2. Survol des principaux acteurs actuels

On ne reviendra pas en détail sur la nature des politiques conduites par les Etats-Unis et l'Europe. Rappelons seulement qu'elles ont « réussi » et que les excédents et les coûts très importants ont amené les deux blocs à inclure le secteur agricole dans les négociations sur le commerce international. On ne reviendra pas non plus sur les réformes de la PAC, mais il faut rappeler tout de même quelques évolutions récentes de la politique agricole aux Etats-Unis. Dans le fair act de 1996, ils ont introduit la baisse des aides publiques et la suppression du contrôle des assolements pour accroître le rôle du marché, ce qui a fonctionné tant que les prix des grandes cultures sont demeurés élevés, soit jusqu'en 1998. Lors des campagnes qui ont suivi, ils ont rétabli à des niveaux jamais atteints les soutiens publics pour compenser les baisses de prix, et la loi d'orientation agricole de 2002 (année électorale) valable pour 6 campagnes à partir de 2002/2003 est restée en ligne. Tous les gouvernements qui en ont les moyens interviennent. Et les politiques agricoles les plus développées se rencontrent aux Etats-Unis, dans l'Union européenne, en Suisse, en Norvège, en Islande et au Japon.

Au Brésil -dont on a identifié le potentiel considérable et l'avance dans le domaine des biocarburants-, on trouve deux ministères en charge de l'agriculture : un pour la grande agriculture et un pour les petites exploitations (considérant le poids devenu peu important des agriculteurs, certains pays européens ont envisagé la suppression de leur ministère de l'agriculture !). Et le Brésil sait se servir des instances internationales, puisqu'il a attaqué avec succès les Etats-Unis et l'Union européenne à l'OMC sur le coton et le sucre. L'alliance qu'il fait avec l'Argentine se comprend ; celles qu'il tente d'établir avec la Chine et l'Inde au G 20 semblent moins solides.

Qui va nourrir la Chine ? C'est la question de Lester Brown, dont on dit qu'il prédit des catastrophes qui n'arrivent pas. Toutefois, Jacques Leclerc du Sablon, qui a travaillé de longues années dans ce pays, résume ainsi la situation : « Pression démographique + surface arable non extensible + ressource en eau limitée + contraintes environnementales + déséquilibre ville/campagne = la Chine n'a pas vocation à devenir une puissance agricole directement en concurrence avec les puissances actuelles ».

L'Inde est le pays où a triomphé la « révolution verte » : il lui sera impossible pourtant de continuer à soutenir massivement par des subventions ses intrants. C'est un monde rural « plein », avec une très grande contrainte sur la terre et sur l'eau, et un « saccage » de l'environnement naturel. Ce pays est devenu le premier producteur mondial de lait ; c'est aussi le premier importateur d'huile végétale (de Malaisie). Compte tenu des multiples contraintes (tabous religieux sur la consommation de porc et de boeuf), mais aussi des innovations introduites à la suite de la « révolution verte » et de l'utilisation des biotechnologies (OGM, brevets pris par les Etats-Unis avec des chercheurs indiens), certains observateurs indiquent que « c'est en Inde que s'invente l'agriculture de 2050 ». Mais elle sera surveillée pour ce qui concerne les questions de propriété industrielle, de subvention aux intrants, ou des conditions sociales et environnementales de production. Signalons que l'Inde est membre fondateur du GATT et que la Russie -dont nous avons déjà évoqué le potentiel agricole- n'est pas encore admise à l'OMC, contrairement à la Chine.

Citons enfin les grands pays agroexportateurs, tels que l'Australie, le Canada ou la Nouvelle-Zélande, ainsi que l'ensemble des pays les moins avancés (PMA), dont l'importance commerciale reste aujourd'hui limitée.

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