3. Une main d'oeuvre difficile à trouver

Cette difficulté à trouver de la main-d'oeuvre s'explique en grande partie par les conditions de travail en élevage ovin, sensiblement plus difficiles que dans les autres filières animales, et notamment qu'en élevage bovin. L'agrandissement de la taille des exploitations, décrite dans la partie « constat » du rapport, ne s'est en effet pas toujours accompagné d'une évolution des pratiques techniques et d'une réflexion concernant l'équilibre entre la charge de travail et la conduite zootechnique.

En élevage bovin, une vache égale une unité de gros bétail (UGB) 5 ( * ) , alors qu'en élevage ovin, une UGB égale six brebis, avec potentiellement six fois plus d'intervention par animal dans certains cas. Comme indiqué dans le rapport sur l'avenir de l'élevage précité, « l'insuffisante attractivité du métier d'éleveur ovin tient également aux conditions de travail difficiles qu'il impose. Il requiert en effet une grande disponibilité, notamment pour assurer le "gardiennage", et des compétences techniques qui ne s'improvisent pas ».

Conséquence de ce peu d'attrait -au moins apparent- de la profession : l'âge moyen des exploitants tend à augmenter et les jeunes à privilégier d'autres types d'élevage, considérés comme moins contraignants ou plus rémunérateurs.

Ainsi, selon les chiffres du SCEES de décembre 2006, seuls 7 % des éleveurs ovins ont moins de 35 ans, tandis que 61 % ont plus de 50 ans, 31 % ayant même plus de 60 ans.

Visitant un centre de formation professionnelle agricole faisant partie d'un pôle d'excellence rurale « structuration et valorisation de la filière ovine » en pays du Haut Limousin, vos rapporteurs ont ainsi pu constater qu'aucun des élèves rencontrés n'avait pour projet de s'investir dans l'élevage ovin, la majorité s'orientant vers l'élevage bovin.

4. Une activité économiquement peu rentable

Comparée à d'autres filières animales et, plus encore, végétales, le rendement de l'élevage ovin est relativement faible. L'Institut de l'élevage a ainsi analysé le rendement type d'un agneau de 17 kilos de carcasse, en décomposant les différents niveaux de perte.

RENDEMENT TYPE D'UN AGNEAU DE 17 KILOS DE CARCASSE CLASSÉ U3

Poids vif : 34 kg

Perte au transport : 4 %

Poids carcasse chaude : 17,4 kg

Perte au ressuyage : 2 %

Poids carcasse froide : 17 kg (rendement abattage : 50 %)

Perte de maturation : 1  %

Carcasse commercialisée : 16,8 kg (rendement viande nette commercialisable : 80 %, les 20 % de perte se composant de 10 % de déchets et de gras, et de 10 % d'os).

On constate ainsi qu'un agneau vif de 34 kilos ne permet de commercialiser que 16,8 kilos de viande, soit un rendement inférieur à 50 %. Si l'on retranche du chiffre d'affaires généré par la commercialisation de cette carcasse les divers frais intermédiaires occasionnés par les différents postes de charge, la faiblesse de la rentabilité de l'activité d'élevage ovin devient patente.

Le niveau très limité des revenus des producteurs, qui découle tant de cette faible rentabilité que du faible niveau des aides publiques à la production, constitue un frein à l'installation. Ainsi, un éleveur franc-comtois mixte a confié à vos rapporteurs : « il est malheureux, au vu des investissements et de l'effort réalisé par la filière pour installer un jeune, de dégager un revenu relativement faible de 700 euros pour le couple après dix ans de fonctionnement de l'exploitation. Nous sommes aujourd'hui obligés de travailler à l'extérieur pour subvenir aux besoins de la famille ».

Dans ces conditions en effet, la spécialisation semble impossible d'un point de vue économique et la seule solution consiste à intégrer l'atelier ovin comme une simple activité complémentaire dans l'exploitation, aux côtés d'activités principales plus rémunératrices. Le recours, comme en l'espèce, à la pluriactivité dans des domaines n'ayant parfois aucun rapport avec l'élevage, ni même avec l'agriculture, semble également de plus en plus privilégié.

* 5 Unité utilisée en statistique afin d'unifier les différentes catégories d'animaux, et basée sur leurs besoins alimentaires selon une grille d'équivalence qui permet de juger de l'importance économique et du caractère plus ou moins intensif de l'élevage. A titre d'exemple, une vache adulte = un UGB, une génisse de moins d'un an = 0,3 UGB, une brebis = 0,15 UGB).

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