B. LE DÉBAT LIBRE

La réforme du Règlement entrée en vigueur en janvier 2012 prévoit l'organisation d'un débat libre. Les parlementaires disposent de trois minutes pour intervenir sur un sujet qui n'est pas inscrit à l'ordre du jour.

M. François Rochebloine (Loire - UDI) a consacré son intervention à l'aspect religieux des conflits politiques qui, en l'état, compromettent durablement la paix et la sécurité au Proche-Orient. Au-delà de l'oppression et de la persécution des minorités chrétiennes de Syrie et d'Irak, il s'est interrogé sur les ressorts de ces conflits et sur la doctrine qui pousse des esprits égarés, mais méthodiques, à fonder le prétendu État islamique sur la ruine des libertés humaines les plus fondamentales, rappelant que, au Niger par exemple, les chefs musulmans eux-mêmes ne comprenaient pas d'où était venue la violence anti-chrétienne. Il a considéré qu'il s'agissait d'une entreprise politique systématique, même si ses instruments pouvaient être des fanatiques égarés par un parcours personnel chaotique, et que cette entreprise était directement hostile aux valeurs de liberté et de démocratie promues par le Conseil de l'Europe. Il a estimé que la compréhension du phénomène supposait un dialogue, franc et ouvert, notamment avec les pays du monde méditerranéen, sur le contenu que chacun donne à la liberté d'opinion et à la liberté religieuse, et souhaité joindre à ce questionnement une interrogation sur la réalité actuelle de la façade laïque de la Turquie. Il a jugé que les Européens eux-mêmes devaient mettre au clair leur conception de la liberté religieuse et la manière de l'exercer dans le monde d'aujourd'hui : s'agit-il d'une simple et élémentaire liberté personnelle de croyance ou d'une activité collective, publique, sans empiètement sur le politique ni limitation par celui-ci ? Les religions ont-elles une contribution originale au débat public et si oui, dans quelles limites, dès lors que l'ordre public n'est pas en cause ? Il a mis en évidence la difficulté de la réponse, certains courants faisant de la laïcité, qui doit être une école de tolérance et de respect mutuel, l'instrument de la mise en avant d'une sorte d'idéologie laïque d'État. Enfin, il a appelé de ses voeux l'encouragement par les pouvoirs publics du dialogue entre les religions, les responsables religieux devant en organiser le contenu.

Mme Josette Durrieu (Hautes-Pyrénées - SOC) a évoqué la situation en Libye, ce pays étant la source de graves préoccupations politiques, non seulement d'un point de vue intérieur, mais aussi et surtout pour l'ensemble de la région et pour l'Europe. Elle a fait observer que la Libye s'enfonçait dans le chaos : le parlement légal, élu en juin 2014 et réfugié à Tobrouk, souffre d'un déficit de légitimité, tandis que la capitale, Tripoli, est contrôlée par une coalition dominée par les islamistes. Elle a constaté que l'effondrement de l'État s'y traduisait par des combats qui font rage entre les différentes factions, déstabilisait les États voisins de la bande sahélo-saharienne et menaçait de faire du pays un sanctuaire de mouvements djihadistes aux portes de l'Europe. Elle a dès lors indiqué que, dans ces conditions, la question d'une nouvelle intervention se poserait, quatre ans après que la coalition militaire de l'OTAN, sous mandat de l'ONU, eut renversé le régime du colonel Kadhafi. Elle a rappelé qu'en décembre 2014, cinq États du Sahel avaient solennellement demandé au Conseil de sécurité de l'ONU et à l'Union africaine une intervention destinée à neutraliser les groupes armés, et que les autorités de Tobrouk elles-mêmes, en août 2014, avaient appelé à une intervention militaire étrangère contre la coalition qui venait de s'emparer de Tripoli, avant néanmoins de changer d'avis. Elle a considéré que cette volte-face illustrait la difficulté d'une telle intervention, les États de la région se partageant entre interventionnistes et attentistes. Elle s'est du reste interrogée sur l'opportunité d'une intervention militaire, indiquant que, si une opération unilatérale était exclue, une coalition internationale paraissait quasiment impossible à constituer, en raison de l'absence des États-Unis, accaparés par la lutte contre l'État islamique, et de l'hostilité de principe de la Russie. Elle a exprimé ses doutes sur le fait que la stabilisation de la Libye passe par une intervention militaire, la solution ne pouvant être, selon elle, que politique. Elle a appelé de ses voeux un large dialogue entre les différentes factions, a rappelé qu'une médiation de l'ONU visant à la formation d'un gouvernement d'union nationale était en cours et a souhaité que la reprise du cycle de réunions entre les parties libyennes à Genève aboutisse à un cessez-le-feu.

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