2. Le Royaume de Bahreïn : des réformes toujours fragiles

Indépendant depuis le 15 août 1971, l'émirat de Bahreïn, devenu royaume en 2002, est dirigé par le roi Hamad bin Issa Al-Khalifa, qui a succédé à son père en 1999. Le gouvernement a pour chef Cheikh Khalifa bin Salman Al-Khalifa, oncle du roi et Premier ministre depuis les années 1970. Le prince héritier, Cheikh Salman bin Hamad Al-Khalifa, est commandant en chef des armées.

Sous l'impulsion du roi Hamad, un processus de réforme en profondeur des institutions politiques a été mis en oeuvre : libération des prisonniers politiques, abolition des lois de sûreté de l'Etat, instauration d'un Parlement bicaméral (Chambre des députés et Conseil consultatif dont les membres sont nommés par le roi), organisation d'élections municipales et d'élections législatives. Le Roi est également pionnier, dans la région, en matière de respect du droit des femmes : le droit de vote leur a été octroyé en 2001, en 2004 deux femmes ont été nommées au gouvernement, et, à l'issue des élections de novembre 2006, une femme a été élue au Parlement.

Un « dialogue national » est actuellement en cours sur la poursuite des réformes politiques, économiques et sociales . Selon d'aucuns, le partage du pouvoir traduirait une rivalité générationnelle entre le roi Hamad et son oncle, le Premier ministre, réputé plus réticent à un approfondissement des réformes. Ce processus engagé reste fragile : les résultats des dernières élections législatives ont vu la poussée des courants religieux sunnite et chiite à la Chambre des députés, au détriment du courant libéral. Le processus de réformes sociales (adoption d'un code de la famille, droit des femmes) risque de s'en trouver affaibli, même si l'opposition chiite et le gouvernement prônent tous deux l'apaisement et le consensus et que la Chambre des députés s'est prononcée en faveur de davantage de démocratisation et de transparence.

Cependant, la population est de plus en plus tentée par l'islamisme, et les tensions se font plus visibles, surtout au sein de la communauté chiite, en proie à un chômage croissant et à une forte discrimination politique et administrative.

3. La Fédération des Emirats arabes unis : dynamisme et transition

Constituée le 2 décembre 1971, la Fédération des Emirats arabes unis (EAU) regroupe sept émirats : Abou Dabi, Dubaï, Charjah, Oumm al Qaïwain, Ajman, Foujaïrah et Ras al-Khaïmah. L'émirat d'Abou Dabi, qui représente 73 % du territoire, est la clef de voûte politique, économique et militaire de la fédération. L'émir d'Abou Dabi, Cheikh Zayed Bin Sultan Al-Nahyan, fondateur emblématique de la Fédération et initiateur de l'ouverture internationale des Emirats arabes unis et promoteur, notamment, de relations très étroites avec la France, en a assuré la présidence jusqu'à son décès en 2004. Son fils, Cheikh Khalifa, lui a succédé à ce poste, devenant ainsi le deuxième président de la Fédération.

L'arrivée de Cheikh Mohamed bin Rached Al Maktoum, à la tête de l'émirat de Dubaï après la disparition de Cheikh Maktoum, son frère, et son accession aux fonctions de vice-président et de Premier ministre de la Fédération, pourrait faire évoluer le centre de gravité des Emirats. Considéré comme le véritable artisan de l'essor exceptionnel de Dubaï, Cheikh Mohamed ne souhaite pas laisser Dubaï sous la domination traditionnelle d'Abou Dabi.

Jusqu'ici peu perméable aux réformes politiques qui se mettent en place dans les pays du Golfe, la Fédération s'ouvre prudemment à l'idée d'instituer une représentation nationale élue. Ainsi, le président Cheikh Khalifa, a décidé, en décembre 2005, que le Conseil national fédéral (CNF), instance consultative dont les 40 membres étaient jusqu'ici désignés, serait désormais constitué, pour moitié, de membres élus par un collège électoral dont la répartition des membres obéit à une pondération entre émirats. Ces premières élections ont eu lieu en décembre 2006. La participation a été variable selon les émirats (60 % à Abou Dabi mais 88 % à Oumm al Qaïwain). Le nouveau Conseil national fédéral a sensiblement rajeuni et est, pour une large part, constitué de « jeunes technocrates » âgés de 30 à 40 ans. Seuls trois membres de l'assemblée précédente ont été reconduits. Une femme a été élue, et huit femmes ont été désignées.

Dubaï, plus en retrait sur le plan politique, se distingue par son dynamisme économique et commercial et son rôle de plate-forme de services dans la région comme votre délégation a pu le constater. Les émirats du Nord, plus pauvres, tentent de s'en inspirer, mais ne disposent pas, à l'évidence des mêmes atouts.

Par ailleurs, ainsi que votre délégation a pu le constater, les EAU entretiennent une relation très privilégiée avec la France , dans de très nombreux domaines dont ceux culturel et scientifique.

Un département d'enseignement du français a ainsi été créé à la rentrée 2004 à l'Université d'Al Aïn. Parallèlement, le nombre d'élèves apprenant le français, enseigné depuis 2002 dans les écoles du système scolaire public qui scolarisent les meilleurs élèves, est en nette progression : environ 50.000 élèves.

D'importants projets concernent la coopération universitaire : plusieurs établissements d'enseignement supérieur se sont implantés aux EAU, encouragés par les autorités. Ainsi, l'Université Paris-IV-Sorbonne a ouvert une antenne à Abou Dabi à la rentrée 2006. Des partenariats ont également été signés entre l'émirat et les écoles de commerce INSEAD et HEC. En outre, l'IEP de Paris a participé à la création, en 2003, d'un réseau de recherche en sciences humaines, politiques et sociales sur les pays du Golfe, Eurogolfe, avec pour objet de développer la coopération universitaire afin de permettre une meilleure connaissance de la région et de ses enjeux.

Dans le domaine culturel, un remarquable accord a été signé, le 6 mars 2007, par l'établissement public du musée du Louvre portant création d'un musée universel de 24.000 m², au sein du complexe muséographique de l'île de Saadiyat à Abou Dabi. Le Louvre et les musées nationaux français apporteront leur expertise pour la création et la gestion de ce musée. Un espace sera réservé pour la présentation temporaire d'oeuvres en provenance des collections des musées français.

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