C. UNE STABILITÉ POLITIQUE RETROUVÉE

L'Argentine est une République fédérale dotée d'un régime présidentiel . La Constitution date de 1853 et a été révisée à plusieurs reprises en 1860, 1866, 1898, 1957 et 1994.

Le président est élu au suffrage universel direct pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois. Le candidat qui obtient au premier tour plus de 40 % des voix, avec une marge de plus de 10 % sur son principal rival, est déclaré élu selon l'article 98 de la Constitution.

Le pouvoir législatif appartient au Congrès, composé d'une Chambre de 257 députés renouvelée par moitié tous les deux ans, et d'un Sénat, renouvelé par tiers tous les 2 ans, de 72 membres élus dans chaque province (3 sièges dont un réservé au parti arrivé second à l'élection).

L'Argentine est un État fédéral : les 23 provinces et la capitale fédérale de Buenos Aires sont dirigées par un pouvoir exécutif élu pour quatre ans au suffrage universel direct (le Gouverneur et le vice-Gouverneur) et des assemblées régionales. La Constitution réserve au pouvoir central (la Nation) les compétences régaliennes (affaires extérieures, défense, monnaie, crédit). L'essentiel des impôts est recouvré par le pouvoir central et redistribué aux provinces et aux municipalités qui pourvoient aux biens et services publics.

La Cour suprême coiffe l'ensemble du système judiciaire. Ses membres, nommés par le Président de la République, sont confirmés par un vote du Sénat à la majorité des deux tiers.

1. Principaux groupements et partis politiques

- Le Mouvement National Justicialiste , ou Péroniste est le principal mouvement de masse argentin. Il a été créé autour de Juan Perón en 1946 et regroupe plusieurs mouvements de gauche et de droite. Il détient aujourd'hui la majorité des sièges au Parlement (97 sièges sur 257 à la Chambre des Députés ; 36 sièges sur 72 au Sénat).

- Le Parti Radical , ou Union Civique Radicale est le parti de centre gauche. Fondé en 1891, il regroupe des libéraux centristes et des sociaux-démocrates. Il a donné plusieurs présidents à la République argentine, dont Raúl Alfonsín (1983-1991). Second parti représenté au Parlement (80 sièges sur 257 à la Chambre des Députés). Ses deux dirigeants sont MM. Raul Alfonsin et Julio Cobos.

- Propuesta Republicana (PRO) est une coalition de partis argentins de droite dissidents du péronisme, fondée en mai 2005, qui rassemble « Compromiso para el Cambio » (dirigé par Mauricio Macri), « Recrear para el Crecimiento » et le « Parti fédéral ». Ses autres figures marquantes sont M. Fransisco Sola et Fransisco de Narvaez.

- Coalition Civique est une coalition politique centriste, fondée en avril 2007 pour lancer la candidature à la présidentielle de Mme Elisa Carrió, qui obtint 23 % des suffrages. Classée au centre-gauche, un débat persistant oppose ceux qui la classent à droite et ceux qui la placent à gauche de l'échiquier politique.

2. Une politique vouée à l'intégration sociale

Dix ans après, l'Argentine n'a pas oublié la profonde crise économique, sociale et politique de 2001-2002, qui avait entraîné des protestations populaires historiques et précipité le pays au bord du chaos. Élu Président de la République en avril 2003, Nestor Kirchner a réussi à remettre le pays sur pied, à la faveur d'une croissance économique rapide et stable. Il a été également l'artisan de l'abrogation en 2005 des lois d'amnistie, ouvrant la voie à un travail de mémoire inédit et aux procès des tortionnaires de la dictature.

Cristina Fernandez de Kirchner a succédé à son époux en remportant l'élection présidentielle le 28 octobre 2007 , dès le premier tour (45,25 % des voix), devant Elisa Carrio (22,9 %) et Roberto Lavagna (16,9 %). Elle s'est heurtée, dès mars 2008, au monde agricole hostile au projet d'augmentation des taxes sur les exportations de céréales (« retenciones »), en définitive rejeté grâce à la voix décisive de Julio Cobos, vice-président de la Nation argentine et président du Sénat. Le parti justicialiste a perdu les élections législatives de juin 2009, tout en demeurant néanmoins la principale force politique du pays. Un an après l'installation de la nouvelle chambre en mars 2010, l'opposition majoritaire n'a pas réussi à surmonter ses divisions et s'est avérée incapable de contrarier l'action du gouvernement.

La politique sociale a constitué l'axe majeur de Nestor puis de Cristina Kirchner, qui ont introduit en Argentine un modèle économique à vocation d'intégration sociale, communément désigné comme le « modèle K ». Ce dernier a permis l'adoption de plusieurs réformes sociales importantes comme le plan « Argentina trabaja » (destiné à générer 300 000 emplois), le plan « familias » (qui regroupe différents plans destinés à venir en aide à 700 000 familles) ou la création d'une allocation universelle par enfant. Le budget du ministère du développement social, chargé de mettre en oeuvre ces mesures, a crû de 360 millions à 2,8 milliards d'euros, entre 2003 et 2010. L'opposition critique régulièrement la politique sociale du gouvernement, l'assimilant à de l'assistanat, qui bénéficierait principalement aux municipalités favorables au pouvoir. Les droits de l'Homme constituent un autre axe essentiel de la politique mise en oeuvre depuis 2003. L'implication du couple présidentiel a été décisive dans l'ouverture des procès des tortionnaires de la dictature, au mois de novembre 2009. Parmi les autres réalisations impulsées par Mme Kirchner, on citera la loi de novembre 2009 sur le système politique et électoral (organisation de primaires obligatoire pour les candidats au scrutin présidentiel), celle de novembre 2009 sur le secteur audiovisuel (forte réduction des pouvoirs des puissants groupes de media), ou encore celle d'octobre 2010 sur le mariage homosexuel. La présidente Cristina Kirchner a déploré la faible activité législative depuis que la nouvelle chambre a pris ses fonctions en mars 2010, en relevant que plusieurs projets de textes législatifs importants n'aient toujours pas été présentés, notamment sur le statut du travailleur rural, la propriété de la terre, le blanchiment d'argent ou l'adoption.

La disparition brutale de Nestor Kirchner le 28 octobre 2010 a incontestablement constitué un tournant majeur dans la vie politique argentine : depuis cette date, la présidente a gagné en popularité et les sondages la placent largement en tête des intentions de vote. Elle vient d'annoncer qu'elle se portera candidate à sa propre succession pour l'élection présidentielle du 23 octobre 2011 . Des primaires seront organisées par les différents partis politiques le 14 août 2011, pour départager ses principaux opposants, qui pourraient être MM. Mauricio Macri ou Felipe Sola (« Union Pro », tendance péroniste) ; MM. Julio Cobos ou Ricardo Alfonsin (parti radical) ; MM. Daniel Scoli, Francisco de Narvaez ou Carlos Reutmann (dissidence péroniste) ou encore Mme Elisa Carrió (Coalition Civique).

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