18. Audition de Suez

Etaient présents :

- M. François Dupoux, Président-directeur général de la compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU)

- M. Philippe Dufourt, directeur général de Novergie

- M. Frédéric Hug, directeur de l'environnement de Suez Energie Services

- M. Valérie Alain, Directeur des Relations Institutionnelles SUEZ

M. Frédéric Hug a tout d'abord indiqué que l'énergie représentait les deux tiers de l'activité du groupe et souligné que Suez était l'un des premiers acteurs privés internationaux dans les métiers de l'énergie et de l'environnement.

Il a ensuite fait valoir que l'énergie thermique était une énergie par nature locale, décentralisée, à la différence de l'énergie électrique qui est une énergie qui se transporte aisément dans un réseau. La rentabilité d'un réseau de chaleur, a-t-il poursuivi, est donc fonction de la proximité des ressources et des débouchés.

Philippe Dufourt a rejoint l'analyse de M. Frédéric Hug , rappelant que Novergie, filiale à 100 % de Sita et rattachée à la branche Suez environnement, comptait 41 unités d'incinération et de valorisation énergétique en France et 7 centres de tri des déchets. Il a ainsi fait valoir que la valorisation énergétique thermique des déchets n'était possible que si l'implantation était réalisée à proximité des centres de consommation. En conséquence, il a appelé les municipalités à dissiper les peurs des habitants concernant les dioxines qui seraient produites par les usines d'incinération d'ordures ménagères (UIOM). Rappelant que la réglementation est extrêmement contraignante depuis l'arrêté du 20 septembre 2002, respecté par toutes les UIOM depuis le 28 décembre 2005, il s'est déclaré préoccupé par les problèmes d'acceptabilité sociale, connus sous l'acronyme britannique de NIMBY « Not in my backyard ».

M. François Dupoux a souligné qu'Elyo, filiale de Suez, gérait 95 réseaux de chaleur en France dont celui de Paris. Il a précisé que près de la moitié de la chaleur distribuée par la compagnie parisienne de chauffage urbain était issue de la combustion des déchets ménagers, soulignant que l'objectif était d'atteindre 60 % et d'introduire, comme nouvelles sources énergétiques, géothermie et bois-énergie. Il a ajouté que le réseau chauffait près d'un quart des parisiens (soit 500.000 personnes) et la moitié des bâtiments publics, ce qui faisait du réseau parisien le troisième réseau au monde de chauffage urbain par la vapeur.

M. François Dupoux a signalé que les réseaux de chaleur, mal aimés des systèmes d'approvisionnement énergétique, présentaient de nombreux atouts qui devraient faire d'eux les partenaires privilégiés de tout aménagement des espaces agglomérés, qu'ils se trouvent en milieu urbain ou rural.

Il a d'abord déclaré que d'un point de vue énergétique, les réseaux de chaleur avaient le grand avantage de pouvoir utiliser tous types d'énergies en tête de réseau assurant ainsi une grande souplesse d'approvisionnement en fonction de la disponibilité et des coûts des différentes énergies. D'un point de vue technologique, a-t-il ajouté, les réseaux de chaleur ont désormais atteint un haut niveau de maturité. M. François Dupoux a conclu son propos en présentant l'intérêt environnemental des réseaux de chaleur, équipés de systèmes de dépollution et de filtre des fumées assurant un bilan CO 2 bien meilleur qu'un ensemble équivalent de petites chaudières individuelles. En outre, M. Frédéric Hug a précisé que l'intérêt des réseaux de chaleur résidait également dans la possibilité de centraliser la production énergétique et donc de laisser augurer des techniques de séquestration de carbone, qui pourraient s'avérer indispensables dans un avenir proche si les objectifs de développement durable n'étaient pas atteints.

M. Philippe Dufourt a souligné, quant à lui, que seuls les réseaux de chaleur permettaient d'utiliser à grande échelle la chaleur l'énergie sous forme thermique issue du bois-énergie, de la géothermie, de l'incinération des déchets ménagers, du biogaz de méthanisation, de la cogénération quelle qu'en soit la source ou encore de rejets industriels.

M. François Dupoux a insisté sur le fait que le développement de la chaleur d'origine renouvelable impliquait de mettre en place une stratégie locale mais globale : en effet, a-t-il expliqué, toute action relative au développement durable est par nature de caractère transversal puisqu'elle est au carrefour de plusieurs compétences : énergie, environnement, urbanisme, aménagement du territoire, développement économique, progrès social. M. François Dupoux a ainsi insisté sur la nécessité de mettre en place une vision stratégique intégrée au sein de la collectivité.

M. Frédéric Hug a, pour sa part, rappelé que développement durable impliquait investissement durable. Les élus locaux qui développent des projets fondés sur les énergies renouvelables doivent accepter, a-t-il plaidé, d'inscrire les projets dans la durée et non dans l'immédiate rentabilité. Il a également appelé à mettre en place des mécanismes de soutien pour compenser les surcoûts actuellement observés dans l'investissement initial et l'exploitation , faisant valoir que les subventions à l'investissement pouvaient, dans certains cas, permettre aux élus d'« amorcer la pompe » des énergies alternatives.

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