2. Les temps d'attente tendent à s'allonger

Selon les données de l'assurance maladie, alors que le délai d'attente pour consulter un médecin généraliste n'est en moyenne que de 4 jours, il est de 103 jours pour un ophtalmologiste, 51 jours pour un gynécologue et de 38 jours pour un dermatologue.

Ces chiffres sont corroborés par l'étude sur l'accès aux soins rendue publique au mois d'octobre 2012 par l'UFC Que choisir. Cette association de consommateurs a procédé à une campagne d'appels auprès de pédiatres, d'ophtalmologistes et de gynécologues afin d'établir des délais d'attente vérifiés auprès de ces trois catégories de médecins spécialistes.

Le délai d'attente, pour un rendez-vous signalé comme non urgent, varie entre 18 jours pour voir un pédiatre, 40 jours pour un rendez-vous chez un gynécologue et 133 jours pour un ophtalmologiste, soit près de quatre mois et demi. Les délais d'attente maximum peuvent dépasser très largement ces moyennes. Dans 10 % des cas, il a fallu attendre plus de neuf mois pour un ophtalmologiste et plus de trois mois et demi pour un gynécologue. L'étude de l'UFC Que choisir cite le cas de la ville de Châteauroux, dans l'Indre, ou deux des sept ophtalmologistes en secteur 1 avaient déjà rempli au mois d'octobre 2012 leur carnet de rendez-vous pour toute l'année 2013, et n'acceptaient de nouveaux rendez-vous qu'à partir de février ou avril 2014, soit dix-huit mois de délai d'attente.

Une habitante de Neufchâteau, dans les Vosges, témoigne ainsi sur l'espace contributif proposé par le groupe de travail sur le site internet du Sénat : « J'habite depuis deux ans dans cette ville et j'ai l'impression d'être au moyen-âge au point de vue santé. Aucun rendez-vous possible chez les deux ophtalmologues, qui refusent les nouveaux clients, aucune consultation externe à l'hôpital. Je suis diabétique et ai besoin d'un fond d'oeil et d'un contrôle de la vue tous les ans ».

Un autre témoignage est livré sur l'espace contributif par une habitante de Colombes, dans les Hauts-de-Seine : « J'ai la chance d'habiter à moins de dix minutes d'un CHU. Pourtant, je connais de grosses difficultés pour accéder à des soins de premier recours : très peu de généralistes, gynécologues, ophtalmologues, pédiatres... sur Colombes, qui est pourtant une ville de taille importante. Quand on en trouve un qui prend encore des patients, les seuls rendez-vous proposés sont incompatibles avec une activité professionnelle : or, comment emmener son enfant chez le pédiatre ou le généraliste à 15h00 un jeudi quand ses deux parents travaillent ? J'ai la chance d'avoir un véhicule et je me déplace donc dans les communes avoisinantes, mais qu'en est-il de la proximité de la médecine et des soins de premier recours ? Faut-il aller au CHU pour une simple angine ? »

Cette situation est extrêmement préoccupante, car elle peut priver les patients des soins dont ils ont besoin, ou retarder ceux-ci, au risque de mettre gravement en danger la santé des personnes concernées.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page