B. SÉDUIRE LE LECTEUR

La crise de la presse quotidienne serait-elle avant tout une crise du contenu ? Bon nombre des personnalités auditionnées l'ont laissé entendre et le phénoménal succès rencontré par les gratuits permet de le penser.

Dans ces conditions, il convient de susciter chez les éditeurs de presse quotidienne une véritable réflexion en matière éditoriale afin que leurs titres éveillent à nouveau chez le lecteur potentiel l'envie d'acheter.

1. Créer un « Médiamétrie » de la presse

Pour séduire le lecteur, encore faut-il pouvoir connaître avec précision ses habitudes de lecture. Ce domaine a pour le moment été quelque peu délaissé par des quotidiens français forts mal dotés en matière d'études et de recherches relatives aux comportements des Français.

Votre commission suggère la création d'un « Médiamétrie » de la presse, société indépendante destinée à assurer la mesure scientifique d'audience des différents titres et la mise au point d'instruments d'étude performants.

L'indépendance de cette société serait garantie par la présence, dans toutes ses instances de décisions et dans son capital, de l'ensemble des professionnels (éditeurs, annonceurs, agences) sans qu'aucun d'entre eux ne détienne une majorité lui permettant de décider seul.

Cette société pourrait proposer des produits originaux destinés à des utilisateurs spécifiques et lancer sur le marché international des offres rendues indispensables par l'évolution des comportements du public en matière de presse.

2. Renouveler l'offre éditoriale

Afin de séduire de nouveaux lecteurs et de conserver les anciens, les quotidiens français ne semblent pas avoir d'autre alternative que de renouveler substantiellement leur offre éditoriale. Reste à savoir dans quel sens modifier cette offre !

Les personnalités entendues par le groupe de travail ont sur ce point permis de cerner les principaux reproches faits à une presse quotidienne hexagonale qui confond trop souvent qualité avec élitisme, catastrophisme, partialité voire impersonnalité.

D'une part, qualité ne signifie pas élitisme. Elle va même souvent de pair avec la pédagogie, afin de rendre l'information commentée accessible au plus grand nombre.

D'autre part, qualité ne signifie pas catastrophisme. Or le titre Aujourd'hui / Le Parisien semble depuis trop longtemps disposer du monopole des bonnes nouvelles. Placer une bonne nouvelle en « une » ne signifie pas pour autant transiger avec l'exigence journalistique.

De même, qualité ne signifie pas partialité. Dans un contexte de dépolitisation de la société, le modèle des journaux d'opinion devrait peut-être laisser place aux journaux d'investigation et d'explication. On peut en effet penser que le public attend de la presse non plus qu'elle lui dicte ses opinions, mais qu'elle lui donne au contraire les moyens de se faire sa propre opinion.

Enfin, qualité ne signifie pas impersonnalité et l'on ne peut que regretter les « signatures » auxquelles certains journaux étaient autrefois totalement identifiés comme celle de Pierre Lazareff pour France Soir , Philippe Tesson pour le Quotidien de Paris ou Serge July pour Libération .

Qualité ne signifie ni consensus, ni conformisme, ni connivence avec les pouvoirs politiques et économiques mais plutôt réactivité, proximité du journal et de ses lecteurs, interactivité, rétroaction.

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