B. DES LIENS PROMIS AU RENFORCEMENT

L'accord de Vienne a très rapidement débloqué la situation politique : la République française et la République islamique, qui n'ont jamais cessé de se parler, s'entretiennent désormais d'autres sujets que celui du programme nucléaire iranien. Cet accord a également servi d'accélérateur à l'anticipation de la reprise économique que, depuis l'accord intérimaire de Genève de novembre 2013, les entreprises françaises préparent avec le soutien de notre dispositif d'appui au commerce extérieur. Même la coopération culturelle française en Iran, malgré sa modestie, donne de tout premiers signes positifs.

1. La reprise en cours dans le champ politico-diplomatique
a) Une anticipation dès avant l'accord de Vienne

Comme on l'a indiqué, dans la crise diplomatique de quelque douze ans qui s'est nouée entre juin 2003 et juillet dernier à propos du nucléaire de l'Iran, les relations diplomatiques de la France avec ce dernier n'ont jamais été rompues. En outre, à la suite de l'accord intérimaire de Genève de novembre 2013, et dans la perspective de ce qui allait finalement être l'accord de Vienne, ces relations, essentiellement tournées vers la négociation relative au nucléaire jusqu'alors, ont pu commencer de se ré-étoffer en abordant d'autres sujets. C'est ainsi que plusieurs visites officielles de membres du gouvernement iranien ont alors été effectuées en France : celles du ministre de l'agriculture fin mai 2014 ; de la vice-présidente chargée de la famille et des femmes, en juin suivant ; de la vice-présidente chargée de l'environnement, reçue par le ministre des affaires étrangères et du développement international, M. Laurent Fabius, en mars 2015, pour évoquer en particulier la conférence « Paris Climat 2015 » (COP 21) ; du ministre des transports, au mois de juin dernier.

Le dialogue interparlementaire a également été relancé dans la même période. Le déplacement de la commission des finances du Sénat en Iran, en avril 2014, onze ans après celui qu'y avait effectué la commission des affaires économiques, a déjà été mentionné ici 24 ( * ) . Au mois de juin 2014, une délégation de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale s'y est rendue de même. Le déplacement à Téhéran et Ispahan du groupe de travail de votre commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, en juin dernier, a prolongé ce mouvement. Réciproquement, deux délégations parlementaires iraniennes ont été accueillies en France en 2014 : à la fin du mois de septembre, des membres de la commission de l'éducation, des sciences et des technologies du Majles et, à la fin octobre, une délégation conduite par le président de la commission des affaires étrangères, M. Alaeddin Boroujerdi.

b) Une rapide confirmation au lendemain de l'accord

L'amorce du retour à la "normale" de la relation diplomatique franco-iranienne a formellement été consacrée deux semaines seulement après la signature de l'accord de Vienne, dès le 29 juillet 2015 , lorsque le ministre français des affaires étrangères, M. Fabius , s'est rendu en visite officielle à Téhéran. Le ministre s'est entretenu, notamment, avec le Président Hassan Rohani ; la teneur des échanges était politique, concernant la relation bilatérale dans toutes ses dimensions et les problèmes régionaux. En outre, une invitation à se rendre en France en novembre prochain a été transmise au Président Rohani .

Les 20 et 21 septembre derniers, MM. Stéphane Le Foll, ministre chargé de l'agriculture, et Matthias Fekl, secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères chargé du commerce extérieur , de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger, ont accompli à leur tour une visite officielle à Téhéran. Il s'est agi de la première visite dans le pays, depuis douze ans, de ministres français en charge de dossiers économiques. M. Fekl, en particulier, a proposé au gouvernement iranien le soutien de la France à une éventuelle candidature de l'Iran à adhérer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le 27 septembre dernier, en marge de la 70 e session de l'assemblée générale des Nations Unies, à New York, le Président de la République française, M. François Hollande, et son homologue iranien, M. Rohani , se sont entretenus - ils l'avaient fait, déjà, en 2014, à l'occasion de la 69 e session. Deux idées fortes ont été exprimées au cours de l'échange, auxquelles souscrit le groupe de travail de votre commission : le rôle majeur de l'Iran sur la scène régionale appelle un dialogue franco-iranien nourri, et nos deux pays doivent renouer avec la tradition historique des grands projets économiques conjoints. M. Rohani s'est d'ailleurs déclaré favorable à l' élaboration d'une « feuille de route » à cet effet, sous la forme d'un document qui serait signé lors de sa visite à Paris, confirmée pour le mois de novembre prochain.

2. La reprise préparée dans le champ économique

En ce qui concerne le domaine économique et commercial, le redémarrage iranien a été anticipé par nos entreprises, accompagnées par les services français dûment mobilisés à cet effet.

a) Des entreprises actives

Dans la perspective de la levée des sanctions internationales, et avec l'objectif de renouer dès que possible un partenariat économique dynamique avec l'Iran, diverses missions d'entreprises françaises se sont succédées dans le pays depuis l'accord intérimaire de Genève de novembre 2013. Ainsi, en février 2014 et en septembre 2015, des délégations conduites par le MEDEF se sont rendues à Téhéran - près de 150 entreprises ont participé à la seconde visite, menée en accompagnement de celle, susmentionnée, qu'effectuaient alors le ministre chargés de l'agriculture et le secrétaire d'État chargé, notamment, du commerce extérieur. La période d'attente ouverte par l'accord de Vienne en ce qui concerne la levée des sanctions - laquelle devrait n'être effective, comme on l'a signalé, qu'au premier semestre 2016 - a particulièrement pu être mise à profit, par nos entreprises, pour renforcer les liens franco-iraniens dont la récente période a entraîné, sinon la rupture, du moins la distension, tout en permettant d'observer l'attitude de la concurrence.

Les entreprises françaises présentes en Iran aujourd'hui

Les principales implantations économiques françaises demeurées en Iran concernent actuellement les secteurs suivants :

- l'industrie agroalimentaire . Le groupe Bel s'est implanté en 2007 par la création d'une co-entreprise, avec une société familiale locale (70 % pour Bel, 30 % pour la société iranienne). À l'issue d'un conflit avec son partenaire, Bel a racheté les 30 % qu'il détenait et gère donc seul, depuis, la Bel Rouzaneh Dairy Products Company . Danone est présent en Iran depuis 2007 et contrôle trois co-entreprises : Danone Sahar (avec une usine de produits laitiers vers Qazvin), Damavand Mineral Water Company et Mashad Milk Power Industries Company . Nestlé est également présent avec certaines marques françaises, comme Nestlé Waters ;

- les services . Carrefour intervient en Iran sous la marque « Hyperstar Pars », depuis 2009, dans le cadre d'un contrat de franchise avec son partenaire des Émirats Majid Al Futtaim ( MAF ), qui détient trois hypermarchés en Iran (à Téhéran, Ispahan et Chiraz). Le groupe envisage d'ici 2018 l'ouverture de douze hypermarchés et vingt-cinq supermarchés. MAF emploie environ 1 400 personnes, parmi lesquelles on compte trente-cinq expatriés dont cinq Français. Sofrecom dispose d'un contrat d'assistance pour l'un des opérateurs de téléphonie mobile iranien, TCI (opérateur historique), ainsi que pour MCCI ( Mobile Communication Company of Iran ), filiale de TCI. Le groupe Accor , associé à un partenaire-investisseur, vient d'ouvrir deux hôtels à proximité de l'aéroport de Téhéran. Bull met en place depuis 2010, pour le compte du ministère iranien des finances, l'architecture logicielle de la gestion de la TVA. Enfin, dans l'informatique, les sociétés Morpho et Ingenico ont des réalisations et des projets en cours en Iran ;

- l'industrie manufacturière . Contrairement à PSA, qui a brusquement quitté l'Iran, en février 2012, en raison de la prise de participation de General Motors dans son capital et du gel de la banque Tejarat (mais Faurecia Azin Pars Seating , une filiale de PSA, conserve quelques activités), Renault , tout en suspendant ses exportations de pièces détachées depuis juillet 2013, a maintenu de l'activité à partir de stocks de pièces existant, à un niveau dégradé. L'entreprise dispose aujourd'hui de deux filiales en Iran - Renault Pars et ACI Pars , en co-entreprise ( joint-venture ) - et emploie environ 200 personnes. Schneider Electric , qui employait plus de 200 personnes en 2011, n'en avait conservé que huit en 2014. Les activités d'exportation de la société de France vers l'Iran se sont largement taries (subsistent des opérations via la Turquie), mais elle a cependant conservé sa filiale en Iran et cédé à son partenaire local son usine de production de disjoncteurs avec une clause de " buy-back " ;

- la santé . Sanofi dispose en Iran d'un bureau de représentation, et vend à un importateur et à un fabriquant local, qui distribuent par un réseau de grossistes. Le groupe détient des participations financières, avec son importateur, dans plusieurs grossistes. Sanofi Pasteur (vaccins) et Merial (autre filiale de Sanofi, dédiée à la santé animale) exportent également vers l'Iran. L'importateur de Sanofi représente également en Iran d'autres laboratoires français : Pierre Fabre Médicament, Guerbet, Vichy, LFB, Stallergenes, etc. ;

- les activités extractives . Total , qui a développé les champs pétroliers et gaziers de Sirri A et E , Dorroud , Balala , et South Pars 2 et 3 , a maintenu en Iran un bureau de représentation, chargé principalement le gérer l'apurement fiscal des investissements passés du groupe, et de maintenir le dialogue. L'institut français du pétrole (IFP) et ses filiales (Axens, Beicip-Franlab, CECA) sont également présentes.

Enfin, un certain nombre d'entreprises maintiennent une structure locale légère, pour assurer des contrats d'entretien et une présence commerciale au minimum : Alstom (à travers une filiale), Airbus , Seb (à travers une filiale de même), Legrand (avec une filiale encore), Bureau Veritas (relevant du groupe Wendel, lequel contrôle par ailleurs la société Inspectorate Iran , qui intervient dans le même domaine), et l'Institut de soudure, Ceva Santé animale, Technip....

S'ajoutent, à cette liste, quelques petites structures, le plus souvent montées par des Franco-Iraniens, comme Cap Industrie (import-export de cosmétiques et de produits agricoles). D'autres, en outre, gardent un courant d'activité, mais sans structure locale, par exemple dans la santé animale (IMV), les technologies de l'information (Opentrust, Keynmetrics, Gemalto...) ou l'industrie (Brochot, Vossloh, Faiveley, Fives, Michelin...).

Source : rapport d'information n° 605 (2013-2014), précité, de nos collègues et anciens collègues Philippe Marini, Michèle André, Jean-Claude Frécon, Aymeri de Montesquiou, Philippe Dallier et Gérard Miquel

Les discussions ont d'ores et déjà permis d'identifier les secteurs dans lesquels l'expertise française est attendue par l'Iran , et les thèmes d'une future coopération . Ces opportunités concernent :

- l' industrie pétrolière , sur le marché de laquelle le groupe Total, qui n'a jamais complètement quitté l'Iran (cf. l'encadré ci-dessus), se trouve bien positionné ;

- le secteur automobile , où les entreprises françaises ont été si dynamiques par le passé, et où Renault, qui n'a pas quitté l'Iran (cf. l'encadré ci-dessus), et PSA, qui devrait s'y réimplanter une fois réunies les conditions de son retour, devraient pouvoir reconquérir des parts de marché, malgré la concurrence de la production coréenne notamment. Comme on l'a déjà noté, une étude réalisée par Renault estime que le marché iranien pourrait atteindre deux millions de voitures d'ici cinq ans ;

- l' aéronautique , secteur dans lequel la concurrence n'est pas négligeable sur le marché iranien, mais où les besoins sont considérables. En effet, comme on l'a déjà relevé, la moyenne d'âge des avions de la flotte civile iranienne s'élève aujourd'hui à une vingtaine d'années, et le besoin en la matière est estimé de l'ordre de 400 à 500 avions de ligne sur les dix prochaines années ;

- l' agriculture , en particulier dans le domaine de l'irrigation, et l' agro-alimentaire . Des accords bilatéraux d'ores et déjà signés (cf. infra ) sont de nature à favoriser le développement de l'activité française en la matière (exportations et appui technique aux opérateurs iraniens) ;

- le tourisme , pour lequel on a souligné plus haut ici que le potentiel iranien est considérable, alors même que l'hôtellerie du pays offre, pour l'heure, un niveau de qualité de prestations largement dépassé. Le mouvement est déjà enclenché : le groupe Accor, le 15 septembre dernier, a conclu un contrat d'exploitation pour un hôtel Ibis et un Novotel , situés tous deux à l'aéroport international de Téhéran et qui, par cette localisation, se positionnent avant tout sur une offre d'affaires. Il s'agit du premier groupe hôtelier international à s'implanter en Iran depuis la révolution de 1979, et du premier retour dans le pays d'une multinationale après la conclusion de l'accord de Vienne.

Il semble que notre industrie du luxe prend également position sur le vaste marché que représente l'Iran.

La reprise des investissements économiques français en Iran suppose cependant la réouverture des canaux bancaires . Le principal blocage subsistant réside en effet dans les difficultés de financement des projets, tant que n'est pas levé le régime de sanctions contre l'Iran mis en place par les États-Unis et, avec lui, le risque juridique qu'il induit 25 ( * ) .

b) Une diplomatie économique mobilisée

La diplomatie économique française paraît avoir su se mobiliser de façon adéquate pour appuyer ce nouveau développement de nos entreprises en Iran.

Ainsi, le service économique de l'ambassade de France à Téhéran, fermé en novembre 2011, a été rétabli en avril 2014 ; il doit être renforcé à brève échéance. Notre ambassadeur réunit chaque mois les chefs d'entreprise français encore présents dans le pays. Ce rendez-vous, auquel participent, outre le conseiller économique, une partie de l'équipe de la chancellerie diplomatique et le consul, tient lieu de conseil économique.

De son côté, la direction générale du Trésor a organisé plusieurs réunions d'information à destination des entreprises, dont une le 21 juillet 2015, à la suite de l'accord de Vienne (soixante-quinze entreprises et fédérations d'entreprises françaises ont pris part à cette dernière réunion). En complément, elle a élaboré et mis en ligne un guide sur les relations économiques et commerciales avec l'Iran. Une action d'information à destination des banques françaises a également été développée. La direction générale du Trésor entend également apporter son soutien aux banques iraniennes non gelées qui souhaiteraient s'installer ou se réinstaller à Paris.

Comme signalé ci-dessus, MM. Le Foll, ministre chargé de l'agriculture, et Fekl, secrétaire d'État chargé du commerce extérieur et de la promotion du tourisme notamment, se sont rendus à Téhéran, les 20 et 21 septembre derniers, accompagnés de la délégation d'entreprises réunies par le MEDEF. À cette occasion, d'une part, deux nouveaux accords dans le domaine agricole ont été signés, concernant les semences et la génétique animale - ils s'inscrivant dans le prolongement de cinq autres accords signés en mai 2015 lors d'un premier « comité agricole France-Iran » ; d'autre part, un bureau de Business France a été ouvert dans la capitale iranienne et une « commission mixte bilatérale » mise en place entre les deux pays, dans laquelle seront évoqués les dossiers économiques.

Notons en outre que la politique de l'assurance-crédit offerte par la Coface aux entreprises françaises qui investissent en Iran devrait être révisée prochainement. Par ailleurs, le fait que l'Iran se trouve encore inscrit sur la liste noire du Groupe d'action financière (GAFI) ne permet pas à l'Agence française de développement (AFD) de reprendre ses activités dans le pays, pour le moment ; mais cette situation pourrait évoluer assez rapidement, en fonction de la réintégration du système bancaire iranien dans les flux financiers internationaux.

3. Une coopération culturelle et scientifique encore au ralenti

La coopération culturelle, universitaire et scientifique française avec l'Iran, malgré le potentiel qui paraît la sienne, s'avère aujourd'hui modeste, qu'il s'agisse des activités conduites dans le pays ou de celles qui se déroulent sur notre territoire.

a) En Iran

En Iran, le dispositif de notre coopération comprend, outre le service de coopération et d'action culturelle (SCAC) de l'ambassade :

- l' école française de Téhéran , établissement conventionné avec l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE). La révolution de 1979 ayant entraîné la fermeture du lycée Razi de Téhéran, qui était alors l'un des plus grands lycées français hors de France avec ses 5 000 élèves, les cours du programme d'enseignement français ont d'abord été dispensés par une communauté de religieuses. L'école française de Téhéran a officiellement été créée en 1992, d'abord au sein de l'école italienne puis, à compter de 1995, sur son emplacement actuel - le terrain de la légation britannique. À la rentrée 2015, plus de 300 élèves y étaient inscrits, de la maternelle (peu nombreux) à la classe de terminale (la majorité), contre 200 en 2013, dans un contexte où moins de 1 000 Français résident aujourd'hui en Iran (la plupart sont des binationaux, domiciliés essentiellement dans la capitale du pays) ;

- le Centre de langue française de Téhéran. Celui-ci a été créé en 2004 pour reprendre les activités de l'ancien Institut Français de Téhéran, fermé après la révolution de 1979 ; les autorités iraniennes ont cependant refusé de le voir reprendre le titre d'« Institut français ». Outil de rayonnement et de coopération linguistique, il abrite également un espace « Campus France », élément central pour développer l'attractivité de l'enseignement supérieur français. Après avoir été mis en sommeil, en décembre 2011, faute d'autorisation d'activité délivrée par les autorités iraniennes , le Centre a repris ses cours de langue depuis juillet 2013 , d'abord avec une autorisation provisoire des autorités ; cette autorisation est devenue définitive en octobre 2014. Les perspectives d'une activité pérenne ainsi dégagées permettent au Centre d'envisager des investissements afin de renforcer son offre, en termes tant d'attractivité que de rentabilité. L'aménagement de nouveaux locaux, que son implantation immobilière rend possible et qui permettrait d'accueillir une demande croissante, suppose néanmoins de dégager des financements nouveaux.

Le Centre de langue française de Téhéran

I. Les moyens du Centre

1.- Locaux et personnel

Le Centre de langue française emploie, outre sa directrice, onze personnes mensualisées et une soixantaine de vacataires : personnel administratif, enseignant ou de service. Il occupe, en location, deux bâtiments situés dans le centre de Téhéran :

- le bâtiment principal, qui se trouve sur un terrain de 341 m 2 , comporte six étages (et huit niveaux), pour une surface habitable totale de 1 375 m 2 . Le loyer annuel correspondant s'élève à 111 000 euros pour 2015. Le contrat de bail en cours prévoit une augmentation du loyer de 20 % par an ; ce contrat expire au 1 er août 2016 ;

- le second bâtiment jouxte le bâtiment principal. Il offre 211 m² de surface de salles de classe, sur trois étages et un rez-de-chaussée (soit huit pièces). Le contrat de bail correspondant autorise une occupation de deux jours par semaine, pour un loyer annuel de 7 900 euros pour 2015 ; il prévoit une augmentation du loyer de 20 % par an. Ce bail expire au 31 août 2017.

Le renouvellement du bail principal devrait fournir au Centre l'occasion d'un agrandissement, afin de répondre à la demande croissante de cours.

2.- Budget

Le budget du Centre représente 831 670 euros pour 2015. Il est alimenté, d'une part, avec les recettes propres de l'établissement et, d'autre part, avec la subvention du ministère des affaires étrangères, orientée à la baisse (-2,9 % en 2015, outre une diminution de 8,1 % résultant des fluctuations du taux de change).

Les recettes du Centre, qui proviennent essentiellement des cours de langue et des certifications (respectivement 38 % et 40 % des recettes en 2014) permettent d'établir un budget autofinancé à hauteur de 83,7 %. Les investissements nécessaires au développement ne paraissent toutefois pas pouvoir être financés exclusivement sur fonds propres, sauf à augmenter les tarifs des cours dans une proportion qui risquerait de les rendre inabordables pour une partie des étudiants. L'établissement est donc actuellement à la recherche de subventions extérieures.

II. Les activités du Centre

1.- Cours de langue

Il s'agit de la part la plus importante de l'activité du Centre. Les chiffres sont en hausse constante depuis la réouverture : à la première session, en juillet 2013, 322 personnes se sont inscrites ; à la fin de 2014, 128 252 heures de cours ont été vendues à 1 465 personnes, représentant 3 022 inscriptions. En août 2015, la seule session d'été a compté 1 050 étudiants.

2.- Certifications

- Test de connaissance du français (TCF) : Le Centre de langue française est centre de passation du TCF depuis 2005. Le nombre des candidats est en constante évolution ; ils étaient environ 800, en août 2015, pour l'année.

- Diplôme d'études en langue française (DELF) : Examen présent depuis une trentaine d'années en Iran, le DELF est géré par le Centre depuis 2013. Sur place sont passés le DELF « Prim », pour enfants, et le DELF « Junior », visant les adolescents ; soit, au total, 579 candidats en 2015.

3.- Formations

Le Centre de langue française propose des formations de formateurs. En 2014, 85 formations ont été dispensées ; ce nombre se trouvait déjà atteint à la fin août 2015, de sorte que l'année en cours devrait voir le nombre de formations s'élever à plus de 120, d'après les estimations du Centre.

4.- Médiathèque

La médiathèque du Centre de langue française constitue la seule offre publique de livres français en Iran. Occupant tout un étage du Centre (soit une surface de 175 m 2 ), elle offre au prêt environ 21 000 titres (livres, bandes-dessinées, audio-livres, DVD, revues et magazines). En 2015, la fréquentation s'établit à de près de 700 abonnés réguliers, qui utilisent un matériel moderne et performant : tablettes, écran plat, ordinateurs tactiles. Le manque de place limite l'utilisation optimale de ce matériel et l'élargissement des collections.

5.- Campus France

L'espace « Campus France » accueille les futurs étudiants désireux de se renseigner sur les études en France, puis les accompagne dans leur processus d'inscription, via la procédure informatisée CEF mise en place en mars 2015. L'activité de ce service est en pleine croissance : 270 dossiers ont été traités par la procédure CEF entre mars et août derniers.

Source : ambassade de France à Téhéran

Le groupe de travail de votre commission, qui a visité le Centre, estime que de grands espoirs peuvent être fondés sur lui , pour le rayonnement de la langue française et de notre culture en Iran ;

- enfin, l' Institut français de recherche en Iran (IFRI), également situé à Téhéran, établissement culturel rattaché au ministère des affaires étrangères. Sa fondation en 1983 a résulté de la fusion de la délégation archéologique française en Iran (formée en 1897) et de l'Institut français d'iranologie de Téhéran (créé en 1947). Constitué en laboratoire du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) depuis 2007, il a pour mission la promotion de la recherche en sciences humaines et sociales et en archéologie sur le « monde iranien » - lequel déborde les frontières de l'Iran actuel -, de l'Antiquité à nos jours. L'IFRI dispose d'un fonds documentaire précieux en archéologie et islamologie, et sa bibliothèque compte environ 27 500 ouvrages et 788 périodiques (dont 115 publications actives), qui couvrent les domaines très divers de l'iranologie : civilisation, philosophie, religion, littérature, histoire, art, archéologie, sociologie, anthropologie, études urbaines...

Les missions de chercheurs français en Iran, suspendues en 2009 du fait de la réticence des autorités iraniennes, ont aujourd'hui repris , mais sont particulièrement encadrées. L'Institut se trouve pour le moment sous la direction du conseiller de coopération et d'action culturelle de notre ambassade , dans l'attente de la nomination d'un nouveau directeur si la situation paraît propice à la restauration d'une activité normale.

b) En France

Suivant les indications recueillies auprès du ministère des affaires étrangères, notre politique en matière de coopération culturelle, universitaire et scientifique « vise en priorité à promouvoir l'accueil en France des étudiants iraniens, ainsi qu'à faciliter les relations de long terme entre les universités, centres de recherche français et iraniens dans le respect des règles de vigilance au titre de la non-prolifération ». Cependant :

- d'une part, l'accueil en France d'étudiants iraniens reste limité : ils sont 1 800, bon an mal an , actuellement ;

- d'autre part, dans le domaine scientifique, le programme Gundishapur - partenariat Hubert Curien (PHC) franco-iranien mis en oeuvre, en Iran, par le Centre de recherche scientifique et de coopération internationale du ministère iranien de la recherche, de la science et de la technologie et, en France, par les ministères chargés des affaires étrangères et de l'enseignement supérieur et de la recherche - a permis de soutenir, depuis sa mise en place en 2005, une cinquantaine de projets conjoints de recherche, intégrant mobilités croisées, thèses (codirection et cotutelle) et copublications. Toutefois, les études iraniennes en France paraissent aujourd'hui en relatif déclin , malgré l'activité de spécialistes de renom et d'une jeune génération talentueuse de chercheurs, alors qu'elles ont connu un considérable essor, au point de faire "école", dans la première partie du XX e siècle.


* 24 Cf. précisions données dans l'introduction du présent rapport.

* 25 Cf. supra , chapitre I er .

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