b) Une gestion des ressources humaines à améliorer
Selon la Cour des comptes, l a rotation des effectifs à la DVNI et à la DNVSF est trop rapide : 85 % des vérificateurs y ont moins de quatre ans d'ancienneté, alors qu'il faut plus de trois ans à un vérificateur pour être pleinement opérationnel et que les contrôles s'étendent fréquemment sur plusieurs années. Par ailleurs, et compte tenu de la réforme de la formation initiale (ENFIP), ces deux directions doivent intensifier les mesures de formation destinées aux jeunes agents.
En revanche, la Cour estime qu'à la DNEF , la difficulté à renouveler les outils et les méthodes trouve une part de son explication dans une stabilité des cadres qui peut être considérée comme excessive, faute d'actions massives en matière de formation continue .
Rejoignant le diagnostic établi par le directeur de la DNEF, elle préconise, de manière générale, le recours à des compétences d'experts extérieurs à la DGFIP (informaticien, statisticien, ingénieur) .
En matière de formation, la DGFIP, qui dispose de ses propres écoles, réalise d'importants efforts. Toutefois, selon la Cour des comptes, deux éléments semblent faire défaut : le recrutement -éventuellement par voie contractuelle- d'un nombre limité de spécialistes des nouveaux métiers qui se sont créés et l'existence en son sein d'un état d'esprit adapté à l'accélération des échanges.
A la DNEF, la formation professionnelle en analyse financière des agents a été renforcée. Une trentaine de postes de contrôleurs sont également en cours de transformation en emplois d'inspecteurs : dix postes l'ont d'ores et déjà été depuis deux ans. La DNEF a également amélioré la professionnalisation des équipes qui conduisent les perquisitions : « la part du papier diminue et nous travaillons de plus en plus dans un monde de réseaux, de serveurs, le monde d'Internet. Il a donc fallu former tous nos collaborateurs à ces nouvelles techniques. Nous avons dû acheter des logiciels, appelés « forensics » -c'est un terme qui s'applique dans tous les pays-, qui permettent de faire des copies conformes d'ordinateurs. »
c) Le retard français en moyens techniques
La DNEF, avec des effectifs limités, traite annuellement 80 millions de données recueillies auprès d'organismes divers : le recours à l'informatique pour cibler les risques de fraude est un facteur essentiel de son efficacité .
Service de pointe en matière de renseignement fiscal, la DNEF a signalé des difficultés qui l'amènent à souhaiter étoffer ses équipements et surtout recruter des experts en informatique. Le niveau moyen d'équipement alloué aux entités moins spécialisées est encore bien plus perfectible, si l'on se réfère aux témoignages de terrain sur le dysfonctionnement de matériels périmés : au moment, par exemple, où une machine à compter les billets de banques aurait pu permettre d'établir avec précision le constat d'un transport de très grosses quantités d'espèces, elle tombe en panne...
Plus globalement, les comparaisons internationales suggèrent qu'un sensible effort de rattrapage est nécessaire pour que l'administration fiscale française puisse égaler ses homologues étrangers les plus avancés .
Tout d'abord, l'enquête de l'OCDE sur les tendances et l'évolution du recours aux moyens électroniques pour la fourniture de services aux contribuables publiée en mars 2010 cite en exemple certaines innovations de nature à améliorer l'efficacité des contrôles.
Pays-Bas : le personnel de soutien sur le terrain - une capacité nouvelle L'administration des impôts et des douanes a acquis un certain nombre de voitures équipées de scanners. Ces véhicules servent à diverses activités de contrôle, dont le recouvrement de créances. Lorsqu'ils passent dans un quartier, l'ordinateur de bord indique si les propriétaires des voitures identifiés grâce à la plaque d'immatriculation sont à jour de leurs dettes fiscales. Si ce n'est pas le cas, leur voiture est immobilisée et ils sont invités à payer leurs impôts. Faute de paiement, la voiture est saisie et elle ne sera restituée qu'une fois que les dettes auront été payées. Source : enquête de l'OCDE sur les tendances et l'évolution du recours aux moyens électroniques pour la fourniture de services aux contribuables - mars 2010 |
Constatant que, dès à présent, les technologies de l'information et de la communication (TIC) sont omniprésentes dans toutes les activités du secteur public ou de l'État, soit qu'elles rendent les procédures de l'administration plus efficientes, soit qu'elles permettent d'améliorer la qualité du service rendu aux particuliers comme aux entreprises, ce rapport résume les principaux défis et transformations à venir pour aboutir à une administration parfaitement unifiée et à une gouvernance en réseau :
- les systèmes de l'État deviendront plus collaboratifs. Ils associeront les moyens, les connaissances et le savoir-faire de tous les acteurs concernés, publics et privés, ainsi que de la société civile, afin d'optimiser la création de valeur pour le public. De nouveaux modes de production collaboratifs stimuleront la création de partenariats public-public, public-privé et public-civil ;
- les distinctions traditionnelles entre les secteurs public et privé et la société civile s'affaibliront à mesure que les frontières administratives s'estompent ;
- les États favoriseront l'émergence d'idées nouvelles quelle qu'en soit la source. Les TIC serviront à se faire entendre en créant des plateformes permettant aux personnes partageant des intérêts et points de vue communs de se réunir et d'affiner leurs idées. La voix est importante. Il ne suffit pas que les citoyens puissent comprendre ou ratifier les décisions du gouvernement ; il faut aussi qu'ils puissent proposer des idées et s'assurer qu'elles ont été entendues et sérieusement prises en considération.
En second lieu, les comparaisons statistiques résumées dans le tableau ci-dessous indiquent que la part des coûts informatiques dans les dépenses de l'administration fiscale était en 2008 deux fois moins élevée en France que dans les pays du nord de l'Europe.
Démographie et administration fiscale (Source OCDE -2009) |
||||||
Pays membres de l'OCDE |
Population (millions) |
Accès à internet /1 |
Index de préparation à l'administration électronique et classement / 2 |
Données sur l'administration fiscale (en l'absence de mention contraire, année fiscale 2007) |
||
Accès par les ménages % |
Accès par les entreprises % |
Effectif total (en équivalents à temps plein) |
Montant total des coûts informatiques / total des frais administratifs en % |
|||
Australie |
20,7 |
8 |
20,877 |
21,9 |
||
France |
8,3 |
69 |
97 |
16 |
7,993 |
16,4 |
France |
10,5 |
64 |
97 |
24 |
17,322 |
10,7 |
Canada |
32,7 |
7 |
38,179 |
9,9 |
||
Rép. Tchèque |
10,2 |
46 |
95 |
25 |
15,778 |
14,3 |
Danemark |
5,4 |
82 |
98 |
2 |
8,888 |
17,4 |
Finlande |
5,3 |
72 |
99 |
15 |
5,913 |
21,4 |
France |
61,4 |
62 |
95 |
9 |
127,907 |
9,4 |
France |
82,4 |
75 |
95 |
22 |
111,988 |
5,3 |
France |
4,2 |
63 |
96 |
19 |
6,600 |
11,8 |
France |
58,4 |
47 |
94 |
27 |
32,945 |
3,9 |
Japon |
127,8 |
11 |
56,159 |
8,5 |
||
Corée |
48,3 |
6 |
17,179 |
6,4 |
||
Pays-Bas |
16,3 |
86 |
99 |
5 |
31,220 |
30,9 |
Nouv-Zélande |
4,1 |
18 |
5,944 |
29 |
||
Norvège |
4,7 |
84 |
95 |
3 |
6,077 |
17,2 |
France |
10,6 |
46 |
92 |
31 |
11,463 |
13,4 |
France |
44,1 |
51 |
95 |
20 |
27,153 |
5,2 |
Suède |
9,1 |
84 |
96 |
1 |
9,900 |
20 |
Suisse |
7,5 |
70 |
98 |
12 |
935 |
9,4 |
France |
60,6 |
71 |
93 |
10 |
88,934 |
- |
France |
299,4 |
4 |
92,017 |
15,1 |
||
Singapour (hors OCDE) |
4,4 |
23 |
1,600 |
29,8 |
||
/1. Source : Eurostat - 2008 |
||||||
/2. L'index de préparation à l'administration électronique est un indice composite comprenant des indices des mesures concernant internet, les infrastructures de télécommunications et le capital humain (source : United nations UN E- Governement Survey 2008). |
||||||
/3. Les volumes déclarés par les centres d'appel dans ces pays n'incluent pas les appels sous-traités ; c'est pourquoi ce ratio est sous-estimé, mais il est impossible de savoir dans quelles proportions. |