B. CONNECTER LES FORMATIONS AUX BESOINS DES JEUNES ET DE L'EMPLOI

Les besoins en compétences et en emplois de notre économie supposent non seulement de mener chacun vers la maîtrise des savoirs de base et l'acquisition d'une qualification, mais également d'articuler les formations suivies à ces besoins.

Les propositions formulées plus haut en vue d'améliorer l'orientation des jeunes s'engageant vers une formation professionnelle, en l'articulant davantage aux perspectives de débouchés, y contribuent.

Il s'agit, en outre, de répondre aux attentes de « professionnalisation » des formations initiales, exprimées par les représentants des employeurs ainsi que par les étudiants entendus par la mission. En effet, au-delà de l'intérêt de l'alternance comme « deuxième chance » d'accès à la qualification et à l'emploi, ce mode de formation apparaît désormais plébiscité par l'ensemble des jeunes : ainsi, 95 % d'entre eux reconnaissent que l'apprentissage prépare bien à l'emploi 80 ( * ) .

Renforcer l'attractivité de la filière professionnelle, par un engagement plus fort des milieux professionnels et une organisation plus souple des parcours, mais également favoriser une plus forte interaction entre notre système éducatif et le monde de la formation professionnelle devraient contribuer à répondre au mieux à ces attentes.

1. Renforcer l'attractivité de la filière professionnelle

a) L'alternance, « forme naturelle » de la formation professionnelle initiale ?

Dans le souci de « revaloriser » l'enseignement professionnel, M. Claude Thélot a formulé le voeu que les parcours en alternance y deviennent « la règle », comme c'est le cas dans l'apprentissage : « en effet, certains éléments ne peuvent être appris à l'école, et d'autres chez l'employeur. L'alternance consiste à articuler deux lieux de formation, l'un plus théorique et l'autre plus pratique. (...) Ces considérations supposent une présence et un investissement bien plus importants des entreprises, et plus généralement des employeurs, dans l'enseignement professionnel. Je crois que, contrairement à il y a dix ans, les esprits sont désormais mûrs pour cette évolution. Elle concerne les entreprises privées, mais aussi les entreprises publiques et l'État, qui devrait dans ce domaine jouer davantage son rôle d'employeur. Il faut alors définir une alternance équilibrée, dans laquelle les volets théorique et pratique se répondent. »

De même, M. Michel de Virville, secrétaire général et directeur des ressources humaines du groupe Renault, a souligné lors de son audition que « les formations professionnelles initiales, y compris pour les techniciens et les ingénieurs, devraient aller de plus en plus vers l'alternance, avec des degrés d'alternance variable. Je suis convaincu (...) que la forme naturelle de la formation professionnelle initiale est l'alternance . »

M. Jean Michelin, directeur de la formation de la Fédération professionnelle du bâtiment, a également insisté sur le manque de « professionnalisation » des jeunes sortant de formation initiale, et suggéré que « la dernière année de lycée professionnel ou technique, pour un baccalauréat professionnel, un BTS ou une licence professionnelle, se fasse systématiquement en contrat d'apprentissage. »

Ainsi, l'introduction d'une plus forte dose d'alternance dans les parcours en lycées professionnels 81 ( * ) dans le cadre du statut d'apprenti, ou, plus largement, le cadre plus souple de l'alternance sous statut scolaire, pratiquée dans l'enseignement agricole par les Maisons familiales rurales, est à la fois dans l'intérêt des entreprises, qui pourront repérer et recruter des collaborateurs plus directement mobilisables dans l'activité professionnelle, et celui des jeunes. A cet égard, comme l'a souligné M. André Gauron, une priorité va au développement de la préparation en alternance des brevets de technicien supérieur (BTS) : « peut-être faut-il maintenant répondre aux souhaits des jeunes désirant quitter le lycée après le Bac et imaginer que les BTS peuvent être préparés en-dehors des établissements scolaires. »

* 80 Selon une enquête réalisée en septembre 2006 par l'Institut français d'opinion publique (IFOP) sur la situation des jeunes face à l'emploi.

* 81 On rappellera qu'actuellement, les cursus en lycée professionnel comprennent des périodes de formation en entreprise ou milieu professionnel, dont la durée s'échelonne de douze à seize semaines en CAP, de cinq à huit semaines en BEP, de seize à dix-huit semaines dans le cadre de la préparation d'un baccalauréat professionnel, et enfin de huit à douze semaines pour la préparation d'un BTS.

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