5. Un prix de vente au consommateur final supérieur à celui des autres viandes

Comme l'ont fait remarquer de nombreux intervenants, la viande ovine souffre de prix élevés par rapport aux autres espèces. M. Christophe Bally, acheteur de viandes pour l'enseigne Casino, a ainsi indiqué que le taux de pénétration de cette viande, qui s'élève à 60 %, soit le plus faible de toutes les viandes, s'explique essentiellement par son prix élevé. Or, le budget alimentaire des ménages -de l'ordre de 15 % de leur budget total- est soumis à d'importants arbitrages dans lesquels les viandes blanches, moins onéreuses, sont de plus en plus préférées aux viandes rouges.

Ce constat d'un niveau de prix élevé est d'autant plus vrai pour la viande française, localisée en grande partie dans un « marché de niche », celui du haut de gamme, qui peine à trouver suffisamment de consommateurs pour écouler les stocks. Cet élément explique selon lui le fait qu'elle soit achetée majoritairement par des personnes de plus de 55 ans et ayant des revenus supérieurs, la plus grande partie des consommateurs réalisant des arbitrages en faveur d'autres espèces de viande, ou bien choisissant, au sein de l'espèce ovine, les produits de milieu ou d'entrée de gamme.

La comparaison des prix entre les productions nationales et celles venant d'autres pays rend compte de cet état de fait. Ainsi, l'agneau français est 12 à 15 % plus cher qu'un agneau anglais ou irlandais, la différence avec un agneau néo-zélandais pouvant aller de 1 à 2.

Il est frappant de constater que l'agneau français, certes vendu à des prix élevés au consommateur final et n'ayant d'ailleurs cessé de croître, n'a pas vu son prix à la production varier de façon notable depuis plus d'une trentaine d'années. Si cette évolution a profité aux intermédiaires, elle a été préjudiciable tant aux consommateurs, affectés par une hausse du prix des produits à l'achat, qu'aux éleveurs, qui ont vu leur marge diminuer.

6. La concurrence avec les autres pays producteurs

Dans la segmentation du marché de la viande ovine, la production française n'occupe qu'un créneau limité. Trois catégories de produits sont en effet couramment proposées à la vente :

- le haut de gamme, bénéficiant de signes d'identification de l'origine et de la qualité, provient essentiellement du Sud-Ouest, du Sud-Est et de l'Ouest de la France ;

- le milieu de gamme, issu de productions françaises et/ou étrangères selon les saisons ;

- l'entrée de gamme, importée exclusivement de pays tiers.

Or, le seul segment provenant quasi exclusivement de productions nationales -le segment supérieur- ne représente que 30 % du marché total. Les 70 % restants, qui constituent l'essentiel du marché, ne sont issus que pour une partie minoritaire de productions françaises. La France n'est donc pas en mesure de fournir l'intégralité de la gamme commercialisable en viande ovine.

La concurrence avec les produits étrangers est certes par trop inégale pour les produits français pour ce qui est des ventes à grande échelle opérées, par la grande distribution essentiellement, lors d'évènements ponctuels (Noël, Pâques ...) où des quantités massives sont importées de pays tiers. Les agneaux sont en effet achetés, dans ce cas, désossés, sans selle ni crosse, au même prix que l'agneau carcasse français. Cependant, il reste possible de regagner des parts de marché sur les autres segments.

Les différences de réglementation -qu'elles soient sanitaires, sociales, environnementales ...- ne sont pas sans jouer un rôle explicatif important dans les écarts de coût, donc de prix à la vente au consommateur final et, in fine , de parts de marché.

Le récent élargissement de l'Union européenne devrait accroître la concurrence pour nos productions et influer sur la formation des prix. La Bulgarie et la Roumanie, si elles sont encore loin d'atteindre les niveaux productifs et sanitaires de pays comme la France, avec respectivement 6,5 et 1,4 millions de brebis et agnelles, ont en effet un important potentiel de développement de leurs exportations. Leur essor dans l'élevage ovin pourrait intervenir dans les trois ans, avec la commercialisation de pièces découpées.

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