II. LES CLASSEMENTS D'UNIVERSITÉS : PEUT-ON CLASSER LES CLASSEMENTS ?

La pratique du classement - qui comporte une forte connotation sportive 43 ( * ) - suppose la présence d'objets comparables , de nature homogène. Plus un classement est vaste dans son champ, plus il court le risque de comparer des objets hétérogènes et d'être perturbé par des causalités extérieures.

Pour cette raison, les classements les plus transversaux sont les plus critiquables.

A. UNE MULTITUDE DE CLASSEMENTS AUX MÉTHODES VARIÉES

Le « classement de Shanghai » est le plus connu d'une multitude de classements, généraux ou thématiques, nationaux ou internationaux, qui sont apparus au cours des vingt dernières années.

Ce type d'approche, qui paraît nouveau en France, était déjà bien connu dans d'autres pays. Les pays les plus accoutumés à la pratique des classements d'universités sont d'ailleurs ceux où le classement de Shanghai a eu le moins de répercussions médiatiques et politiques.

1. Un constat : la disparité des méthodes de classement

Les classements les plus connus sont le résultat de combinaisons subjectives d'indicateurs. Loin d'être scientifiquement « neutres », ils résultent de choix de méthode reflétant des orientations de fond . Le choix des indicateurs emporte en effet un jugement normatif sur ce que devraient être un enseignement et une recherche de qualité.

De façon assez étonnante, l es principaux classements internationaux ont peu de points communs entre eux. Ils ont chacun leur propre système d'indicateurs et de pondérations. L'origine de ces différences de méthode n'est pas claire : reflètent-elles des choix légitimes, et distincts selon les pays, sur ce que devraient être les priorités de l'enseignement supérieur, ou traduisent-elles seulement l'existence de préférences propres à leurs auteurs (médias, institutions publiques ou privées...) ?

La disponibilité, variable selon les pays, des indicateurs, pourrait également expliquer pour partie les écarts de méthode constatés . S'agissant des classements internationaux, cette question de la disponibilité d'indicateurs homogènes pour chaque pays est d'une acuité particulière.

TYPOLOGIE DES INDICATEURS UTILISÉS POUR LE CLASSEMENT DES UNIVERSITÉS

Type d'indicateurs

Exemples de classements les utilisant

Acquis des étudiants à leur arrivée dans l'université considérée

Maclean's (Canada), US World and News Report (États-Unis), La Republicca (Italie)

Moyens mis en oeuvre par les universités (« learning inputs ») : moyens matériels, financiers et humains à disposition des étudiants

TH-QS (international), US World and News Report, Excelencia (Espagne), La Repubblica, Maclean's

Résultats obtenus (« learning outputs ») en termes d'expérience et de capacités des étudiants

Shanghai (international), La Repubblica, US World and News Report, Maclean's

Résultats finaux (emploi, salaires...)

Financial Times

Recherche

Shanghai, TH-QS, La Repubblica

Réputation (auprès des étudiants, des chercheurs ou des entreprises)

TH-QS, US World and News Report, Maclean's

Source : Usher et Savino (2006)

* 43 Comme en atteste l'emploi, en anglais, du terme « league tables ».

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page