M. Mathieu Gallet, Président directeur général de l'Institut national de l'audiovisuel (INA)

C'est un plaisir et un honneur pour l'INA de pouvoir s'associer au Sénat pour mettre en lumière la richesse de la mémoire audiovisuelle des outre-mer, dans le cadre prestigieux de ces Salons de Boffrand. Je remercie vivement Monsieur le Président du Sénat Jean-Pierre Bel pour son accueil, la Délégation sénatoriale à l'outre-mer avec qui nous avons organisé cette rencontre, et vous tous pour votre présence aujourd'hui.

C'est pour l'INA une grande fierté de contribuer, par le travail de sauvegarde et de numérisation qui s'engage, au rayonnement de la mémoire vivante des outre-mer. Des émissions musicales Pulsations à la coulée de lave du Piton de la Fournaise en 1977 en passant par le « Ti Train » de La Réunion, l'exploitation de l'or en Guyane ou le Carnaval de Papeete, les fonds de RFO recèlent de véritables trésors.

Ils constituent une part essentielle de notre patrimoine national qui peut désormais être préservée, et j'en suis très heureux. Car le projet nous a beaucoup mobilisés, avec nos amis de France Télévisions et d'Outre-mer 1ère. Surtout, il n'aurait jamais vu le jour sans le soutien financier du Fonds national pour la Société Numérique, le FSN, et de son gestionnaire la Caisse des dépôts. Je tiens ici à les remercier tout particulièrement.

Il faut en effet rappeler que les archives de RFO ne figuraient pas dans le périmètre de notre troisième contrat d'objectifs et de moyens signé avec l'État en 2010 pour la période 2010-2014 et, plus largement, dans celui du Plan de Sauvegarde et de Numérisation tel qu'il avait été établi en 1999.

Très vite s'est posée la question de la préservation de ce patrimoine inestimable. Mais le financement manquait. Nous avons donc travaillé sans relâche pendant deux ans sur une candidature au titre de l'action « Soutien aux usages, services et contenus numériques innovants » du FSN. La convention signée en juillet 2012 prévoit une subvention de 7,5 millions d'euros pour la numérisation d'environ 130 000 heures de programmes au total.

Les experts de l'INA reviendront dans un instant sur la mission de l'Institut et le déroulement des opérations. Elles font suite à une série d'expertises menées dans les stations d'outre-mer et au travail que l'INA a déjà commencé sur le « fonds film » de RFO. Aujourd'hui, avec le soutien du FSN, le travail peut démarrer sur les fonds dits récents. C'est une véritable course contre la montre que nous engageons, étant donné l'état de dégradation avancée des images. J'ajoute que la numérisation interviendra pour l'essentiel sur place, dans les territoires d'outre-mer, sur une période de cinq à six ans au total.

Mais ce travail ne trouve son sens que dans la mise en valeur et dans le partage des images ainsi sauvegardées. Les fichiers seront bien sûr restitués au fur et à mesure de leur numérisation aux stations d'Outre-mer 1 ère . Et ils trouveront toute leur place dans les collections de l'INA pour y être partagés avec l'ensemble de nos publics, en métropole comme dans les territoires ultramarins.

Les professionnels des médias - diffuseurs, producteurs qui font appel à nos archives - y accéderont en ligne, sur notre plateforme INA MEDIAPRO, aux côtés du million d'heures de programmes déjà disponibles. Les étudiants et les chercheurs pourront les consulter dans le cadre de l'INA THEQUE, qui met à leur disposition l'ensemble des programmes radio et télévision conservés depuis l'origine. Quant au grand public, il découvrira les images sur notre site ina.fr qui réunit d'ores et déjà plus de 2,3 millions de visiteurs uniques chaque mois et dont une nouvelle version, plus participative, est sur le point d'être lancée.

Les images pourront également être mises en valeur dans le cadre de partenariats qui restent à imaginer avec les médiathèques, les centres d'archives régionaux et départementaux, les musées et les lieux de mémoire, à la fois dans l'hexagone et à travers les territoires d'outre-mer. Je pense par exemple au magnifique centre culturel Tjibaou en Nouvelle-Calédonie ou à l'Institut de la Communication Audiovisuelle en Polynésie. Mais d'autres projets existent comme : le lieu de mémoire sur l'esclavage en Guadeloupe (le Mémorial ACTe) ou encore le Centre des Mémoires à Cayenne en Guyane.

Pour terminer, je voudrais souligner que la politique de décentralisation de l'INA que nous avons engagée porte sur l'hexagone mais aussi évidemment sur les territoires d'outre-mer. Dans ce cadre, nous avons lancé récemment deux opérations qui méritent d'être signalées.

D'abord, « Mémoires partagées », un appel à contributions concernant les images dites amateurs du grand public. L'opération, qui a débuté en Aquitaine en juillet 2012 et qui se poursuivra à partir de 2013, doit permettre de mettre les images des Français en regard des archives professionnelles dans un dialogue inédit visant à enrichir le patrimoine audiovisuel collectif.

Par ailleurs, pour renforcer l'accessibilité du fonds de l'INA aux chercheurs et aux étudiants, nous allons implanter, entre 2013 et 2015, des postes de consultation dans des bibliothèques et médiathèques à rayonnement régional. Les images sauvegardées de RFO s'inscrivent parfaitement dans ces différentes initiatives, dans une logique d'échanges avec le plus grand nombre.

Notre rencontre d'aujourd'hui est une première occasion de partager ensemble cette mémoire commune et je m'en réjouis particulièrement. Puissent d'autres dialogues naître de nos débats pour accompagner la mission de l'INA et assurer le rayonnement de l'outre-mer.

Je vous remercie de votre attention et vous invite à découvrir immédiatement quelques images !

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