b) La réparation intégrale offerte par le FIVA

Le FIVA a pour mission d'assurer la réparation intégrale du préjudice supporté par les personnes ayant obtenu la reconnaissance d'une maladie professionnelle causée par l'amiante ou qui ont été directement exposées à l'amiante en France.

Le principe de la réparation intégrale consiste à indemniser la victime de manière à la replacer dans l'état où elle se serait trouvée si le dommage ne s'était pas produit . En conséquence, doivent être pris en compte :

- les préjudices patrimoniaux (ou économiques) : indemnisation de l'incapacité fonctionnelle, du préjudice professionnel (perte de gains) et de tous les frais induits par la pathologie laissés à la charge de la victime ;

- les préjudices extrapatrimoniaux (ou personnels) : préjudice moral et physique, préjudice d'agrément, préjudice esthétique.

Dans 95 % des cas, les victimes de l'amiante sont reconnues atteintes de maladie professionnelle et bénéficient donc d'une prise en charge par la branche AT-MP. Dans ce cas, le FIVA fait la somme des préjudices au titre de la réparation intégrale, puis en déduit l'ensemble des sommes versées par la sécurité sociale.

S'il n'y a pas eu reconnaissance de maladie professionnelle, le FIVA accorde l'indemnisation si la maladie dont est atteinte la victime figure sur une liste établie par arrêté des ministres chargés du travail et de la sécurité sociale. A défaut, il est encore possible d'obtenir une indemnisation si le lien entre la maladie et l'exposition à l'amiante est reconnu par la commission d'examen des circonstances d'exposition à l'amiante 55 ( * ) .

Le montant de l'indemnisation est évalué à l'aide d'un barème indicatif , qui vise à favoriser un traitement égal de l'ensemble des demandes. Il n'est qu'indicatif, dans la mesure où, dans un système de réparation intégrale, il est nécessaire de prendre en compte de manière spécifique les préjudices de chaque victime. Une offre d'indemnisation ne peut donc résulter de l'application automatique d'un barème.

Deux critères déterminants sont utilisés pour évaluer le montant de l'offre d'indemnisation :

- la pathologie dont est atteinte la victime et son degré de gravité mesuré suivant un barème médical d'incapacité ;

- l'âge de la victime au moment de la constatation du dommage.

Pour fixer l'indemnisation de l'incapacité fonctionnelle, le FIVA détermine d'abord un taux d'incapacité à partir d'un barème médical indicatif. Ce barème médical prend en compte les caractéristiques des différentes pathologies associées à l'amiante. Puis le montant de l'indemnisation est calculé en affectant une valeur de point au taux d'incapacité. La valeur du point n'est pas proportionnelle au taux d'incapacité mais évolue de manière progressive ( cf. tableau ). L'indemnisation est, en principe, servie sous forme de rente dès lors que son montant annuel est d'au moins 500 euros.

(en euros)

Taux d'incapacité

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

Rente FIVA (valeur 2004)

406

855

1.346

1.880

2.457

3.077

3.739

4.445

5.193

5.983

Taux d'incapacité

55

60

65

70

75

80

85

90

95

100

Rente FIVA

6.817

7.693

8.611

9.573

10.577

11.624

12.714

13.817

15.022

16.240

Source : FIVA

Après avoir pris en compte les autres préjudices patrimoniaux, le FIVA évalue le préjudice personnel :

- le préjudice moral représente la composante principale de l'indemnisation extrapatrimoniale et tient compte de l'impact psychologique des pathologies, en fonction de leur gravité et de leur évolution probable ;

- pour l'évaluation du préjudice physique (douleur), le barème définit une valeur de référence suivant la gravité de la pathologie, puis l'indemnisation peut être modulée en fonction de l'état de santé de la personne ;

- le préjudice d'agrément est évalué selon la même méthode que le préjudice physique et une modulation est opérée en fonction du retentissement de la pathologie sur les activités pratiquées par le malade ;

- le préjudice esthétique est évalué au cas par cas en fonction des constatations médicales (amaigrissement extrême, cicatrices, recours à un appareillage respiratoire, etc.).


Quelques exemples d'indemnisation

Les valeurs de référence suivantes peuvent être données à titre d'exemples* :

S'agissant d'une plaque pleurale, l'indemnisation est de l'ordre de 22.000 euros à 60 ans pour un taux d'incapacité de 5 %.

Age

45

50

55

60

65

70

75

80

85

Incapacité

7.850

7.282

6.654

5.959

5.207

4.402

3.561

2.717

1.960

Extra patrimonial

20.995

19.479

17.800

15.940

13.929

11.776

9.526

7.269

5.242

Total (arrondi)

29.000

27.000

24.000

22.000

19.000

16.000

13.000

10.000

7.200

S'agissant d'une asbestose, l'indemnisation est de l'ordre de 30.000 euros pour une personne de 60 ans affectée d'un taux d'incapacité de 10 %.

Age

45

50

55

60

65

70

75

80

85

Rente annuelle servie à la victime

16.529

15.335

14.013

12.549

10.966

9.271

7.499

5.723

4.127

Extra patrimonial

22.764

21.120

19.300

17.283

15.103

12.768

10.328

7.881

5.684

Total (arrondi)

39.000

36.000

33.000

30.000

26.000

22.000

18.000

14.000

10.000

Pour les mésothéliomes et les cancers graves, le malade reçoit une rente d'incapacité de 16.240 euros par an, ainsi que l'indemnisation des préjudices extrapatrimoniaux. Le tableau suivant décrit l'indemnisation que la victime est susceptible de percevoir dans l'hypothèse d'un décès deux ans après la découverte de la maladie :

Age

45

50

55

60

65

70

75

80

85

Extra patrimonial

150.000

139.000

127.000

114.000

100.000

84.200

68.200

52.000

37.500

Montant capitalisé de la rente annuelle servie à la victime

32.480

32.480

32.480

32.480

32.480

32.480

32.480

32.480

32.480

Total indemnisation de la victime (arrondi)

182.000

171.000

159.000

146.000

132.000

117.000

101.000

84.000

70.000

Pour les cas de cancer ayant bénéficié d'un traitement chirurgical, l'indemnisation est fonction des séquelles post-opératoires et du retentissement fonctionnel, ainsi que du préjudice moral, toujours élevé. Elle peut ainsi varier dans une fourchette qui permet de prendre en compte les situations individuelles et qui peut être dépassée dans les cas les plus graves.

Age

45

50

55

60

65

70

75

80

85

Préjudice moral

35.503

32.939

30.100

26.954

23.555

19.913

16.108

12.292

8.865

Préjudice physique et d'agrément (fourchette)

3.538

à 329.429

3.283

à 27.303

3.000

à 24.950

2.686

à 22.342

2.348

à 19.525

1.985

à 16.506

1.605

à 13.352

1.225

à 10.189

884

à
7.348

Préjudices extrapatrimoniaux (fourchette)

39.041 à 64.931

36.222 à 60.243

33.100 à 55.050

29.641 à 49.296

25.902 à 43.079

21.898 à 36.419

17.713 à 29.460

13.517 à 22.480

9.748 à 16.213

Incapacité pour les 5 premières années

61.200

61.200

61.200

61.200

61.200

61.200

61.200

61.200

61.200

Total indemnisation (fourchette et hors IPP après 5 ans) borne basse

100.200
à 126.100

97.400
à 121.400

94.300
à 116.300

90.800
à 110.500

87.100
à 104.300

83.100
à 97.600

78.900
à 90.700

74.700
à 83.700

70.900
à 77.400

En cas de préjudice esthétique, l'indemnisation est fonction du préjudice subi et varie habituellement entre 500 et 8.000 euros.

* Les montants indiqués dans les tableaux ne portent que sur l'indemnisation de l'incapacité et les préjudices moral, physique et d'agrément. Les autres préjudices (esthétique, perte de revenu, frais non couverts par la sécurité sociale) dépendent de l'évaluation concrète de chaque dossier.

Source : FIVA

En cas d'aggravation de l'état de la victime, l'indemnisation peut être révisée et majorée. En cas de décès, le FIVA indemnise les ayants droit de la victime, au titre du préjudice économique et du préjudice moral. La qualification d'ayant droit dépend de l'existence d'une relation de proximité affective avec la victime.

* 55 Prévue par l'article 7 du décret du 23 octobre 2001, cette commission est composée de cinq personnes : un président, nommé par arrêté conjoint des ministres en charge de la sécurité sociale, de la justice et du budget, deux personnes ayant des connaissances particulières dans l'appréciation du risque lié à l'amiante et deux médecins spécialistes ou compétents en pneumologie ou en médecine du travail possédant des connaissances particulières dans le domaine des pneumoconioses (maladies pulmonaires causées par l'inhalation prolongée de poussières).

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