Clôture du colloque - Mme Pascale Boistard, secrétaire d'État chargée des droits des femmes auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes

Avant toute chose, je tiens à remercier Chantal Jouanno, présidente de la délégation aux droits des femmes du Sénat et Danielle Bousquet, Présidente du Haut conseil à l'égalité, les élus et parlementaires venus en nombre ainsi que vous tous et toutes rassemblés ici pour célébrer le soixante-dixième anniversaire du premier vote des femmes.

Au-delà de cette célébration, ce colloque a été l'occasion de refaire le chemin vers la reconnaissance du droit de vote des femmes, un chemin particulièrement long par rapport à d'autres pays, mais un chemin qui a aussi été jalonné de nombreuses grandes dates historiques et de grandes figures féminines de l'histoire qui ont livré ce combat pendant plus de cent cinquante ans.

Je pense notamment à Olympe de Gouges, à Georges Sand, mais également aux femmes de la Résistance qui ont contribué à la reconnaissance de l'autonomie des femmes et de leur capacité à l'exprimer dans leur vote. J'en profite pour vous inviter à découvrir l'exposition installée le long de l'Hôtel de Ville de Paris, à l'occasion de l'entrée au Panthéon, le 27 mai prochain, de deux femmes de la Résistance qui ont eu un parcours admirable et exemplaire tout au long de leur vie.

À travers ce colloque, le but était de rendre hommage aux hommes et aux femmes qui, encore aujourd'hui, se battent pour faire progresser les droits. Comme le disait Simone de Beauvoir, il faut rester vigilantes. Nous le resterons, pour contribuer d'abord à sacraliser les droits acquis, mais aussi pour concourir à les faire encore avancer largement.

De nombreuses lois ont été votées pour aboutir à la parité. La loi sur la parité dans les élections départementales adoptée en 2013 représente par exemple une avancée extraordinaire. Elle a permis de porter la part des femmes dans les conseils départementaux de 14 à 50 %. La parité est aujourd'hui une réalité dans les collectivités, mais elle ne l'est pas dans les assemblées parlementaires, malgré les avancées permises par la loi du 4 août 2014. Certains partis préfèrent en effet s'acquitter de lourdes pénalités plutôt que respecter la loi.

Les partis politiques ont tous une responsabilité à l'égard de la représentation des femmes dans la sphère publique, qui n'est pas à évacuer d'un trait de plume. Nous avons tous une exigence à porter quant au personnel politique présenté aux différentes élections, mais également quant aux responsabilités confiées aux femmes élues.

En effet, même si nous progressons dans les collectivités vers une parité en nombre, nous comptons encore peu de femmes présidentes d'assemblées départementales, de régions et maires.

C'est une véritable question pour les exécutifs qui verront leurs compétences évoluer.

C'est aussi une exigence citoyenne qui doit pouvoir se développer et que les partis politiques doivent pouvoir animer, même si ce sujet reste délicat.

Je souhaite saluer toutes les femmes qui s'engagent encore en politique malgré les difficultés dont certaines ont été dénoncées aujourd'hui, répondant ainsi à l'exigence citoyenne d'une démocratie plus représentative de la société dans sa diversité, qu'il s'agisse d'une représentation paritaire ou sociale : il en va de la bonne santé de notre démocratie.

Je tiens enfin à souligner, comme nous l'a rappelé une récente tribune signée par quarante journalistes, le problème de la persistance de comportements sexistes dans nos assemblées et dans notre vie quotidienne, ainsi que j'ai pu moi-même en être témoin. Nous devons combattre ces comportements, ne serait-ce qu'en en dénonçant les coupables, comme les journalistes ont su le faire parce qu'elles en avaient les moyens. Je salue leur démarche, au nom de toutes les femmes qui, dans leur vie professionnelle et quotidienne, font face aussi à de tels comportements.

Une société évoluée est une société qui a notamment su instaurer un respect entre les hommes et les femmes. À cet égard, notre société a encore du chemin à parcourir. La question ne sera pas résolue par un énième rapport sur les discriminations. Elle ne le sera que si nous faisons preuve d'une volonté politique forte et partagée pour combattre ce fléau.

Je remercie encore une fois la délégation aux droits des femmes du Sénat d'avoir organisé ce colloque. Vous me trouverez toujours à vos côtés pour mener ces combats.

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