F. QUELS SONT LES ENSEIGNEMENTS DE L'EXPÉRIENCE DE LA COMMISSION POUR L'AVENIR DE LA FINLANDE POUR LA DÉLÉGATION SÉNATORIALE À LA PROSPECTIVE ?
L'expérience de la commission pour l'avenir du Parlement finlandais n'est pas totalement transposable au Parlement français du fait des différences importantes qui existent entre la France et la Finlande :
- différences quant à la taille du pays (5 millions d'habitants) et au fonctionnement de la vie politique (pas d'incompatibilité entre les fonctions parlementaires et ministérielles, pas de cumul des fonctions nationales et locales etc....) ;
- différences quant aux méthodes et aux structures parlementaires (Parlement monocaméral, traitement dans une structure unique de la prospective et de l'évaluation des choix scientifiques et technologiques qui, en France, est confiée à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques - OPECST - commun à l'Assemblée Nationale et au Sénat).
Néanmoins l'expérience de la Finlande est intéressante à plus d'un titre.
1. Tout d'abord, la longévité et l'intérêt des travaux de la Commission finlandaise pour l'avenir confirment la réalité de la prospective comme démarche parlementaire . Ils confortent la position du Président Gérard Larcher, de faire de la prospective une des trois missions essentielles du Sénat à côté de l'élaboration de la loi et du contrôle de l'action du gouvernement. Ils confirment l'utilité de la décision prise par le Sénat de créer une délégation à la prospective.
2. Ils montrent aussi l'importance de la constitution d'un réseau de prospective associant le Parlement, le gouvernement et les ministères, les entreprises, les centres de recherche, les partenaires sociaux, qui réfléchissent en commun à l'anticipation des évolutions de la société. Cette démarche pluraliste et consensuelle permet de remédier à l'éparpillement, voire aux contradictions, de politiques menées séparément sans vision d'ensemble. Le long terme élargit le champ de vision. Il rassemble aussi dans des projets partagés.
3. D'autre part le pragmatisme de la démarche finlandaise est sans doute le gage d'une plus grande réactivité dans un monde incertain. Les contraintes sur la formation des jeunes soumise aux évolutions rapides du monde technologique et industriel ou les conséquences du vieillissement de la population sur l'avenir des emplois à la personne sont deux exemples parmi bien d'autres. La réactivité doit s'entendre dans la remise en cause permanente des formalismes ou des habitudes qui font obstacle aux adaptations rendus indispensables par le nouvel environnement sociétal et international.
4. Par ailleurs c ertaines méthodes de travail adoptées par le Parlement finlandais, par exemple dans le mode de pilotage des travaux de prospective, pourraient sans doute être utilement expérimentées au Sénat français , notamment par un décloisonnement des réflexions menées par la délégation à la prospective par rapport aux commissions permanentes ou autres délégations. C'est sans doute une des conditions principales pour permettre l'acclimatation des méthodes prospectives au sein du Sénat.
5. Enfin cette expérience finlandaise conduit à réfléchir sur les suites qui pourraient être données aux rapports de prospective du Sénat et aux relations qui pourraient s'établir en la matière entre le gouvernement et le Parlement. L'organisation annuelle d'un débat sur un rapport de la délégation à la prospective du Sénat ou sur une réflexion de long terme de l'Exécutif (comme l'a été la réflexion « France 2025 ») serait certainement de nature à inciter le gouvernement à mieux dialoguer avec le Parlement dans le domaine des futurs.