b) Mais beaucoup de femmes en situation de relative précarisation
Si les femmes sont maintenant nombreuses au sein de la profession, leur situation est souvent moins favorable que celle des hommes, comme le montre la répartition par catégorie des cartes de presse attribuées au 31 décembre 2005.
Répartition des cartes attribuées par la CCIJP en 2005
Nombre total |
Nombre d'hommes (% du total) |
Nombre de femmes (% du total) |
|
Nombre de journalistes titulaires |
32976 |
19454 (58,99 %) |
13522 (41,01 %) |
dont journalistes mensualisés |
25276 |
15305 (60,55 %) |
9971 (39,45 %) |
dont journalistes pigistes |
5639 |
2888 (51,21 %) |
2751 (48,79 %) |
dont demandeurs d'emploi |
1582 |
855 (60,55 %) |
727 (45,95 %) |
dont directeurs (anciens journalistes) |
479 |
406 (84,76 %) |
73 (15,24 %) |
Nombre de journalistes stagiaires |
3257 |
1574 (44,63 %) |
1953 (55,37 %) |
dont journalistes mensualisés |
2277 |
1045 (45,89 %) |
1232 (54,11 %) |
dont journalistes pigistes |
1250 |
529 (42,32 %) |
721 (57,68 %) |
Total des journalistes mensualisés |
27553 |
16350 (59,34 %) |
11203 (40,66 %) |
Total des journalistes pigistes |
6889 |
3417 (49,60 %) |
3472 (50,40 %) |
Source : CCIJP/DEPS
Ce tableau fait apparaître que les journalistes femmes sont plus nombreuses que les hommes parmi les pigistes, et moins nombreuses parmi les journalistes mensualisés . Les femmes ne représentent que 15,24 % des anciens journalistes devenus directeurs.
Au cours de son audition devant la délégation, Mme Isabelle Germain a souligné que les femmes journalistes étaient généralement moins rémunérées que leurs collègues masculins, qu'elles représentaient le plus grand nombre des pigistes avec un statut précaire et surtout qu'elles accédaient plus difficilement aux fonctions de responsabilité. Elle a également noté qu'elles travaillaient plus fréquemment à temps partiel, même si cette organisation du travail était moins répandue dans le journalisme que dans d'autres professions. Elle a ainsi évoqué une « tendance à la précarisation » de la situation professionnelle des femmes journalistes, marquée par de faibles rémunérations, un important « turnover » et le recours des rédactions à un nombre croissant de collaborateurs extérieurs occasionnels.
Selon Mme Dominique Alduy, ancienne directrice générale de France 3, ancienne directrice générale du quotidien Le Monde , la situation professionnelle des femmes, comparativement à celle des hommes, en particulier en ce qui concerne les rémunérations et les promotions, est plus inégalitaire dans les médias que dans d'autres activités de services , telles que la banque.
Mme Michèle Cotta a précisé que l'égalité salariale était en principe respectée dans la profession de journaliste, tout en faisant observer que les indemnités liées aux responsabilités, plus souvent attribuées aux hommes, avaient pour conséquence de créer des inégalités qui vont en s'aggravant au fil de la carrière.
Au total, ainsi que le relève Mme Catherine Lamour, journaliste et ancien membre de l'Observatoire de la parité 18 ( * ) , « dans le domaine des médias, comme ailleurs, les femmes sont payées moins que les hommes, la différence pouvant aller, à responsabilités et qualifications égales, jusqu'à 25 % », alors même qu'elles sont en moyenne plus diplômées que les hommes.
De même, Mme Mémona Hintermann a déploré devant la délégation l'insuffisance de rémunération des femmes reporters.
Selon Mme Isabelle Germain, les quelques « stars » féminines de la télévision ne sont donc pas représentatives de la situation de l'ensemble des femmes journalistes.
* 18 Cf. l'article intitulé : « Les femmes et les médias : le miroir à deux faces », juin 2005, en ligne sur le site de l'Observatoire de la parité.