D. UNE POLITIQUE VICTIME DE SON SUCCÈS ?

1. Des services de garde en tension

Malgré les investissements consentis dans l'extension du réseau, les services de garde peinent toujours à répondre aux demandes entraînées par le nouveau « baby-boom » québécois ; une fois l'objectif des 220 000 places de gardes à tarif réduit atteint dans le courant de l'année 2011, on estime qu' il manquerait encore environ trente-cinq mille places à contribution réduite 33 ( * ) , à comparer aux quinze mille nouvelles places annoncées d'ici à 2013. Cette tension explique, en particulier, le développement continu des services de garde non subventionnés qui, bien que toujours marginaux, ont vu leurs capacités d'accueil doubler au cours des cinq dernières années.

Au-delà de cette problématique générale, deux autres interrogations pèsent aujourd'hui sur les réseaux de garde :

- la difficulté à satisfaire les besoins de garde à des horaires atypiques , alors même que les formes de travail à horaires décalés progressent, oblige à repenser l'offre ;

- les autorités sont également tenues de répondre à l'exigence croissante des parents en matière de qualité d'accueil des enfants et de développement des programmes éducatifs ; de ce point de vue, la création des bureaux coordonnateurs en 2005, censés garantir un haut niveau de prestations de l'accueil en milieu familial, n'a jusqu'à présent que peu modifié l'appréciation portée par les parents sur ce mode de garde.

2. Des coûts croissants pour la collectivité

Si l'effort financier engagé depuis 1997 en direction des familles n'est globalement pas remis en cause, la maîtrise des coûts des différents programmes constitue, dans la perspective du retour à l'équilibre budgétaire de la province 34 ( * ) et malgré la hausse des naissances, un impératif.

Ainsi les sommes importantes mobilisées par la collectivité pour financer les services de garde à contribution réduite sont parfois pointées du doigt, les coûts de gestion historiquement plus élevés des CPE étant plus particulièrement visés 35 ( * ) ; certains économistes soulignent pourtant que le coût brut des places à 7 $ doit être diminué, pour une moitié environ, du surcroît de recettes fiscales résultant de la participation des jeunes parents au marché du travail.

En outre, le gain pour les familles en termes de bien-être, par nature non aisément quantifiable, est pourtant bien réel, comme en attestent toutes les enquêtes de satisfaction sur le sujet 36 ( * ) . Le même raisonnement, fondé sur la rentabilité de l'investissement tant du point de vue du bénéfice économique que du surcroît de bien-être pour les nouveaux parents, pourrait du reste être tenu pour justifier le déséquilibre du régime d'assurance parentale.


* 33 Selon l'évaluation de l'association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) (décembre 2010).

* 34 Attendu par le Gouvernement du Québec pour le budget 2013-2014 ; après 3,2 milliards de dollars en 2009-2010, le déficit pour 2010-2011 devrait atteindre 4,2 milliards, puis être graduellement ramené à 3,8 milliards en 2011-2012 et à 1,5 milliard de dollars en 2012-2013 (prévisions du ministère des finances du Québec, mars 2011).

* 35 Ce différentiel de coût s'explique notamment par la nécessité, pour les CPE, de disposer d'un conseil d'administration et par la présence d'un personnel plus important. Certaines associations cherchent aujourd'hui à optimiser leur modèle de gestion, par exemple en augmentant le nombre d'installations gérées par un même centre afin de mutualiser les personnels de direction.

* 36 Pour ne prendre que l'exemple du régime québécois d'assurance parentale, 99 % des usagers se disent satisfaits (35 %) ou très satisfaits (64 %) du service rendu (enquête de satisfaction, RQAP, 2009).

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