V. LA COOPÉRATION DE QUÉTIGNY : LE TRAITEMENT DES DÉCHETS

Depuis 1986, la commune de Quétigny, en Côte-d'Or, qui compte 10 000 habitants, conduit des actions de coopération décentralisée avec la ville malienne de Koulikoro, en partenariat avec la ville allemande de Bous. Les premiers projets ont porté sur l'éducation (construction d'écoles, organisation d'échanges) et sur la santé (construction de maternités).

Dans les années 1990, la problématique du traitement des déchets s'est manifestée de façon accrue. Une première initiative a été menée par l'Ambassade de France, puis par le partenaire allemand. Elle visait la mise en place d'une collecte des ordures dans certains quartiers au moyen de charrettes tractées par des ânes, pour les déverser dans des dépotoirs temporaires. Toutefois, il y a été mis un terme en raison de l'échec d'un projet permettant de gérer les dépotoirs temporaires, devenus permanents au fil du temps. En 2009, l'idée de travailler à nouveau sur ce sujet a été soulevée par le maire de Koulikoro : en effet, la population de cette ville a rapidement augmenté, passant de 15 000 personnes dans les années 1980 à plus de 40 000 aujourd'hui. Or, la production d'ordures croît plus vite que la population et il n'existe pas de gestion des déchets sur l'ensemble de la commune. Le maire souhaitait que, dans le cadre du partenariat de coopération, un camion d'évacuation des déchets soit remis à la ville. La viabilité de toute opération nécessite la réunion de deux conditions :

- la mise en place de moyens de collecte des ordures adaptés au pays : la mise à disposition de bennes à ordures est vouée à l'échec car, en cas de panne, celles-ci ne pourraient être réparées. Il est donc nécessaire de fournir du matériel facilement réparable sur place et de former du personnel à son utilisation et à sa maintenance ;

- la gestion de « l'après-ramassage », qui doit être organisée afin d'éviter d'être confronté au même problème que lors du projet mené dans les années 1990.

Or, depuis longtemps, les agriculteurs des environs de Koulikoro sont intéressés par les déchets, qu'ils récupèrent et trient avant de les répandre sur leurs champs. En effet, ces déchets sont riches en sables (80% de la composition) et contiennent de la potasse et du phosphate. Les ordures sont ainsi utilisées comme engrais, ce qui permet aux agriculteurs locaux de réduire leurs achats de fertilisants.

Il s'agit donc de travailler sur l'ensemble de la chaîne de traitement des ordures :

- collecter les ordures en ville, cette dernière s'étendant sur 14 km², en s'appuyant sur un groupement d'intérêt local ;

- mettre en place un point de stockage ;

- assurer le tri afin d'éviter que des déchets métalliques ou plastiques ne se retrouvent dans les champs, et permettre aux agriculteurs de se fournir en engrais naturels dans le cadre d'un circuit court d'approvisionnement.

Ce projet a obtenu une aide financière du ministère des Affaires étrangères dans le cadre de son appel à projet « climat » de 2015, car il répond à deux des priorités définies par le ministère : le développement des pratiques agro-écologiques et la gestion durable des déchets.

Pour les animateurs de ce projet, il est nécessaire d'obtenir une meilleure structuration et appropriation locale à Koulikoro.

Par ailleurs, le regret est exprimé que le financement du ministère des Affaires étrangères soit calé sur une année, ce qui fait abstraction des contraintes de terrain et des échéances politiques : des élections doivent avoir lieu à Koulikoro fin octobre, ce qui entraîne la paralysie du projet jusqu'à cette date.

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