2. La réserve naturelle des Terres australes françaises

Le décret n° 2006-1211 du 3 octobre 2006 portant création de la réserve naturelle des Terres australes françaises classe en réserve naturelle nationale les parties terrestres et maritimes des archipels de Crozet, de Saint-Paul, d'Amsterdam et de Kerguelen. La gestion de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises est confiée à l'administrateur supérieur des TAAF, le conseil consultatif des TAAF tenant lieu de comité consultatif de la réserve.

Cette réserve naturelle s'étend sur une partie terrestre de 700.000 hectares et comprend une partie marine de 1.570.000 hectares.

Selon le rapport établi par le ministère de l'écologie et du développement durable sur la réserve naturelle des Terres australes françaises, « Les Terres Australes et Antarctiques françaises constituent en nombre d'espèces et d'individus l'un des derniers et des plus spectaculaires sanctuaires de la nature sur notre planète. Elles abritent 44 espèces d'oiseaux nicheurs et 3 espèces de pinnipèdes (Manchots papous, Pétrels plongeurs, Cormorans, Goélands, Albatros, Manchots royaux....). Elles accueillent en période de reproduction plusieurs dizaines de millions d'oiseaux marins sur les îles Crozet et Kerguelen. Avec 37 espèces, les îles Crozet abritent la communauté d'oiseaux de mer la plus riche au monde . »

Par ailleurs, le sous-sol des îles Kerguelen présente un intérêt remarquable pour la recherche géologique.

Les programmes scientifiques menés depuis plusieurs décennies dans les TAAF permettent à la France de disposer de données très avancées sur l'origine de la biodiversité et les mécanismes de son maintien, les adaptations physiologiques, la structure et le fonctionnement des écosystèmes, le cycle du carbone, l'évolution des pollutions et l'histoire de la terre et des climats.

Les recherches dans ces laboratoires naturels doivent se poursuivre en dehors de toute interférence avec les activités humaines. Plusieurs espèces végétales et animales ont été introduites volontairement à des époques différentes dans les Terres australes, provoquant des dommages considérables sur la flore et la faune locales. Aussi, le décret du 3 octobre 2006 interdit-il l'introduction d'animaux et de végétaux à l'intérieur de la réserve, sauf autorisation délivrée à des fins scientifiques par le représentant de l'État. Il en va de même pour la collecte de minéraux et la circulation des véhicules.

M. Pierre Jouventin , directeur de recherche au CNRS a souhaité que la coopération entre l'IPEV et les TAAF se développe davantage, en particulier dans le cadre de la réserve des Terres australes, dont il a précisé qu'à elle seule, elle était plus grande que l'ensemble des réserves de France réunies.

M. Marc Lebouvier , chercheur au CNRS (Paimpont) a indiqué qu'une sensibilité particulière aux changements climatiques et à l'introduction d'espèces pouvait être constatée dans les contrées polaires, précisant que depuis le milieu des années 1960, la température moyenne avait augmenté de 1,3°C à Kerguelen. Considérant que les changements climatiques étaient particulièrement forts et que leurs effets pouvaient être clairement observés sur les écosystèmes, surtout terrestres, il a estimé que le changement climatique et l'introduction d'espèces étaient en interrelation. Il a été établi qu'une mouche avait pu s'installer et se développer à Kerguelen et entrer en compétition avec des mouches autochtones, grâce à une légère augmentation de la température, un changement minime de température ayant bien plus d'impact dans ces contrées que dans les régions tempérées.

Il a jugé que les zones polaires et subpolaires devaient être considérées comme des « sentinelles », à la fois pour observer l'effet des changements climatiques et pour mesurer les conséquences de l'introduction d'espèces, cause importante d'érosion de la biodiversité dans le monde.

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