ANNEXE 4 - CONFÉRENCE DE PRESSE DU PREMIER MINISTRE

27 février 2006

Préfecture de Saint-Denis de la Réunion

Mesdames, Messieurs,

Je suis heureux de vous retrouver ce matin, au terme de cette visite. Mon premier message sera pour réaffirmer l'engagement de toute la nation rassemblée aux côtés des Réunionnaises et des Réunionnais.

1. Aujourd'hui la Réunion est dans l'épreuve. Je veux saluer le courage des Réunionnais et la mobilisation de tous face au chikungunya.

Ici chacun se mobilise pour venir en aide à ceux qui souffrent et pour surmonter la crise :

Les services de l'Etat, sous la conduite du préfet, sont à pied d'oeuvre pour soutenir les Réunionnais et accompagner leurs initiatives. Je me suis rendu hier au PC crise de la Préfecture à Saint-Denis et au PC de la région Est à Saint-Benoît : partout j'ai vu cette même volonté de prendre les problèmes à bras le corps, de ne rien négliger et de porter secours à chacun.

Les personnels des hôpitaux et des cliniques et les médecins libéraux sont présents nuit et jour aux côtés des malades, pour apaiser leur douleur et les soigner. Ils se dépensent sans compter pour que chacun, même au plus fort de la crise puisse être pris en charge le mieux possible.

Lors de ma visite à l'hôpital de Bellepierre à Saint-Denis, j'ai été marqué par la compétence et la disponibilité avec lesquelles tous les membres de cet établissement de haut niveau faisaient front, qu'il s'agisse des urgentistes, des régulateurs du Samu, des professionnels de toutes spécialités qui ont su créer un service spécifique dédié au chikungunya : face à une maladie qui concerne toutes les spécialités, pédiatres, spécialistes des maladies infectieuses ou de la réanimation, tous ont su dépasser les barrières de leur discipline pour unir leurs efforts, partager leurs expériences et adapter ainsi le traitement offert aux malades.

A Saint-Benoît, j'ai vu une organisation des soins exemplaire. La coordination entre les médecins libéraux, les hôpitaux et les cliniques garantit à tous un service médical sans faille, alors même que la crise y a connu ses épisodes les plus aigus.

Je veux rendre hommage à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui sont auprès des malades. Car tous m'ont dit qu'au-delà de la charge de travail, ce qui leur pèse c'est la souffrance des malades et les interrogations nombreuses qui demeurent sur ce virus.

Enfin, je veux saluer tous ceux qui participent aux opérations de démoustication de l'île :

A tous les Réunionnais qui apportent leur concours à cette tâche, mais aussi à tous ceux qui sont venus de métropole, je veux rendre hommage.

Ceux que j'ai rencontrés hier, dans un quartier de Bras-Panon où les familles ont été particulièrement éprouvées, m'ont dit combien leur mission était difficile : mais ils m'ont dit aussi qu'ils n'avaient pas d'états d'âme. Car ils savent que c'est un travail indispensable si nous voulons mieux protéger les habitants de l'île face au moustique.

Je sais que certains s'interrogent : est-ce que les pluies rendront vains tous nos efforts, est-ce que nous allons baisser les bras et nous en remettre à l'hiver austral ? Je veux leur répondre très clairement : il n'est pas question de baisser la garde comme cela a été le cas il y a trente ans. Nous resterons vigilants.

Ce courage et cette générosité sont une leçon pour nous tous : la Réunion veut montrer l'exemple d'un département, d'une région capable de se rassembler au-delà de la polémique et des tactiques politiciennes.

J'ai rencontré les élus de toutes sensibilités politiques : leur rôle est indispensable car c'est bien ensemble, l'Etat avec les élus réunionnais, que nous parviendrons à vaincre le chikungunya. Pour remporter cette bataille nous avons besoin de l'implication de tous.

J'ai rencontré des citoyens qui ne veulent qu'une seule chose : que la situation s'améliore et qu'ils n'aient plus à avoir peur pour eux mêmes ou pour leurs enfants. Ce qu'ils attendent, ce ne sont pas des querelles, mais bien des mesures concrètes qui répondent à l'ensemble de leurs problèmes.

2. Je suis venu dire aux Réunionnais et aux Réunionnaises, que l'Etat est à leurs côtés.

La mobilisation de l'Etat est à la hauteur des besoins :

En matière sanitaire, une enveloppe de 22 millions d'euros permettra de faire face à la crise sanitaire avec deux objectifs :

Permettre aux plus fragiles de se protéger, avec 300 000 traitements anti-moustiques distribués gratuitement pour les personnes les plus démunies et les plus fragiles ;

Soigner les souffrances des malades : les médicaments anti-douleur prescrits par le médecin seront pris en charge à 100 % par la sécurité sociale. Les personnels des hôpitaux et des cliniques seront renforcés : 20 médecins et 30 infirmières supplémentaires seront présents en permanence.

Mais nous devons aussi disposer aussi vite que possible de traitements plus efficaces pour soigner le chikungunya.

Nous devons répondre aux question que se posent les Réunionnais : la transmission de la mère à l'enfant, le retour des symptômes chez les mêmes personnes, la protection des nourrissons.

Seul un véritable effort de recherche permettra de répondre à ces questions : c'est pourquoi le gouvernement consacre une enveloppe de 9 millions d'euros à la recherche sur le virus. Le comité scientifique présidé par le professeur FLAHAUT sera chargé de la mise en oeuvre de ce programme de recherche.

3. Notre combat et notre solidarité doivent s'inscrire dans la durée :

Il y a ici une énergie, un esprit d'entreprise, un potentiel économique remarquable.

Je veux donc aider les secteurs et les entreprises qui sont frappés à surmonter leurs problèmes immédiats. C'est pour cela que le gouvernement mobilise une enveloppe de 60 millions d'euros. Comment cela va marcher ?

Nous allons créer deux fonds de secours exceptionnels qui seront opérationnels dès cette semaine : le premier pour les entreprises artisanales et commerciales ; le second pour toutes les autres entreprises. Ces fonds seront gérés par le préfet, avec le minimum de formalités administratives.

En plus de ces fonds, nous mettons en oeuvre deux outils pour les difficultés de trésorerie des entreprises. Le premier est en place depuis 2 semaines : c'est le dispositif de délais de paiement supplémentaires pour les impôts et les cotisations sociales. Le second, ce sont les garanties de prêts de trésorerie que l'Agence française de développement et la SOFARIS vont mettre en place.

Mais je veux que toute cette énergie qui s'est exprimée ces dernières semaines, soit mise au service de l'avenir de l'île. Ensemble nous allons lui donner les moyens d'être plus dynamique encore :

L'impact sur le tourisme est indiscutable. Les moyens mis en oeuvre doivent permettre dès à présent d'accompagner les professionnels de ce secteur qui est mis à rude épreuve.

Par ailleurs je veillerai personnellement à ce que les besoins de la Réunion soient satisfait dans le futur contrat de plan et dans les fonds européens qui seront négociés dès cette année avec l'Europe, la région, le département.

Dans le domaine sanitaire également, nous devons inscrire notre effort dans la durée.

Je pense à la campagne de démoustication : les experts de l'OMS m'ont dit combien notre démarche est suivie avec intérêt parce qu'elle est unique par son caractère systématique et durable. J'ai d'ailleurs rencontré une délégation de la sécurité civile malgache venue ici à la Réunion parce que la campagne que nous menons correspond à un besoin pressant dans leur pays, et qu'ils souhaitent reproduire notre méthode d'action. Vous le voyez, ce qui est fait à la Réunion, est à bien des égards exemplaire et suivi avec attention par les autres pays de la région.

Je pense aussi à l'avenir du système sanitaire. Je sais que la demande de soins à la Réunion devient plus grande et plus complexe en raison de l'augmentation de la population et de son vieillissement. Je sais qu'il manque des pédiatres, des spécialistes du diabète. Je sais enfin que beaucoup de jeunes Réunionnais souhaitent s'engager dans les métiers du soin, qui sont des métiers d'avenir pour toute la France : j'ai chargé le Ministre de la Santé de me proposer une stratégie de renforcement des structures sanitaires de la Réunion en insistant sur la formation, car il y a là un gisement d'emplois essentiel pour le lien social.

Enfin, dans le domaine de la recherche nous devons aussi tirer toutes les leçons de cette crise.

Regardons les choses en face : le drame du chikungunya intervient après d'autres épisodes. Sans même parler de la grippe aviaire qui nous mobilise tous, je pense à d'autres virus, Ebola, le West Nile, la dengue qui frappe aujourd'hui Madagascar. Nous sommes dans un monde où de nouvelles maladies apparaissent, alors que d'autres que l'ont croyait disparues ré-émergent. Face à cela, nous sommes souvent désarmés. Cet enjeu est particulièrement important pour les populations d'Afrique et de l'Océan Indien.

La crise du chikungunya doit constituer une véritable prise de conscience. Je suis convaincu que la France a une responsabilité particulière dans cette région de l'Océan Indien, parce qu'elle est la première à avoir engagé la lutte contre le chikungunya à une telle échelle. Nos efforts de recherche, notamment ceux qui sont développés par les équipes hospitalières de la Réunion, bénéficieront aussi à tous les autres pays touchés par le virus.

Mais au-delà, notre pays a vocation à jouer un rôle essentiel dans la lutte contre les maladies émergentes. C'est pourquoi, je souhaite que soit créé ici à la Réunion, un Centre de recherche et de veille sanitaire dédié aux maladies émergentes qui réunira toutes les compétences sur le sujet : celle des épidémiologistes, celle de la médecine hospitalière et celle des équipes de recherche biomédicale. Je souhaite que ce Centre soit un pôle de référence régionale pour tout l'Océan Indien : devant les nouveaux défis sanitaires, il nous faut étudier les virus, leur transmission, et le rôle du creuset animal dans leur adaptation à l'homme. En d'autres mots il nous faut mieux connaître, mieux comprendre, pour mieux combattre.

4. Vous pouvez compter sur le gouvernement pour tenir cet engagement dans la durée.

J'ai demandé au préfet de réunir, dès mardi, l'ensemble des services de l'Etat, pour s'assurer de la mise en oeuvre sans délai des mesures annoncées.

Je lui ai également demandé d'organiser tous les quinze jours une réunion de suivi de la répartition des crédits en toute transparence, en rassemblant les services de l'Etat et les élus.

François Baroin reviendra dans trois semaines pour faire le point sur l'avancement des mesures.

Xavier Bertrand viendra en avril pour s'assurer de la mise en oeuvre des mesures sanitaires.

Léon Bertrand fera de même pour le tourisme.

Je reviendrai moi-même dans trois mois pour vérifier l'efficacité des actions engagées.

Vous le voyez, le gouvernement est à vos côtés. Nous resterons mobilisés aussi longtemps qu'il le faudra. Je crois en la capacité de la Réunion à relever les défis d'aujourd'hui et de demain.

Je vous remercie.

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