b) La lutte contre le chômage

La pénurie d'emplois en Argentine est un phénomène relativement récent. Selon les chiffres publiés par l'Institut national de statistiques et de recensement ( Instituto Nacional de Estadisticas y Censos - INEC), il s'agit d'un phénomène nouveau. En effet, entre 1974 et 1993, le taux de chômage s'est toujours maintenu en deçà de 10 %. Il a commencé à croître à partir de 1995, a connu un premier pic à 18,4 % en mai 1995, après une baisse entre 1995 et 1998, et a atteint le niveau record de 21,5 % en mai 2002. Ce taux est retombé à 17,3 % en 2003, 13,8 % en 2004 et 11 % en 2006.

Pour faire face à cette situation, l'Argentine dispose d'un système d'assurance chômage qui est relativement plus développé que celui des autres pays de la région.

En effet, les salariés argentins versent des cotisations à un Fonds national pour l'emploi ( Fondo nacional de Empleo - FNE) et se voient, en théorie, ouvrir en contrepartie le bénéfice d'une assurance chômage.

Créé en 1967 pour les travailleurs du secteur BTP, ce système a été généralisé à partir de 1991. Il prévoit le versement d'une allocation chômage équivalant à 60 % du salaire le plus élevé perçu par le salarié au cours des six derniers mois précédents son arrêt d'activité.

Toutefois, moins de 100 000 personnes bénéficient aujourd'hui de l'assurance chômage. Ce chiffre est surprenant quand on considère que le nombre de personnes sans emploi est estimé à 1,7 million. Cet écart s'explique d'une part, en raison de la rigidité des critères exigibles avant de bénéficier d'une prise en charge, d'autre part, par le grand nombre de travailleurs au noir qui n'ont pas accès au système. En 2005, les autorités argentines ont évoqué la possibilité d'élargir cette prestation chômage aux travailleurs au noir, mais aucune décision n'a encore été prise alors que certaines activités informelles sont parfaitement identifiées et connues des services gouvernementaux.


Les cartoneros recyclent le carton récupéré dans la rue

Chaque nuit, sauf le samedi, 10 000 cartoneros (pour la moitié, des enfants) déferlent sur Buenos Aires pour fouiller et trier les sacs poubelles déposés sur les trottoirs par les habitants de la ville.

On trouve parmi eux des professionnels qui ont des clients fixes, et d'autres qui alternent ce métier d'éboueurs informels et des petits boulots. Leur activité consiste à trier les déchets urbains avant l'arrivée des éboueurs. Le degré d'organisation des cartoneros varie suivant les cas. Au bas de l'échelle, on trouve ceux qui ne disposent que d'un chariot de supermarché pour transporter leurs déchets et qui vendent leur marchandise à ceux disposant de moyens de transport de plus grande capacité. Pour 50 kg de carton, ils touchent de 10 à 12 pesos (environ 3 euros). En travaillant quatre à cinq heures par nuit, une famille de cartoneros professionnels gagne environ 600 pesos par mois (environ 175 euros). Les déchets ainsi recyclés sont revendus à des intermédiaires, parfois organisés sous forme de coopératives regroupant les cartoneros . Compte tenu des difficultés économiques de l'Argentine et du coût du papier sur le marché international, les papeteries argentines ont recours au papier recyclé, ce qui favorise l'activité de cette chaîne de recyclage informelle.

Selon les estimations de la ville et des ONG spécialisées dans l'environnement, 400 000 tonnes de papier carton, dont la moitié en provenance du grand Buenos Aires serait ainsi recyclées chaque année. Ce négoce est estimé à 450 millions de pesos (112,5 millions d'euros), dont à peine 10 % servent à rémunérer les cartoneros .

Si les cartoneros existent depuis des décennies, leur nombre s'est considérablement accru depuis la crise de 2001.

Les autorités publiques qui n'ont aucun contrôle sur cette activité ont voulu encadrer l'intervention des cartoneros . Cette politique repose sur deux axes : d'une part, associer les cartoneros à la politique de recyclage des déchets (selon une étude internationale menée sous l'égide de l'Unicef, les cartoneros collectent entre 10 % et 17 % des déchets produits et permettent ainsi à l'administration locale de faire des économies substantielles en matière de ramassage des ordures), d'autre part, faire preuve d'une sévérité accrue aux entrées de la capitale désormais interdite aux camions sans assurance et aux véhicules tirés par des animaux, en application d'une loi de 1963 réactivée à cette occasion.

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La commission des affaires sociales, réunie le 9 mai 2007, a autorisé la publication du présent rapport.

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