B. VULNÉRABILITÉ PHYSIQUE

Je vous illustre ici la vulnérabilité physique, mais on peut penser aussi à la vulnérabilité fonctionnelle, sociale ou économique.

La vulnérabilité physique est l'endommagement direct. Comment un séisme peut-il affecter un bâtiment ? Comme cela a été dit, selon l'échelle d'observation, on peut avoir des niveaux de vulnérabilité différents. On peut très bien décider, à une très grande échelle, de se baser sur les observations qu'on peut avoir dans différents pays qui ont expérimenté un séisme. On peut aller plus précisément au niveau d'un bâtiment individuel et faire des études très spécifiques.

Il ne faut pas avoir l'idée qu'on peut analyser la réponse sismique d'un hôpital ou d'un bâtiment important, d'une manière statistique. Il est indispensable de faire des études très spécifiques. Visiter le bâtiment ne suffit parfois pas.

Pour les évaluations des vulnérabilités à différentes échelles, il existe des niveaux de précisions plus ou moins différents qui sont connus des gens qui appliquent ce genre de méthodologie. On peut se baser sur les données statistiques, ce qui est souvent utilisé pour définir le degré d'endommagement. Selon telle information statistique ou telle observation, on peut mettre différentes typologies de bâtiment et leur affecter des degrés de dommages différents, selon l'agression qu'on attend.

On peut aussi aller plus loin et essayer d'avoir une approche d'ingénieur plus mécanistique. Il s'agit d'évaluer la réponse, pas en bâtiments stratégiques et spécifiques, mais pour un ensemble d'habitations pour lequel on peut donner des courbes de vulnérabilité ou de fragilité.

C. CPER ET GEMITIS

Pour parler plus précisément de la Martinique, un certain nombre d'actions a été mené depuis plusieurs années, comme cela a été dit dans les exposés précédents. Je veux citer en particulier les actions dans le cadre de CPER et GEMITIS. Ces scénarios ont défini des catastrophes naturelles majeures. Les scénarios CPER et GEMITIS Antilles avaient pour but de sensibiliser la population, et plus encore les pouvoirs publics, de faire une promotion de la construction parasismique, d'aider à la mise en place des PPR.

Pour cela, on a utilisé plusieurs scénarios de séismes : lorsqu'on utilise des scénarios, on peut très bien imaginer des séismes réels ou fictifs. Entre les scénarios S1 a et S1 b, on a décidé de voir ce qui se passe si la magnitude est supérieure, comme cela a probablement été observé en 1839. On peut aussi inventer des séismes raisonnables, scientifiquement acceptables et les utiliser pour avoir une idée de ce que pourrait être l'impact d'un séisme dans une région donnée.

Ce tableau représente les exemples pour le scénario S1 a. C'est le séisme de 1839, au sens « réel ». Il n'y avait pas d'observations, mais en fonction des données historiques, on peut estimer le séisme à peu près à cette magnitude. Les différents degrés de dommages sont représentés : D5 est l'effondrement; D4 est un taux d'endommagement suffisamment important. En posant cela, on arrive à un taux de destructions approximatif de 5 500 bâtiments en Martinique. En fonction de l'ordre de l'événement et en fonction des données statistiques, on peut avec l'occupation des logements et des bâtiments affectés, arriver à un nombre de victimes éventuelles.

Vous voyez ensuite que selon les différents scénarios, on peut avoir des résultats assez différents. Si vous regardez les deux premières lignes du deuxième tableau, vous voyez qu'en passant d'une magnitude 7.5 à 8.0, on peut pratiquement imaginer que le nombre de bâtiments largement affectés peut doubler. On est vraiment dans une zone sensible, où peu de variations peuvent avoir des conséquences. Il faut cependant prendre ces informations comme des informations générales et les chiffres auraient pu être arrondis. On n'est pas vraiment dans un ordre de grandeur de précision.

Les différents scénarios permettent aussi de cibler un certain nombre d'éléments exposés. On peut, par exemple, ici se concentrer sur ce qu'un séisme de cette nature peut provoquer sur les mairies, la préfecture et les sous-préfectures. On peut décider par exemple de regarder les casernes de gendarmerie pour savoir comment elles peuvent réagir. On peut regarder les casernes de pompiers ou des lycées, selon l'objectif que nous avons en utilisant cette approche par scénario. Comme je le disais, il est indispensable pour les bâtiments d'une certaine importance de faire une étude spécifique et non pas se contenter de données ou d'informations approximatives.

Je vais vous parler en deux ou trois transparents des scénarios pour la gestion de crise. Philippe Cova vous en parlera plus. Nous avons entendu quels scénarios étaient utilisés pour la gestion de crise.

Quel est l'objectif de ces scénarios ? Il ne s'agit pas de donner l'information générale pour l'aménagement ou pour le renforcement de l'acquis existant, mais de donner plutôt des outils aux services de la sécurité civile et plus généralement à tous les intervenants lors de la crise, pour pouvoir imaginer ce que pourrait être un événement et se préparer en fonction de cela. Par exemple pour la préparation ORSEC en 2005, et plus tard pour l'exercice Richter Antilles. J'imagine que Philippe Cova va en parler, donc je n'insiste pas, mais nous avons fourni des scénarios de séismes qui ont servi à localiser des destructions. L'objectif de ces scénarios n'est pas un aménagement de territoire, mais de permettre d'organiser les secours. Nous avons un programme sur la Martinique, qui consiste à réaliser des scénarios départementaux. Cela n'a pas encore été fait.

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