3. La réconciliation et le dialogue politique entre les pays de l'ex-Yougoslavie

La volonté affichée des États issus de l'ex-Yougoslavie d'oeuvrer en faveur de la réconciliation dans la région s'est traduite notamment par la participation d'un certain nombre de responsables politiques à de nombreuses cérémonies du souvenir. La mise en place d'une commission régionale chargée d'établir la vérité sur les crimes de guerre et d'honorer la mémoire des victimes (RECOM) participe également de cet effort.

La commission des questions politiques estime néanmoins que la situation varie considérablement d'un pays à l'autre, le discours sur la guerre demeure une source réelle de conflits potentiels.

M. Bernard Fournier (Loire - UMP) a, à cet égard, souligné la nécessité de faire évoluer les opinions publiques :

« Plus de quinze ans après les accords de Dayton et plus de dix ans après la fin du conflit au Kosovo, les Balkans occidentaux entrent enfin dans une nouvelle ère marquée par le développement de relations bilatérales apaisées entre les anciens belligérants.

Je ne mésestime pas ce qui a pu être fait depuis la disparition du régime de Miloeviæ en faveur d'un rapprochement entre les peuples. Je songe, par exemple, au Forum interparlementaire de Cetinje qui permet à nombre de nos collègues représentant les pays de l'ex-Yougoslavie de se réunir et de débattre sur les sujets d'importance régionale.

Je serai néanmoins tenté de dire que ce type de coopération technique masque l'absence de réelle avancée symbolique, capable de dépasser les années de guerre. La vie politique des États de cette région demeure par trop polluée par des références à un passé sanglant, prêtant le flanc à un conflit des mémoires peu compatible avec la nécessité de se projeter vers l'avenir.

L'année 2010 est venue, à cet égard, marquer une rupture. L'adoption, en mars, par le Parlement serbe, d'une résolution condamnant le massacre de Srebrenica, suivie en juillet d'une visite du Président Tadiæ sur le site de Potocari, a eu une portée indéniable. Les excuses en novembre de l'État serbe devant le mémorial d'Ovèara, en Croatie, participent du même effort.

Ces manifestations officielles sont un préalable indispensable à une évolution des opinions publiques sur le sujet. Il s'agit désormais pour les gouvernements de traduire de telles intentions dans leur action quotidienne.

Le cas de la Bosnie-Herzégovine est, sans doute, le plus emblématique du nécessaire travail de dépassement du réflexe mémoriel. S'en affranchir permettrait au pays de surmonter les divisions qui l'empêchent de devenir un véritable État, sans tutelle internationale. Sa possible intégration au sein de l'Union européenne est, me semble-t-il, à ce prix.

L'intervention du Conseil de l'Europe dans ce dossier n'est pas anodine. Quelle autre institution incarne mieux la volonté de dépasser les conflits passés et d'oeuvrer pour une réconciliation autour des valeurs fondamentales ? Née dans l'immédiat après-guerre, notre Organisation a été un formidable accélérateur en vue de créer une véritable fraternité européenne. Les pays issus de l'ex-Yougoslavie devraient sans doute réfléchir à un avatar local du Conseil, réunissant les ex-belligérants, en prenant notamment appui sur le Forum de Cetinje, et en renforçant parallèlement les échanges entre les exécutifs locaux.

Le but est bien évidement de faire avancer les sujets techniques mais, surtout, de créer les conditions de l'émergence d'une idée commune aux Balkans, d'une identité propre respectant la sensibilité et l'indépendance de chacun de ses membres. La traduction concrète d'une telle philosophie pourrait notamment être la rédaction d'un manuel d'histoire commun à tous les États de la région. »

La résolution adoptée par l'Assemblée invite les États membres concernés à développer leur coopération en ce qui concerne la recherche des personnes disparues, la poursuite des criminels de guerre présumés et l'aide aux individus déplacés. Dans le même temps, le texte appelle de ses voeux un règlement rapide du problème des frontières entre ces pays. L'intensification du dialogue entre les Parlements de la région devrait faciliter la mise en place de telles coopérations. La résolution insiste, en outre, sur la nécessité de renforcer les institutions démocratiques en Bosnie-Herzégovine et appelle les autorités nationales à mettre en oeuvre les réformes constitutionnelles nécessaires.

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