2. Des femmes peu nombreuses aux postes de responsabilité
a) Des dirigeants très majoritairement masculins
Selon Mme Michèle Cotta, dans cette profession comme dans d'autres, on peut observer une certaine égalité entre femmes et hommes à la base de la « pyramide », mais les inégalités s'accroissent à mesure que l'on monte dans la hiérarchie.
Ainsi que l'a souligné Mme Isabelle Germain au cours de son audition, si les femmes sont nombreuses « à la base », elles sont en revanche peu présentes « au sommet ».
L'étude des organigrammes des principaux médias français est à cet égard révélatrice.
Ainsi, le dépouillement de l'annuaire « Média SIG » effectué par la délégation fait apparaître, pour l'ensemble des entreprises de médias étudiées, une proportion de femmes inférieure à 10 % dans les postes de direction « stratégiques » tels que président-directeur-général, président du directoire ou du conseil de surveillance, vice-président, directeur général, directeur général adjoint ou délégué, ou encore secrétaire général.
Ce pourcentage est de 9,76 % pour les chaînes généralistes de télévision, 7,41 % pour les radios généralistes et seulement 3,85 % pour les quotidiens nationaux d'information générale.
PROPORTION DE FEMMES OCCUPANT DES POSTES DE DIRECTION « STRATÉGIQUES » DANS LES PRINCIPAUX MÉDIAS
Source : évaluation de la délégation du Sénat aux droits des femmes, d'après l'annuaire Média SIG 2006
Postes pris en compte : PDG, président du directoire ou du conseil de surveillance, vice-président, directeur général, directeur général adjoint ou délégué, ou encore secrétaire général
S'il existe bien quelques présentatrices vedettes de la télévision, les femmes sont en réalité très peu nombreuses aux postes décisionnels dans les médias, qu'il s'agisse de responsabilités économiques ou administratives ou de responsabilités éditoriales.
Ainsi que l'a souligné Mme Dominique Alduy devant la délégation, la toute récente nomination de Mme Agnès Touraine à la tête du conseil de surveillance de Libération constitue un cas unique en France, où l'ensemble des quotidiens nationaux et régionaux est dirigé par des hommes et où les femmes sont peu nombreuses dans les directions des chaînes de télévision ou des stations de radio.
Seules deux femmes, en France, dirigent des rédactions de grands médias, à France 2 et au journal La Croix , comme l'a fait observer Mme Christine Ockrent.
Pour sa part, Mme Christine Clerc a relevé qu'aucune femme ne faisait partie du comité éditorial de l'un des principaux quotidiens de la presse écrite, Le Figaro .
Selon l'évaluation statistique effectuée par la délégation, tous médias confondus, les femmes ne sont que 26,67 % parmi les titulaires des postes de directeurs 19 ( * ) , 36,65 % parmi les chefs de service et 22,22 % parmi les rédacteurs en chef 20 ( * ) .
Quasiment absentes des postes de « numéro un » ou « numéro deux » des quotidiens nationaux ou régionaux, des télévisions et radios privées ou publiques, les femmes sont en revanche un peu plus présentes dans les postes du « second cercle » : productrices, responsables de programmes, postes commerciaux ou responsables de la publicité. Elles le sont également dans les fonctions de présentateur à la télévision ou dans les rôles d'attaché de presse ou de relations publiques.
Pour Mme Christine Ockrent, les postes à responsabilité demeurent majoritairement « détenus par des hommes et transmis à des hommes par des hommes » et « le phénomène du « plafond de verre » joue donc à fond dans ce secteur ».
Selon Mme Michèle Cotta, les inégalités entre les sexes sont, de ce point de vue, sans doute plus accentuées dans les médias que dans l'ensemble de l'économie.
* 19 En dehors des directeurs des ressources humaines et des directeurs de la publicité, parmi lesquels leur part atteint respectivement 42,86 % et 50 %.
* 20 Cf. annexe statistique.