Un accroissement de la recherche interdisciplinaire

Les équipes de chercheurs français se situent aujourd'hui parmi les meilleures du monde en matière de recherche fondamentale sur l'obésité.

Cette position doit être maintenue et accrue par la mise en place de programmes de recherche favorisant l'interdisciplinarité, c'est-à-dire comprenant des spécialistes des sciences humaines et sociales, et s'orientant vers la connaissance des déterminants et des conséquences de la maladie. L'objectif serait de renforcer le lien, aujourd'hui trop ténu, entre recherche, actions de terrain et évaluation. A cet égard, l'établissement d'un plan stratégique de recherche spécifique sur l'obésité, sous l'égide de l'Agence nationale de la recherche, rassemblant des chercheurs de disciplines différentes, comme cela a récemment été préconisé aux Etats-Unis, mérite d'être considéré.

Parallèlement, le financement d'études épidémiologiques sur la situation nutritionnelle de la population et la réalisation d'un état des lieux précis du dépistage de l'obésité et de l'accès aux soins permettra de renforcer les actions de surveillance sanitaire .

Enfin, une meilleure connaissance de la maladie devra aussi permettre l'amélioration de la prise en charge des personnes obèses et de la qualité des soins qui leur sont fournis. Mais si l'acquisition d'équipements médicaux adaptés ou la formation des professionnels de santé paraissent être des priorités, la recherche « pluridisciplinaire » devra aussi suggérer les pistes d'une meilleure intégration des « gros » dans la société.

Un pilotage mieux affirmé de la politique de lutte contre l'obésité

Le Plan national nutrition-santé (PNNS), dans sa forme actuelle, est organisé au niveau interministériel. Dans les faits, cependant, le ministère de la santé en est le principal moteur.

Toutefois l'impossibilité, pour le ministère de la santé, de faire face à l'ensemble des missions, dont certaines ne sont d'ailleurs pas de son ressort direct, a nui à l'efficacité du PNNS, dont les résultats positifs sont essentiellement liés à la réussite d'initiatives locales et ciblées.

C'est pourquoi, il serait justifié que ce programme soit désormais rattaché directement au Premier ministre . Plusieurs raisons militent en faveur d'un tel positionnement, similaire à celui décidé il y a quelques années pour les instances de lutte contre l'alcoolisme :

- établir le PNNS comme « cause nationale » ;

- renforcer la cohérence des actions menées par les différents acteurs institutionnels et locaux et, plus généralement, la cohérence des politiques nationales. L'exemple le plus manifeste est celui des interactions délicates entre une politique nutritionnelle équilibrée et la politique agricole (comme en témoigne par exemple la campagne en cours en faveur du sucre) ;

- mettre en oeuvre plus efficacement les recommandations édictées par les instances sanitaires et les règlements disponibles : leur application aurait des conséquences non négligeables, par exemple en matière de restauration scolaire ;

- garantir la continuité des actions et la pérennité des financements correspondants sur une durée suffisamment longue pour produire des effets durables ;

- évaluer régulièrement les résultats du PNNS en disposant de l'ensemble des données nécessaires ; l'évaluation des actions engagées est en effet indispensable pour vérifier l'efficacité de la politique menée et mesurer les éventuels effets pervers des mesures mises en oeuvre.

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La lutte contre l'obésité est une entreprise difficile car elle nécessite d'agir à la fois sur les comportements et sur l'organisation de la société elle-même.

Elle constitue aujourd'hui une priorité affirmée de la politique de santé publique. Elle doit devenir demain une priorité de l'ensemble des politiques publiques, afin d'assurer une meilleure cohérence et une plus grande efficacité des actions de prévention.

A défaut de pouvoir éradiquer la maladie, nous devons en effet rechercher aujourd'hui tous les moyens de limiter sa progression. Dans cet objectif, le débat sur le projet de loi sur le financement de la sécurité sociale pour 2006 sera l'occasion de proposer les mesures législatives susceptibles d'y contribuer.

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