E. INTERVENTION DE M. BORIS TADIÆ, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE SERBIE

Président de la République de Serbie depuis 2004, M. Boris Tadiæ était invité par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe à venir exposer les réformes entreprises dans son pays en vue, notamment, d'une prochaine adhésion à l'Union européenne.

Aux yeux de M. Tadiæ, dix ans après la chute de Slobodan Milosevic, la Serbie est confrontée à plusieurs défis. Le premier d'entre eux réside dans la mise en conformité des normes nationales avec celles de l'Union européenne. L'objectif de Belgrade est en effet d'adhérer à court terme à l'Union européenne.

Dans le même temps, la Serbie entend participer au processus de convalescence de la région qui doit se poursuivre. Le président serbe a, à cet égard, mis en avant les nombreux échanges en ce sens avec le voisin croate. La reprise des discussions sur le tracé des frontières avec Zagreb après sept ans d'interruption constitue une étape primordiale. Partisan de l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, M. Tadiæ entend contribuer à la mise en place d'un gouvernement stable à Sarajevo. Rappelant son refus de reconnaître l'indépendance du Kosovo, le président serbe a néanmoins insisté sur le dialogue qui devrait se nouer dans les prochaines semaines entre Pristina et Belgrade. Sur ce même sujet, M. Tadiæ a tenu à saluer le texte adopté la veille par l'Assemblée concernant les allégations de trafic d'organes et appelé de ses voeux une enquête internationale sur la question.

Par ailleurs, le chef de l'État serbe a estimé qu'un certain nombre de problèmes auxquels était confronté son pays concernait l'ensemble du continent. Il a ainsi mis l'accent sur le droit des minorités ou la lutte contre le crime organisé.

M. Bernard Fournier (Loire - UMP) a, à cet égard, souhaité l'interroger à ce dernier sujet :

« La stabilité qui caractérise depuis quelques années, Monsieur le Président, la vie politique de votre pays, la recherche de solutions à l'épineux problème kosovar, la décentralisation que vous avez su mener à bien ont conduit la Commission européenne à saluer vos efforts dans son dernier rapport d'étape. Je note cependant que des progrès demeurent à accomplir en matière de lutte contre la corruption, de réforme de votre système judiciaire et de prévention de la torture, des mauvais traitements et de l'impunité.

J'entends donc connaître, Monsieur le Président, les intentions de votre pays dans ces trois domaines.»

Le président serbe a souhaité insister dans sa réponse sur la dimension régionale de la question :

« La réforme des instances judiciaires est une question-clé dans tous les Balkans. Réformer la justice, cela permet de jeter les fondements de la prééminence du droit. Nous y attachons un grand prix, et nous espérons que nos voisins feront également tout le nécessaire en la matière. La réforme de la justice dans les Balkans, c'est effectivement un élément essentiel pour nous rapprocher de l'Union européenne. Nous sommes, dirai-je, à mi-parcours de notre processus de rapprochement.

Nous essayons de mettre en oeuvre des solutions que nous proposons aussi aux autres pays. Il s'agit de créer de nouveaux systèmes, chez nous, chez eux. Il serait bon, évidemment, d'avoir des systèmes garantissant une interopérabilité et, qui permettent vraiment que le droit s'impose partout dans la région. C'est une condition sine qua non d'une lutte efficace - je le disais tout à l'heure - contre la criminalité organisée. N'oublions pas non plus tout ce qui relève de la lutte contre la corruption et le crime économique. Nous devons aussi vraiment harmoniser notre développement économique et culturel. Ici même, hier, vous avez beaucoup parlé de la justice et de la nécessité d'enquêtes crédibles. Vous savez très bien que rien n'est jamais acquis, que rien n'est jamais achevé.

Cela vaut pour notre région, cela vaut pour plusieurs entités, et nous espérons pouvoir avancer pour accomplir notre mission et atteindre nos objectifs. »

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