque soviétique, le pays a hérité d'un grand service public de l'éducation, performant (le taux d'alphabétisation atteint 99,6 % en 2004), qui combine la volonté de scolariser l'ensemble de la population sur tout le territoire (scolarisation de masse) et le souci de dégager une élite (former des cadres à haut niveau scientifique et technique).

Ce système a fait preuve d'une capacité de résistance étonnante au cours de la décennie 1990. En effet, l'éducation a été l'une des principales victimes de la transition, du point de vue budgétaire : les dépenses publiques ont chuté de plus de 36 % entre 1991 et 1996. Les personnels, et notamment les enseignants, ont été les premiers à en subir les conséquences (chute du niveau de vie, arriérés de salaires...).

A partir de 1999, le budget alloué à l'éducation a connu un redressement sensible, accéléré à l'automne 2001, quand le Président Poutine a fait de celle-ci une priorité explicite du gouvernement russe.

Une première mesure a consisté en un relèvement du traitement des personnels. Toutefois, la désaffection pour les métiers de l'enseignement, et donc les difficultés de renouvellement des personnels, constituent l'une des menaces les plus préoccupantes pour l'avenir du système éducatif russe. Le faible niveau des salaires en est l'un des principaux facteurs.

En parallèle, la logique de dévolution des compétences a conduit au transfert d'une grande partie des charges sur les collectivités (régions et municipalités). Le budget fédéral ne finance plus que les universités et écoles spécialisées. Les régions ont désormais la responsabilité du financement de l'enseignement scolaire primaire et secondaire (rémunération des enseignants, dépenses de fonctionnement, d'équipement et d'entretien des écoles, des établissements du second degré -y compris les établissements techniques- des écoles d'enseignement artistique et des orphelinats).

Les représentants au Conseil de la Fédération rencontrés par les membres de la délégation ont souligné les aspects positifs de cette décentralisation, pour apprécier les besoins en matière d'enseignement professionnel par exemple. Toutefois, ils n'ont pas dissimulé les craintes de nombre d'opposants à cette réforme : le manque de moyens de certaines régions pourrait constituer une menace sur le réseau actuel d'écoles et d'établissements, et contribuer à accroître les inégalités.

2. L'évolution du paysage universitaire russe

a) Un héritage problématique

L'époque soviétique a marqué le système d'enseignement supérieur russe de plusieurs empreintes :

- une séparation rigide et étanche entre l'enseignement supérieur et la recherche fondamentale , domaine réservé des instituts spécialisés de l'Académie des Sciences ; cela a été pénalisant pour l'enseignement supérieur, dans la mesure où seuls les chercheurs avaient l'autorisation d'accéder aux « bibliothèques réservées », mettant à leur disposition des ouvrages étrangers ;

- le magistère idéologique exercé par le Parti a entravé le développement des sciences humaines et sociales notamment ;

- en l'absence de tutelle ministérielle unique, nombre d'établissements étaient rattachés directement à des ministères sectoriels, pratiquant une politique de recrutement et de formation assez autonome, conditionnée par la planification des activités de leur branche.

La Perestroïka a impulsé un premier processus d'ouverture intellectuelle et de décloisonnement entre enseignement et recherche, poursuivi dans les années 1990 :

- les départements universitaires ont constitué progressivement des équipes de chercheurs ;

- les membres des instituts ont assuré des cours et séminaires à l'université. Ces activités d'enseignement ont représenté, par ailleurs, une source nouvelle de revenu pour les chercheurs, confrontés à la forte diminution des fonds et commandes publics.

b) La lente mutation du secteur de l'enseignement supérieur

La rénovation du système de formation supérieure s'est imposée, de par son rôle clé en matière économique et sociale, comme l'une des priorités du gouvernement russe pour la reconstruction du pays.

La loi fédérale sur l'éducation de 1992, d'inspiration libérale, a marqué une rupture très nette avec l'ancien système.

Le changement principal a concerné l'autonomie, à la fois financière et pédagogique, des établissements. D'abord commandée par la forte baisse des financements publics, celle-ci s'est révélée nécessaire pour adapter les cursus et les enseignements aux besoins nouveaux de la société.

Elle s'est traduite par l'autorisation de créer des structures privées au sein des établissements et par le développement d'un nouveau secteur privé indépendant. Ces nouvelles structures, plus souples, inspirées des expériences étrangères et orientées vers les nouveaux secteurs porteurs (l'économie, le droit, la gestion), ont été un facteur d'innovation pédagogique .

Cette concurrence a joué un rôle moteur pour la rénovation, la démocratisation et la modernisation du secteur, au niveau des méthodes et disciplines enseignées, du renouvellement du contenu de certaines spécialités.

La mise en place de ces nouveaux cursus a bénéficié de l'aide et de la participation de pays étrangers (attribution de bourses, subventions, contrats de recherche, moyens matériels et humains, politique d'expertise et de conseils...). Toutefois, cette emprise des modèles pédagogiques étrangers a pu susciter par ailleurs des réactions de repli.

La création du Haut Collège d'Économie de Moscou (HCE), aujourd'hui considéré comme l'un des établissements les plus prestigieux de Russie dans le domaine de l'économie, est une illustration réussie de ce renouveau du paysage universitaire russe.

LE HAUT COLLÈGE D'ÉCONOMIE DE MOSCOU

Créé officiellement par décision du gouvernement russe en date du 27 novembre 1992, le HCE a été fondé par d'anciens professeurs d'économie de l'Université d'État de Moscou désireux d'enseigner l'économie « différemment », à la façon européenne, et de répondre aux besoins d'expertise du gouvernement.

La France a joué un rôle capital dans la mise en place de cette « nouvelle université », par le biais d'un programme d'aide et de coopération technique pour la structuration des cursus, l'élaboration de la méthodologie d'enseignement, la rédaction de nouveaux manuels et la formation des enseignants. Des professeurs français ont dispensé plus de 1 300 heures de cours et plus de 100 stages ont été organisés pour les enseignants et les étudiants. Cette aide a évolué, au fil du temps, en une coopération privilégiée avec les universités françaises.

Aujourd'hui, le HCE compte 9 facultés et 3 filiales en province. Près de 6 000 étudiants sont inscrits en formation initiale dont plus de 300 doctorants, et 2 000 en formation continue.

La spécificité de cet établissement est sa proximité avec les structures gouvernementales, pour lesquelles il constitue une sorte de « think tank », en dépit d'une diversité d'opinion affichée du corps professoral (qui compte 3 des anciens ministres de l'économie en poste depuis 1991). Les universités plus traditionnelles se montrent plus hostiles à de telles formes de collaboration.

La libéralisation du système d'enseignement supérieur s'est accompagnée d'une forte croissance du nombre d'étudiants :

- en 1993, la Russie comptait 519 établissements d'enseignement supérieur accueillant 2 763 000 étudiants,

- en 2004, on dénombre 1 039 établissements (dont 384 privés) ; ils accueillent 5 947 000 étudiants (719 000 dans les établissements privés).

Les établissements relèvent de trois statuts 11 ( * ) :

- 65 % sont des universités : ce sont les établissements d'excellence, offrant le plus grand nombre de cursus et dont les diplômes sont reconnus à l'étranger ;

- 15 % sont des instituts, qui délivrent des formations plus étroites ;

- 20 % sont des académies, occupant une position intermédiaire.

L'Université d'État de Moscou Lomonossov fait l'objet d'un décret spécifique du Gouvernement, qui lui accorde une très large autonomie. Son recteur ne dépend pas du ministre de l'éducation mais traite directement avec le Président. Son budget fait l'objet d'une ligne distincte.

Selon le recteur de cette prestigieuse université, fondée en 1755, la multiplication du nombre d'établissements ne s'est pas accompagnée d'un contrôle suffisamment rigoureux. A défaut d'un système d'accréditation assez strict, la qualité des formations dispensées est inégale.

3. Des réformes controversées

a) La question de l'instauration d'un « examen national » de fin d'études secondaires

Un « plan de modernisation de l'éducation russe d'ici 2010 », dont la finalité principale est d'aligner le système éducatif russe sur celui en vigueur dans la plupart des pays occidentaux , a été présenté en 1999 par l'ex-ministre de l'éducation, M. Vladimir Filippov.

Son successeur depuis le 9 mars 2004, M. Andreï Foursenko, ministre de l'éducation et des sciences, en a repris les principaux chantiers, mais ces projets se heurtent à de fortes réticences.

Pour l'enseignement secondaire, la réforme concerne notamment :

- l'allongement de la durée de la scolarité obligatoire de 10 à 12 ans ; actuellement, la plupart des écoles russes proposent 11 ans d'études : de fait, les jeunes russes terminent leurs études secondaires à 17 ans, soit un an plus tôt que dans la plupart des autres pays ; cela constitue un obstacle à la coopération, pour établir une équivalence générale des diplômes ;

- la mise en place d'un examen unique fédéral de fin d'études secondaires (l'EGUE) , sur le modèle de notre baccalauréat, qui constituerait un système plus juste que le dispositif existant.

Actuellement, l'« attestation » de fin de cycle secondaire, qui ne présente pas d'unité, ne donne pas accès à l'enseignement supérieur. Selon une logique sélective, chaque université organise son propre concours d'entrée. Elle en définit le programme et le contenu des épreuves (3 ou 4 en général).

Ce système est porteur d'inégalités :

- les étudiants qui obtiennent le meilleur classement bénéficient d'une scolarité gratuite ; les suivants ont la possibilité d'intégrer l'établissement au sein de « classes payantes » ; les droits d'inscription peuvent varier de 1 000 à 8 000 dollars par an, selon la renommée de l'établissement et l'attractivité de la spécialité ; le tiers des étudiants du Haut Collège d'Économie de Moscou suivent une scolarité payante (de l'ordre de 5 000 dollars par an), ce qui représente environ le quart du budget de l'établissement ;

- la préparation des concours d'entrée renforce ces inégalités, suscitant parfois un phénomène de corruption (des cours particuliers -donnés de préférence par le président du jury d'entrée- à l'achat de l'accès, vieille tradition remontant à l'époque soviétique) ; de plus, depuis quelques années, des établissements ouvrent des formations payantes de préparation des concours ou des cours du soir, qui peuvent être très onéreux pour les familles, mais qui assurent le succès pour les inscrits...

Les établissements d'enseignement supérieur ont ainsi trouvé de nouvelles sources de financement, dans un contexte de forte diminution des subventions publiques.

C'est pourquoi la perspective de voir, à terme, l'examen national se substituer aux concours d'entrée spécifiques suscite une vive opposition de l'Union des recteurs des universités de Russie (l'équivalent de notre Conférence des Présidents d'Université), présidée par M. Viktor Sadovnitchi, recteur de l'Université d'État de Moscou Lomonossov.

Ce dernier souhaite que l'examen unique, perçu comme une restriction de la marge d'initiative des universités pour recruter leurs étudiants, soit complété par une épreuve d'entrée propre à chaque université.

LES MODALITÉS DE L'EXAMEN UNIQUE

L'EGUE a été mis en place de façon expérimentale dans 8 régions à la rentrée 2000, puis dans 16 à la rentrée 2001.

Il consiste en 5 épreuves : 2 matières imposées (le russe et les mathématiques) et 3 matières au choix, selon le profil du candidat et les universités recherchées.

Contrairement à la pratique actuelle, les élèves -263 000 en juin 2002- passent les épreuves hors de leur établissement, la correction étant assurée par un jury composé d'enseignants, mais aussi de parents d'élèves, de responsables des administrations locales et de représentants d'autres secteurs, afin de limiter les possibilités de corruption.

A terme, le résultat à l'EGUE déterminera le niveau d'aide financière accordée par l'État aux étudiants, de la gratuité pour les meilleurs au paiement plein tarif pour les moins bons. L'introduction du « système des obligations nationales financières individuelles » est censée éviter la corruption au sein des établissements d'enseignement supérieur pour la préparation des concours d'entrée. Une bourse d'études sera versée directement par le ministère sur le compte du futur étudiant, ouvert dans son université d'accueil.

b) L'intégration de la Russie dans l'Espace européen de l'enseignement supérieur : entre désir d'ouverture et réticences

Le 17 septembre 2003, à Berlin, avec le soutien actif de la France, la Russie a adhéré au « processus de Bologne » . Lancé par la déclaration commune signée le 19 juin 1999 par 29 ministres européens de l'éducation réunis à Bologne, ce processus associe désormais 40 États.

Il vise à faire converger les systèmes nationaux d'enseignement supérieur vers un cadre commun plus transparent, comparable et compatible, afin d'encourager la mobilité des citoyens. L'objectif est de bâtir, d'ici à 2010, un Espace européen de l'enseignement supérieur attractif et compétitif vis-à-vis du reste du monde.

LA DÉCLARATION DE BOLOGNE : 6 ACTIONS PRIORITAIRES

« 1. Adoption d'un système de diplômes facilement lisibles et comparables, entre autres par le biais du « supplément au diplôme » (document joint à un diplôme d'études supérieures pour faciliter la reconnaissance internationale des qualifications, aux niveaux académique et professionnel)

2. Adoption d'un système qui se fonde essentiellement sur deux cursus , avant et après la licence (le 1 er cycle, d'une durée d'au moins trois ans, approprié pour l'insertion sur le marché du travail, se poursuit par un cycle de Master) ; depuis la conférence de Berlin, le cycle doctoral est désormais intégré au processus de Bologne , en vue de favoriser la mobilité des doctorants et des chercheurs et d'accroître l'interaction entre l'Espace européen de l'enseignement supérieur et l'Espace européen de la recherche.

3. Mise en place d'un système de crédits -comme celui du système ECTS (système européen d'accumulation et de transfert de crédits)- comme moyen approprié pour promouvoir la mobilité des étudiants

4. Promotion de la mobilité pour les étudiants, les enseignants, les chercheurs et les personnels administratifs

5. Promotion de la coopération européenne en matière d'évaluation de la qualité

6. Promotion de la dimension européenne dans l'enseignement supérieur. »

(1) Les enjeux de l'adaptation des cursus au modèle « LMD »

L'adaptation du système d'enseignement supérieur russe à la nouvelle structure des cursus universitaires, conformément au modèle « LMD » (Licence-Master-Doctorat), constitue l'un des principaux chantiers de réforme de l'université russe pour les années à venir.

L'accueil est très partagé :

- le recteur de l'Université d'Etat de Moscou Lomonossov est le chef de file de l'opposition au LMD, au nom de la sauvegarde des spécificités nationales et de la défense de la tradition d'excellence de l'enseignement supérieur russe, face aux craintes de nivellement par le bas ;

- à l'inverse, les recteurs du Haut Collège d'Économie de Moscou ou de l'Université d'État de Saint-Pétersbourg, perçoivent l'intégration de la Russie dans l'espace européen de l'enseignement supérieur comme une chance et un défi incontournable pour l'avenir de leurs établissements.

L'ORGANISATION DES CURSUS D'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR EN RUSSIE

Dans la mesure où les étudiants russes entrent à l'université à 17 ans, il n'y a pas une stricte équivalence avec les diplômes de la plupart des autres pays occidentaux.

Certains établissements préparent à un diplôme de « Spécialiste » qui correspond à 5 ans d'études supérieures, de niveau maîtrise (bac +4).

La plupart des universités proposent un cursus en 3 cycles :

- la préparation du « Bakalavrat » (en 4 années d'études) ;

- la préparation du « Magistratura » (diplôme obtenu après 6 années d'études) ;

- les étudiants peuvent ensuite préparer une thèse, en 3 ans de « Kandidatura ».

Les étudiants peuvent interrompre au bout de deux ans leurs études et obtenir une « attestation d'études supérieures inachevées ».

En outre, en raison de la durée et de la forte spécialisation des cursus, liées au caractère fondamental et élitiste des formations supérieures russes, une originalité du système russe connaît actuellement un développement rapide : les établissements offrent la possibilité de délivrer, en deux ans, un second diplôme « complémentaire », dans une discipline différente du premier diplôme obtenu (par exemple un diplôme d'économie pour des juristes). Ces formations, payantes, constituent une autre ressource financière pour les universités.

Enfin, pour les étudiants n'intégrant pas les universités généralistes, il existe des instituts techniques (la majorité sont aujourd'hui privés). Toutefois, le manque de formations professionnelles de type intermédiaire -l'équivalant de nos brevets de techniciens supérieurs (BTS) ou diplômes universitaires de technologie (DUT)- est un problème crucial pour la Russie, alors que les besoins de l'économie sont importants.

(2) La coopération avec l'Europe : une voie pour la modernisation de l'enseignement supérieur russe

Pierre angulaire des relations entre l'Union européenne et la Russie, l'Accord de partenariat et de coopération (APC) signé en 1994, et entré en vigueur le 1 er décembre 1997, définit les principes généraux de la coopération dans le domaine de l'enseignement supérieur :

- l'amélioration de l'organisation du système d'enseignement supérieur et de formation professionnelle russe,

- l'encouragement à la coopération interuniversitaire ainsi qu'au dialogue entre universités et entreprises,

- l'aide à la mobilité des étudiants, des chercheurs et scientifiques,

- la promotion de l'enseignement à distance et le recours aux nouvelles technologies,

- l'apprentissage des langues européennes et la connaissance de l'Europe.

Par ailleurs, lors du Sommet de Saint-Pétersbourg de mai 2003, l'Union européenne et la Russie ont décidé de mettre en place quatre espaces communs, parmi lesquels un « espace commun de recherche et d'éducation » .

La mise en oeuvre de ces objectifs relève d'un instrument spécifique : le programme Tempus , étendu à la Russie en 1993, qui en est à sa 3 e phase (2000-2006). Son objectif est de contribuer non seulement à la modernisation du système d'enseignement supérieur russe (l'adaptation du contenu des enseignements dispensés, la mise en place d'outils de gestion plus performants, etc) mais également au renforcement de la société civile, à la promotion de la démocratie et à l'approfondissement du dialogue interculturel.

Il permet de financer l'octroi de bourses de mobilité individuelle et de soutenir des Projets européens communs (PEC).

Il ressort de l'évaluation à mi-parcours de l'exécution de Tempus III par la Commission européenne que les ambitions de ce programme se heurtent à des limites financières et des difficultés de mise en oeuvre : seuls 150 établissements se sont portés candidats (contre 105 en 2000), et très peu d'actions ont été réalisées (entre 15 et 20 les premières années, de l'ordre de 25 actuellement) ; la majorité ont concerné des établissements des deux villes principales, mais la collaboration commence à s'étendre aux universités de province (l'Université de Nijni-Novgorod avec les universités de Paris VI et de Grenoble, l'Université d'Irkoutsk avec celle de Lille).

Le Conseil économique et social 12 ( * ) regrette ainsi que « le nombre de programmes retenus, sans rapport avec les dimensions du pays, et l'hétérogénéité de leurs contenus n'ont donc pas rendu possible une mutualisation des résultats, ni entraîné l'effet de système et la dynamique créatrice espérés. A de rares exceptions près, l'impact de chaque projet reste local, si ce n'est même limité à la seule université bénéficiaire lorsqu'il existe d'autres établissements bénéficiaires dans la même ville. Enfin, conditionnés par une vieille tradition centralisatrice, les établissements attendent trop souvent, pour s'engager, un aval ministériel indécis et peu pertinent au lieu de faire prévaloir leur autonomie de décision. »

* 11 Leurs spécificités ont été définies par un décret du 5 avril 2001

* 12 « Les relations entre l'Union européenne et la Fédération de Russie », rapport présenté par M. Lucien Bouis, 2004.

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