2. La sécheresse de 2011 : une catastrophe dont la filière n'avait pas besoin

Le mois d'avril 2011 a été marqué par un phénomène climatique exceptionnel : la quasi absence de pluies, combinée à des températures anormalement élevées, a plongé le pays dans une situation de sécheresse, à un moment où la pousse de l'herbe était sensée être la plus forte.

Les éleveurs subissent un double effet : d'une part, les prairies ne suffisent plus à l'alimentation des bovins mis à l'herbe et, d'autre part, la pousse sur les prairies destinées au fauchage est insuffisante, entraînant un déficit futur de stocks de fourrages .

La situation est certes variable selon les zones géographiques, mais peu de régions d'élevage ont échappé au phénomène. Les précipitations intervenues fin mai et en juin pourraient permettre une repousse progressive de l'herbe, mais certains éleveurs ont déjà été contraints de puiser dans les stocks d'hiver pour alimenter le bétail, dans un contexte où les prix des fourrages grimpent.

D'après l'Institut de l'élevage, la sécheresse aurait occasionné la perte de 15 millions de tonnes de fourrages, soit 1 tonne de matière sèche par unité gros bovin (UGB), cheptel laitier et cheptel bovin-viande confondus 13 ( * ) .

L'impact de la sécheresse est difficile à mesurer instantanément. En réalité, un tel évènement climatique entraîne une décapitalisation, les éleveurs craignant de ne plus disposer de rations suffisantes pour l'engraissement des animaux.

Celui-ci est également ralenti, et le phénomène de croissance compensatrice, que l'on observe en cas de baisse temporaire des rations, sur quelques semaines, est susceptible de moins jouer.

Face à la sécheresse, le Gouvernement a décidé de permettre le fauchage des jachères et a encouragé la mise en place d'échanges de paille entre éleveurs et céréaliers, en facilitant la logistique nécessaire pour le transport du fourrage. La lutte contre les effets de la sécheresse passe également par un report des échéances de remboursement des éleveurs qui avaient bénéficié du plan exceptionnel de soutien à l'agriculture (PSEA) et la mobilisation du fonds de garantie des calamités agricoles, appelé désormais fonds national de garantie des risques en agriculture.

Il est trop tôt pour mesurer les effets de la sécheresse de 2011 sur les résultats économiques de la filière mais ceux-ci seront probablement significatifs. La sécheresse vient aggraver une situation déjà dégradée.


* 13 Source : Lettre de conjoncture de l'Institut de l'élevage, numéro 214, juin 2011.

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