M. Claude Esclatine, Directeur d'Outre-mer 1ère et de France Ô

Trente ans déjà que le service public de télévision et de radio en outre-mer a bien intégré la nécessité de conserver les images produites, pour mieux valoriser leur potentiel identitaire.

Les conditions climatiques, majoritairement tropicales, couplées à une pérennité aléatoire de supports fragiles rendaient l'urgence absolue. Après la création des premières vidéothèques en 1983, l'effort a porté sur leur informatisation, unifiée entre toutes les stations de RFO d'alors, puis sur le lancement des sonothèques.

Comme première étape d'une fructueuse collaboration, l'INA et Réseau France Outre-mer lancent une expertise globale sur les supports dits « anciens » (Films, vidéo 1 pouce, BVU, Umatic - 3/4 de pouce). La station de la Guyane, à l'orée de la forêt amazonienne, est choisie comme test. De 2006 à 2011, l'INA récupère les supports en métropole et engage un travail prométhéen : à ce jour, 40 % des films et des trois quarts de pouce et plus d'un quart des fonds un pouce sont déjà sauvés !

Avec l'énergie sans faille de Mathieu Gallet, nouveau Président, l'INA négocie début 2012 un financement spécifique, dans le cadre du Grand Emprunt. À nouveau, l'ambition est exceptionnelle.

Au coeur même des neuf Directions Outre-mer de France Télévisions (Outre-mer 1 ère depuis le 1 er décembre 2010), le programme prévoit la numérisation de tous les supports dits « récents ». Près de 200 000 opus représentant environ 135 000 heures seront traités, sans compter les nouvelles émissions et toute la production du siège à Malakoff : une formidable ressource audiovisuelle, pour les antennes Outre-mer elles-mêmes ; et pour tout France Télévisions et très au-delà. Une manière d'expliquer le présent, de baliser le futur en analysant le passé des dernières décades.

L'INA, et son partenaire financier la Caisse des Dépôts, évoque « un programme d'avenir » : jamais le terme n'a eu autant de résonnances. En outre-mer plus qu'ailleurs, parce que les logiques identitaires y sont plus prégnantes, la conservation sine die , donc numérique, des archives télévisuelles devient le « métier à tisser » de l'avenir.

Sur les trois océans, dans tous les territoires ultramarins français, ce travail est bien plus que technique. Il répond à une espérance d'ordre sociologique et politique, au bénéfice d'une meilleure appréciation de la multitude des facettes de la France.

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