B. L'EXPLOITATION HASARDEUSE DES COUCHES GÉOGRAPHIQUES DISPONIBLES

Dans un document émanant du MNHN, sur les milieux à composante humide, on a tenté de pallier les lacunes de la cartographie à l'échelle nationale, en exploitant les couches géographiques disponibles, à savoir :

- les ZNIEFF de première génération ;

- les propositions de sites d'intérêt communautaire ;

- la base de données « Corine Land cover » issue de l'exploitation d'images satellitaires prises en 2000. Cette base de données, élaborée dans le cadre du programme européen CORINE, a l'ambition de rassembler des données géographiques de 29 Etats européens, ainsi que des zones littorales du Maroc et de la Tunisie et de présenter, pour la France, des informations plus cohérentes avec la « BD carto» de l'I.G.N. 5 ( * ) .

Selon le document précité, on s'est livré à une synthèse de données hétérogènes : en effet, il est indiqué qu'« on a tenté de quantifier l'importance des milieux humides » dans chacune des couches d'information recueillies, en se référant aux « codes des nomenclatures qui doivent être considérés comme humides ».

Une méthode qui passe sans précaution particulière du constat de la réalité à la normalisation suscite quelques interrogations. Ces dernières ne sont pas apaisées, loin s'en faut, par le discours explicitant les modalités de réalisation de la synthèse finale, obtenue en agrégeant certains éléments des diverses couches d'information géographique qui, pour certaines d'entre elles, comportent, selon les dires des auteurs, une quantification biaisée.

L'hétérogénéité des dates, des échelles et des critères de délimitation et de cotation des zones humides n'a pas constitué un obstacle à la production d'une carte de synthèse dont le caractère scientifique laisse perplexe.

Au regard du corpus juridique précédemment décrit, cette démarche suscite des réserves, dans la mesure où elle pourrait éventuellement conduire à se dispenser des études préalables sérieuses et contradictoires effectuées notamment dans les procédures de SAGE ou lors de l'élaboration des DOCOB des sites Natura 2000, voire de la délimitation d'une éventuelle « trame verte-trame bleue », alors que la démarche pragmatique peut seule emporter la conviction des populations et des parties prenantes des programmes environnementaux.

* 5 Base de données cartographiques de l'Institut géographique national.

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