E. LES CERCLES DE JEUX

Dans le monde des cercles de jeux parisiens, votre rapporteur n'ayant pas eu la possibilité de visiter ceux de province, les changements depuis 2002 ont été peu nombreux mais assez importants.

Les cercles sont au nombre de quatorze : dix à Paris et quatre en province (voir tableau ci-dessous). Il n'y a pas, pour ces établissements, de PBJ proprement dit, c'est-à-dire une différence entre les mises des joueurs et leurs gains, mais une « cagnotte » qui représente un pourcentage des sommes jouées (voir tableau ci-dessous).

Cagnottes des cercles de jeu

(en euros)

Cercles de Paris

Cagnottes 2004 (Produit des jeux)

Aviation Club de France

1.200.000

Central académie de billard des boulevards

844.000

Clichy Montmartre billard club

565.000

Eldo

540.000

Cercle Anglais

963.000

Gaillon

476.000

Cercle Haussmann

1.300.000

Cercle de l'Industrie et du Commerce

900.000

Wagram billard club

1.100.000

Concorde

non ouvert en 2004

Total Paris

7.888.000

Cercles de Province

Arles « Cercle avenir »

3.000

Lyon « Cercle de l'Union »

585 000

Reims « César billard palace »

242.000

Toulouse « Cercle des Pyrénées »

70.000

Le chiffre des cagnottes est stable depuis plusieurs années, mais diminue avec la défaveur de certains jeux de table.

Il n'y a pas de prélèvement fiscal sur les cagnottes, le cercle paye la taxe sur les spectacles, mais n'acquittait pas de droit de timbre jusqu'à la suppression de ce dernier.

La clientèle, de plus en plus asiatique (jusqu'à 75 % des adhérents au cercle Haussmann) est passionnée mais paisible, joue en famille, modère son budget de jeu (400 euros) et ne rejoue que ses gains.

Elle préfère toutefois les jeux rapides, d'où, sans doute, une modification sensible des jeux fréquentés dans ces cercles.

On assiste à une grande désaffection, pour la plupart, des jeux de table traditionnels comme le baccarat, le chemin de fer au profit du Black Jack ou surtout du Poker 21, qui bénéficie d'un engouement très fort.

Ce changement est particulièrement notable quand on sait que, dans les cercles (qui ne disposent pas de machines à sous), ne fonctionnent que des jeux de table ou de cartes.

Ce qui n'a pas changé, en revanche, c'est la discipline avec laquelle les cercles gèrent leurs adhésions : identification, cotisations (500 euros chez Haussmann, 960 au cercle Anglais).

Ont été déclarés coupables de tenue d'une maison de jeux de hasard, les dirigeants d'un cercle où la police avait trouvé des personnes étrangères au cercle, qui y étaient entrées librement sans avoir de carte ni avoir été présenté par des adhérents.

Les cercles ne désirent pas de MAS, et encore moins la clientèle habituelle de ces machines.

Ils fonctionnent très bien, respectent scrupuleusement la réglementation qui les concerne, et ne posent strictement aucun problème, ni à la CSJ, qui examine leurs demandes de renouvellement, ni à la police des jeux.

En 2000, leurs demandes de renouvellement d'autorisations de jeux devaient être présentées tous les ans 35 ( * ) . Depuis, le délai a été porté à deux ans. Pourquoi les cercles ne sont-ils pas assujettis aux mêmes règles que les casinos qui disposent, eux, d'une période de cinq ans ?

Quand on passe en revue les onze pièces qui constituent le dossier de demande, on constate que la totalité d'entre elles pourrait faire l'objet d'une simple déclaration annuelle à l'administration, même en cas de modification significative sur un sujet particulier.

Ces pièces sont utiles, certes, pour surveiller les bilans financiers, les bilans d'activité, la liste des membres, l'état des locaux, etc, mais, sans elles, l'administration, qui contrôle en permanence sur place le fonctionnement de ces établissements, n'aurait aucune difficulté à effectuer les vérifications et à prendre les mesures nécessaires.

En conséquence, la demande de renouvellement de l'autorisation de jeux pourrait vraiment n'être présentée que tous les cinq ans .

Il y aurait plusieurs avantages à cette modification : le travail des IGA (inspecteurs généraux de l'administration, rapporteurs de la sous-direction des libertés publiques) s'en trouverait allégé, l'ordre du jour de la CSJ aussi et les cercles seraient fixés sur leur avenir, ce qui serait très favorable à leur gestion et à leurs investissements.

A tant parler de simplification administrative, celle-ci serait bien venue !

En dehors de cette revendication infiniment courtoise, les griefs envers l'Etat sont peu nombreux : alléger les dossiers de demande de renouvellement qui sont vraiment énormes, et « assouplir » la fiscalité pour avoir la possibilité d'investir dans les immeubles, pour le confort des adhérents.

Le cercle doit poursuivre « un but principal social, sportif, artistique, littéraire ou autre. Il doit justifier de l'aide réelle qu'il y apporte ».

Ce caractère « social », affiché officiellement par les cercles de jeux français (et qui surprend un peu au premier abord), s'exprime surtout par les dons qu'ils effectuent, chaque année au profit d'associations réputées d'utilité publique, sociale ou culturelle.

C'est ainsi qu'en 2005 le cercle Haussmann, à Paris, subventionnait pas moins de 45 associations, pour un montant total de 55.300 euros (moyenne 1.228 euros).

Parmi les bénéficiaires des largesses du cercle, figurent une « Association des anciens combattants engagés volontaires hellènes dans l'armée française » de Penestin-sur-mer (!), ainsi qu'un nombre relativement important (pas moins de 13 sur 45) d'associations corses.

Il serait parfaitement inconvenant de vouloir rapprocher ce louable effort de solidarité à l'égard d'Ajaccio et de Sartène, des rumeurs et légendes qui courent encore dans Paris sur le leadership et l'influence de nos compatriotes insulaires dans le milieu des cercles de jeux de la capitale.

Toutefois, la ligne de crédit finançant ses subventions sociales étant par définition alimentée par les « cagnottes » des jeux de table, eux-mêmes en perte de vitesse, cette manne risque de se tarir.

* 35 Cette autorisation est personnelle et toujours révocable.

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