ANNEXE 1 - LA PROGRESSION DE L'EPIDÉMIE DE CHIKUNGUNYA A LA RÉUNION

(Données issues du rapport de la mission de recherche sur le chikungunya -
14-17 février 2006 -
Ministère de la santé et des solidarités et
Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche)

ANNEXE 2 - LES INTERVENTIONS DES PARLEMENTAIRES RÉUNIONNAIS

octobre 2005

Anne-Marie Payet rencontre le directeur de cabinet de Xavier Bertrand, ministre de la santé et des solidarités. Un premier train de mesures est annoncé.

10 novembre 2005

Gélita Hoarau alerte les autorités sur la situation sanitaire de la Réunion.

19 janvier 2006

Jean-Paul Virapoullé pose une question écrite sur la lutte anti-moustique ; Gélita Hoarau pose une question orale sur le chikungunya.

26 janvier 2006

Anne-Marie Payet pose une question d'actualité au Gouvernement sur l'efficacité des services de l'Etat face à l'épidémie ; René-Paul Victoria demande au Gouvernement de mettre en place une mission d'évaluation de l'impact économique du chikungunya.

16 février 2006

Gélita Hoarau pose une question orale au Gouvernement sur les mesures qu'il entend prendre face à l'ampleur de l'épidémie.

21 février 2006

Bertho Audifax interroge le Gouvernement sur la situation sanitaire de la Réunion.

23 février 2006

Anne-Marie Payet pose à nouveau une question d'actualité au Gouvernement sur ce dossier.

24 février 2006

Une mission d'enquête parlementaire est confiée à Bertho Audifax par la commission des Affaires culturelles, sociales et familiales de l'Assemblée nationale.

28 février 2006

Bertho Audifax pose une question d'actualité au Gouvernement. 6 ( * )

1 er mars 2006

Communication d'Anne-Marie Payet et de Gélita Hoarau devant la commission des Affaires sociales du Sénat.

ANNEXE 3 - LE PLAN DU GOUVERNEMENT POUR LUTTER CONTRE LE CHIKUNGUNYA

8 février 2006

EPIDÉMIE

Une importante épidémie de chikungunya sévit actuellement dans l'Océan indien. Elle a débuté aux Comores en février 2005 pour atteindre la Réunion fin mars 2005. Après un premier pic en mai 2005, l'épidémie a repris nettement en novembre dernier et connaît une recrudescence exponentielle depuis la mi-décembre : plusieurs dizaines de milliers de Réunionnais (de l'ordre de 7% de la population) ont contracté la maladie depuis le début de l'épidémie et elle progresserait actuellement à raison de 15.000 nouveaux cas hebdomadaires environ. Apparue à Mayotte en mars 2005, elle s'y est réinstallée depuis janvier 2006 et progresse rapidement.

Cette maladie, proche de la dengue, est transmise par les moustiques aedes qui se multiplient particulièrement pendant l'été austral et se concentrent dans les zones urbanisées. Elle se révèle pénible et souvent très invalidante ; elle provoque des douleurs articulaires pouvant durer de longs mois. Aucun vaccin ni traitement curatif spécifique ne sont aujourd'hui disponibles. Des cas de complication médicale et quelques formes graves (notamment neuro-méningées) ont été rapportés chez des personnes fragiles (personnes âgées, personnes atteintes de maladies chroniques) et des nouveau-nés suite à des transmissions materno-foetales.

Un plan de lutte, mis en place sous l'autorité du préfet de la Réunion, a été régulièrement renforcé et augmenté de moyens supplémentaires délégués par le ministère de la santé à partir d'octobre 2005. Le 9 décembre, les ministres chargés de la santé et de l'outre-mer ont lancé une mission d'expertise coordonnée par l'Inspection générale des affaires sociales avec l'appui d'agences d'expertise nationales (AFSSET, InVS et IRD). Cette mission a rendu le 26 janvier ses recommandations pour guider l'action de l'Etat en matière de surveillance épidémiologique, de lutte antivectorielle, d'information et de communication.

Face à l'explosion récente de l'épidémie, un renforcement de l'action s'est avéré nécessaire. Suite au déplacement sur place du Directeur Général de la Santé et du Directeur de l'Institut de Veille Sanitaire, puis du ministre de la santé et des solidarités fin janvier, le gouvernement a adopté un plan de lutte contre le chikungunya qui comprend six axes :

LES SIX AXES DU PLAN GLOBAL DE LUTTE

1. La lutte contre le moustique

La préfecture de la Réunion a d'ores et déjà organisé 20 brigades de 15 hommes pour lutter contre le moustique. Il s'agit désormais de déployer des moyens humains et matériels exceptionnels complémentaires :

Les moyens en place seront considérablement renforcés dans les prochains jours : d'ici le 20 février, plus de 3.600 hommes seront ainsi engagés sur le terrain . 300 militaires et 77 cadres de la sécurité civile seront envoyés de métropole en renfort des équipes locales. Ils formeront des équipes associant les personnels de l'Etat, des personnels en contrats aidés des collectivités territoriales, les forces armées et la sécurité civile, sous l'entière conduite de l'Etat.

Effectifs en place au 20 février

Lutte antivectorielle

Médiation

Encadrement / soutien

Total

Forces armées de la zone sud de l'Océan indien

252

-

42

294

Militaires Métropole

282

-

20

302

4è Régiment du service militaire adapté

218

-

8

226

Sécurité civile

-

-

77

77

Service départemental d'incendie et de secours

108

-

25

133

Conseil Général (contrats d'avenir)

500

-

-

500

Conseil régional (emplois verts)

840

-

54

894

DRASS

-

-

57

57

Communes (emplois aidés)

480

700

-

1 180

TOTAL

2 680

700

283

3 663

Un nouveau protocole de lutte contre les moustiques a été élaboré par un expert de la « lutte anti-vectorielle », du Conseil général de la Martinique, spécialement dépêché sur place depuis le 31 janvier. Il prévoit des actions prioritaires d'élimination des gîtes artificiels de ponte (tout réceptacle d'eau de pluie), de traitement des larves et enfin de démoustication.

Ce plan permettra d'intervenir systématiquement dans l'intégralité des 240.000 foyers concernés de l'île sur un mois et demi, en plusieurs passages. Ensuite, chaque nouveau signalement de cas déclenchera un traitement ciblé.

Un passage hebdomadaire systématique est prévu dans les écoles le samedi, en l'absence des élèves.

La lutte contre les moustiques est réalisée dans des conditions de protection sanitaire de la population et des intervenants : Les solutions de destruction mécanique des gîtes de larves seront privilégiées. Le choix des insecticides a été réévalué afin de minimiser les conséquences possibles sur la santé et l'environnement : il emploie notamment des larvicides biologiques tout en gardant un usage des différents produits habituels, afin d'éviter le développement de résistances.

Le protocole d'emploi des insecticides intègre les recommandations de protection des personnes établies début février par le « réseau de toxicovigilance » coordonné par l'Institut de veille sanitaire et intégrant les centres anti-poison et l'agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail. Un responsable sanitaire et environnemental est placé auprès de la DRASS et du préfet.

Un suivi est effectué en continu par la DRASS par des relevés entomologiques afin de vérifier l'efficacité des actions et d'ajuster éventuellement les traitements.

Une surveillance sanitaire de la population et environnementale est organisée par l'Etat (DIREN, DRASS, DDCCRF et CIRE). L'Institut de veille sanitaire élabore un protocole de suivi des conséquences de l'emploi des insecticides. La médecine du travail exerce un suivi médical des équipes civiles intervenant sur le terrain, notamment en effectuant des analyses de cholinestérase chez les personnes ayant à manipuler des produits organophosphorés.

Par ailleurs, le préfet a engagé en lien avec les collectivités une opération de salubrité de l'île . Il s'agit de supprimer les dépôts de déchets qui constituent des gîtes artificiels de moustiques :

• Des campagnes de sensibilisation des habitants ont commencé : leur implication personnelle est essentielle pour supprimer tous les réceptacles artificiels d'eau de pluie à proximité des maisons ;

• Le préfet a lancé un plan de ramassage et d'élimination des déchets, notamment des déchets verts, verreries, emballages et encombrants ;

• Le préfet a lancé une opération de résorption - d'ici fin février - des 200 décharges sauvages recensées sur l'Ile, avec un financement de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.

2. L'information de la population et des professionnels

Un nouveau plan de communication a été élaboré par un expert de l'Institut de prévention et d'éducation pour la santé (INPES), envoyé à La Réunion du 17 au 20 janvier. Le plan prévoit une première phase sur les mois de janvier à mars et une deuxième pendant l'hiver austral :

- Une série de spots télévisés, radios, d'encarts presse et d'affichages informent, depuis janvier et jusqu'au 31 mars, les Réunionnais et les Mahorais sur la maladie (voies de contamination, effets de la maladie et prise en charge médicale), sur les moyens individuels de protection (moustiquaires, répulsifs...) et sur la manière d'éliminer les lieux de ponte à domicile. Les publics sensibles (personnes âgées, femmes enceintes et jeunes enfants) sont invités encore plus spécifiquement à se protéger. Une distribution spéciale de flyers a été faite dans les écoles à la rentrée le 6 février ;

- Les habitants peuvent poser leurs questions au numéro vert « chikungunya » (0800 110 000) qui fonctionne 7j/7 avec des horaires élargis (7h30-19h) à partir du 8 février. Des médecins seront associés à ce service ;

- Des publications professionnelles informent les professionnels de santé sur la prise en charge médicale : une édition spéciale du bulletin épidémiologique spécial de l'Institut de veille sanitaire a été publiée le 31 janvier et un document de synthèse « repères pour votre pratique » sera diffusé prochainement par l'INPES aux médecins ;

- Les voyageurs sont informés sur la maladie et les moyens de protection par les voyagistes, les centres de conseils aux voyageurs, le site Internet des ministères de la santé et du tourisme et celui de l'Institut de veille sanitaire.

Le ministre délégué au tourisme réunira les professionnels du tourisme ce mercredi 8 février pour évoquer ce sujet.

3. La prise en charge sanitaire et médicosociale :

Le renforcement des capacités de prise en charge médicale :

Les professionnels de santé fournissent actuellement un effort très important pour prendre en charge les malades. L'intensification de l'activité hospitalière a conduit fin janvier certains hôpitaux à s'organiser spécialement pour accueillir les malades du chikungunya. 65 lits supplémentaires ont été ouverts et 100 peuvent encore l'être en fonction des besoins.

L'Etat soutient les professionnels de santé et souhaite prévenir toute difficultés dans l'organisation des soins par :

- l'appel à des équipes de renforts venues de métropole. Une rotation est organisée pour que 30 infirmières et 20 médecins soient présents en permanence en soutien des équipes locales. Un renfort se met en place pour Mayotte sur la base de 10 infirmières et 6 médecins ;

- l'envoi depuis le 30 janvier de matériel d'appoint, notamment pédiatrique, pour anticiper toute situation de pénurie de matériel médical,

- des réunions des professionnels de santé organisées dans chaque sous-préfecture à partir du 6 février pour les informer le plus complètement possible sur la maladie et pour leur faire partager les expériences acquise dans la prise en charge des malades, et spécialement au sujet des femmes enceintes à l'approche du terme.

Des actions spécifiques pour aider les personnes fragiles : personnes âgées isolées, en situations précaires, nouveau-nés :

Le Conseil général et l'Etat organisent un soutien pour venir en aide aux personnes âgées isolées, aux personnes en situations précaires (ouvertures de centres d'accueil) et aux femmes enceintes. Des kits anti-moustiques leur sont distribués. Des moustiquaires de berceau seront mises à disposition des parents de nouveau-nés à la sortie des maternités.

4. Le renforcement de la surveillance et le développement de recherches sur les maladies émergentes :

4-1 La surveillance

La surveillance épidémiologique bénéficie des renforts suivants :

- le réseau de « médecins sentinelles » a été élargi dès le 1 er février à 45 médecins répartis dans toute l'île et chargés de signaler les cas de chikungunya ;

- la cellule interrégionale d'épidémiologie a été renforcée par un médecin épidémiologiste

- les capacités d'analyses biologiques installées à la Réunion tant pour les sérologies du chikungunya que pour la surveillance biologique des personnels de désinsectisation sont réévaluées régulièrement.

Un expert entomologiste (spécialiste de la surveillance et de la lutte contre les moustiques) est missionné à La Réunion ces jours ci. Outre son assistance pour la mise en place des actions de lutte antivectorielle, il élabore un programme de surveillance des moustiques, et notamment de leurs résistances aux insecticides.

La DIREN de la Réunion met en place un programme de surveillance environnementale de la faune et de la qualité des eaux afin d'identifier les éventuels impacts indésirables des insecticides et de les corriger. L'INERIS lui fournit un appui technique. La surveillance de la qualité des produits alimentaires est exercée par la DDCCRF.

4-2 La recherche :

Les ministères de la recherche et de la santé ont mobilisé les capacités nationales de recherche sur le chikungunya dans le but de travailler en particulier sur :

- la virologie . Ils ont fait appel à ce sujet au centre national de référence sur les « arbovirus » de Lyon et au laboratoire associé de l'Institut militaire de médecine tropicale du service de santé des armées à Marseille.

- le traitement de la douleur, la prise en charge des femmes enceintes et la connaissance des éventuelles formes atypiques de la maladie . En matière de recherche clinique et thérapeutique, les projets que développent les équipes hospitalières locales seront soutenues dans le cadre de l'axe « maladies infectieuses émergentes » du Programme hospitalier de recherche clinique du ministère de la santé. Des médecins de La Réunion préparent activement des propositions de recherche dans ce sens ;

- le moustique, vecteur de maladie , avec l'Institut de recherche et de développement (IRD) ;

- les maladies émergentes de manière générale : le ministère de la Recherche mobilise les organismes de recherche, INSERM, IRD, CIRAD, Institut Pasteur) et d'enseignement supérieur sur les maladies émergentes, en s'appuyant notamment sur le tissu scientifique régional.

Dans quelques jours, une mission de trois chercheurs (en santé publique, virologie, et entomologie) se rendra à la Réunion.

Ils rendront compte aux ministres de la recherche et de la santé des possibilités complémentaires de recherche.

5. Aspects économiques

Une circulaire commune du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, du ministre de l'agriculture, du ministre du tourisme, donnera des instructions au préfet de la Réunion, pour mettre en oeuvre, en liaison avec le TPG, les mesures adaptées aux conséquences financières de l'épidémie de chikungunya :

- pour les activités touristiques notamment du fait des annulations de séjour ;

- pour les entreprises du secteur de l'industrie du commerce, de l'artisanat et de l'agriculture, en raison des arrêts de travail.

Elles concerneront notamment, les suspensions et prorogations des plans d'apurement, les délais de paiement des dettes fiscales et sociales.

Le préfet mettra en place en liaison avec les organisations professionnelles, les compagnies consulaires, un observatoire de la situation économique, afin de mesurer l'incidence de l'épidémie sur l'activité économique.

La DDCRF effectuera des relevés de prix des matériels et produits nécessaires à la protection contre les moustiques.

Enfin une campagne de promotion de l'île sera engagée dès la fin de l'épidémie.

6. La coopération régionale

Ces épidémies d'arbovirus touchent simultanément plusieurs pays de la zone. La coopération régionale actuelle en matière de santé sera élargie à ces maladies émergentes. Elle concernera la surveillance et l'alerte sur ces maladies, la protection des pays indemnes et le partage d'expérience entre les pays.

Le ministère des affaires étrangères prendra l'attache, en lien avec le ministère de la santé, des pays de la Région pour lancer ces coopérations.

Le ministère de la santé a saisi l'organisation mondiale de la santé le 28 janvier sur le chikungunya afin de mobiliser le niveau international à cette question majeure de santé publique.

* 6 Cf. annexe 5.

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