23. Audition du comité de liaison des énergies renouvelables (CLER)

Etaient présents :

- M. Didier Lenoir, Ingénieur civile des Ponts et Chaussées, Urbaniste Qualifié, président

- M. Arnaud Brunel, directeur

- Melle Caroline Canale, chargée de projets

M. Didier Lenoir , président du CLER , a tout d'abord rappelé que son association, créée en 1984, était un acteur écouté dans les domaines des économies d'énergie, de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Regroupant plus de 150 membres, il forme un réseau recouvrant toutes les filières et intervenant dans tous ces domaines :

- associations ;

- Agences de l'énergie, Espaces Info Energie ;

- industriels, constructeurs ;

- installateurs, distributeurs ;

- bureaux d'études et architectes ;

- fédérations et syndicats professionnels ;

- centres de recherche et de formation et universités ;

- collectivités territoriales.

L'ambition du CLER, a-t-il précisé, est d'assurer l'animation et coordination de ce réseau d'acteurs de terrain.

En réponse à M. Claude Belot , rapporteur , qui s'interrogeait sur l'existence en France d'un recensement des opérations locales exemplaires, M. Didier Lenoir a souligné que le CLER avait lancé, en 2004, le Championnat de France Énergies Renouvelables des communes. Cette compétition, a expliqué Melle Caroline Canale , vise à valoriser les collectivités actives en matière d'énergies renouvelables et à encourager les communes de France à mettre en place des énergies renouvelables sur leur territoire. L'atteinte de ce second objectif se base sur une large diffusion d'exemples de communes, inscrites au championnat. L'idée est de montrer que les énergies renouvelables, si elles sont bien installées, permettent non seulement de réduire nos impacts sur l'environnement mais aussi de dégager des économies sur les factures énergétiques, de créer de l'activité locale et de l'emploi. Le championnat est ouvert à trois catégories : solaire thermique, solaire photovoltaïque, bois-énergie/chaudière automatique. M. Didier Lenoir a ainsi relevé que ce championnat de France avait permis, par exemple, de distinguer les communes de Felletin (Creuse) avec de la cogénération à partir de bois-énergie, de Jonzac (Charente Maritime) avec ses deux chaufferies totalisant une puissance installée de 6MW raccordées au réseau, ou encore la ville de Montmélian dans le domaine du solaire. Le championnat tient également compte de la taille des villes et par exemple, le prix spécial de l'édition 2005 a été décerné à Saint-Martin-Les-Eaux (06), commune de 108 habitants où 291 kW de panneaux photovoltaïques ont été installés.

M. Didier Lenoir s'est déclaré convaincu que 90 % des besoins énergétiques thermiques français pourraient être satisfaits par des énergies renouvelables ou de récupération tant le potentiel est immense (solaire, géothermie, biomasse, déchets). Il a fait valoir, en outre, le fort degré de maturité technologique de ces filières, soutenant que la situation avait considérablement évolué depuis 20 ans. Si les énergies renouvelables ont pu être présentées dans les années 1980 comme un « procédé expérimental » ou une « aventure technologique », la situation est aujourd'hui radicalement différente. Avec les effets classiques de la courbe d'apprentissage, de la taille critique résultant de l'extension des marchés, la technologie est désormais totalement fiable, éprouvée et maîtrisée.

M. Didier Lenoir a souligné qu'il fallait associer l'essor des énergies renouvelables à une politique ambitieuse de maîtrise de l'énergie, car les énergies renouvelables sont de faible intensité, leur utilisation exige des investissements et il faut veiller à les optimiser en réduisant au préalable les consommations d'énergie. Il a soutenu que les collectivités territoriales avaient un rôle de premier plan à jouer dans la maîtrise de l'énergie en tant que propriétaires d'un patrimoine immobilier et d'un parc automobile considérables. Les dépenses énergétiques représentent, a-t-il estimé, en moyenne 3 à 5 % de leur budget de fonctionnement, dépenses qui pourraient être réduites de 20 à 30 % avec une volonté forte d'économies d'énergie (éclairage public basse consommation, renforcement de l'isolation...).

En outre, a-t-il insisté, les enjeux ne sont pas seulement financiers, ils sont également symboliques : les pouvoirs publics locaux, a-t-il rappelé, ont un devoir d'exemplarité vis-à-vis des habitants, soulignant qu'une collectivité territoriale « écovertueuse » pouvait faire figure de modèle et inciter les fonctionnaires et les usagers habitants à s'engager également dans la voie de la sobriété énergétique.

Par ailleurs, M. Didier Lenoir a insisté sur le fait que les collectivités territoriales pouvaient jouer un rôle essentiel d'impulsion et de sensibilisation auprès des habitants : subventions d'équipement en complément du crédit d'impôt, financement d'Agences locales ou régionales de l'énergie, création d'» espaces info énergie », campagnes de sensibilisation...

Enfin, M. Arnaud Brunel a rappelé que la maîtrise de l'énergie et les énergies renouvelables offraient également une réponse préventive et durable aux problèmes de précarité énergétique qui vont continuer à croître avec l'augmentation des prix de l'énergie et de l'immobilier.

M. Didier Lenoir a conclu en présentant les principales difficultés qui pèsent encore à l'heure actuelle sur l'essor des énergies renouvelables, déplorant un système énergétique extrêmement centralisé. Rappelant que l'écrasante majorité des communes avaient dû, en 1946, confier la gestion du service public du gaz et de l'électricité à EDF-GDF, concessionnaire imposé, il a soutenu que les opérateurs historiques avaient souvent cherché à « étouffer » les initiatives locales, en particulier en luttant contre les réseaux géothermiques d'Ile-de-France.

Il a fait valoir que les énergies locales avaient eu tendance à s'épanouir là où les régies locales avaient été conservées, comme le montre l'exemple de Grenoble (réseau de chaleur, réseau de gaz et réseau d'électricité gérés par des SEM locales). Cette situation historique a été renforcée, a-t-il expliqué, par une forte centralisation de la vision énergétique française, situation qui perdure encore à l'heure actuelle. C'est ainsi qu'il a déploré que le ministère de l'industrie ait lancé l'élaboration d'une programmation pluriannuelle des investissements dans le domaine de la chaleur (« PPI chaleur »), sans souci de concertation avec les élus locaux, pourtant concernés au premier chef. Il en a d'ailleurs été de même pour la PPI électricité.

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