D. DES ATOUTS ÉCONOMIQUES

Après la crise dévastatrice de 2002 (chute du PIB de 10,9 % en 2002), l'Argentine a su rétablir une structure macroéconomique satisfaisante. Elle a connu une croissance rapide et stable (8,5 % en moyenne de 2003 à 2008, 9 % en 2010) grâce à l'augmentation considérable des prix des matières premières agricoles, qui représentent 55 % des exportations argentines, et grâce à une politique d'accroissement des dépenses publiques pour soutenir la demande interne.

Le solde de sa balance commerciale (12 milliards de dollars US en 2010, soit 3,5 % du PIB) et de la balance des paiements (3,7 % du PIB) est positif. Hors année 2009, l'excédent budgétaire a représenté 1,5 % du PIB en moyenne sur la période 2004-2009. Le ratio dette-PIB a continué à baisser grâce à la croissance du PIB (48 % en 2009) et à une quasi-stabilisation de la dette en valeur absolue. Enfin, la Banque centrale a connu une augmentation importante (10 %) de ses réserves qui atteignent 51 milliards. L'inflation, estimée officiellement à 8 % mais qui atteindrait 25 % selon certains experts indépendants, est le seul point noir.

L'économie argentine a été affectée par la crise financière internationale de l'automne 2008, sans commune mesure toutefois avec le précédent de 2001. Elle a connu une contraction du PIB en 2009, sous le double effet d'une baisse importante de la demande interne et d'une réduction sensible de la demande externe, qui s'est accompagnée d'une réduction de l'excédent de balance des paiements courants (autour de l'équilibre) et des finances publiques (déficit de l'ordre de 2 % par rapport au PIB). L'Argentine a pleinement profité en 2010 de la très bonne tenue des prix des matières premières agricoles et du dynamisme du marché brésilien. A 370 milliards de dollars, le PIB s'élève à près de 10 000 dollars par habitant. Les prévisions de croissance pour 2011 vont de 5 % à 7 %.

En matière de politique monétaire, la Banque centrale intervient régulièrement pour maintenir la valeur de change du peso.

L'Argentine s'est placée en marge de la communauté financière internationale depuis la crise de 2002, mais la situation a évolué au cours de l'année 2010. Les autorités ont réussi à négocier un plan de restructuration de la dette privée sous la forme d'un rachat de dette assorti d'une décote de 65 %, qui a été accepté en septembre 2010 par 92 % des créanciers. Des négociations ont commencé en décembre 2010 pour le remboursement de la dette publique, dans le cadre du Club de Paris.

L'année 2011 devrait voir se poursuivre les négociations entamées avec le Club de Paris pour solder les quelques 9 milliards de dollars qui restent dus et empêchent jusqu'ici l'Argentine de bénéficier des crédits-exports. Faute de recours possible aux marchés, l'Argentine doit s'autofinancer, ce qu'elle réussit à faire grâce à un solde courant structurellement excédentaire, le dynamisme et les prix agricoles aidant.

Fruit de cette politique de « désendettement », le risque pays a fortement diminué depuis 2 ans, mais demeure à plus de 400 points de base, un des niveaux les plus élevés d'Amérique latine.

L'équilibre des finances publiques apparaît, malgré le recours aux financements « nouveaux », plus complexe à assurer : même dopées par la croissance, les recettes pourront difficilement suivre le rythme de l'augmentation des dépenses publiques (+ 40 % par an) qui ne devrait pas connaître de répit en 2011, année électorale.

La coexistence de l'inflation à deux chiffres (encouragée par l'indexation salaires-prix et nourrie par la création monétaire : + 25 % en rythme annuel, selon les estimations privées) et d'un taux de change nominal stable conduit à une appréciation du peso en termes réels et à une érosion de la compétitivité industrielle argentine. L'exportation de produits industriels argentins continue à croître grâce au dynamisme du marché brésilien et au niveau élevé du Real, ce dernier étant cependant susceptible de connaître des évolutions qui supposeraient un changement sérieux de paradigme pour l'économie argentine. Les chiffres officiels mesurant l'inflation étant minorés (en dépit de l'« aide » technique que le FMI apporte à l'Argentine sur l'indice des prix), les opérateurs internationaux continuent de faire preuve de prudence, d'autant que, par ailleurs, on constate l'absence de progrès sur les procédures d'arbitrage international en cours.

Conséquences de ces incertitudes, les sorties de capitaux se poursuivent et le taux d'investissement reste proche de 20 % du PIB malgré les nombreuses annonces de mesures de politique industrielle.

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