B. RÉALISATIONS ET PROJETS

1. Programme de conservation des espèces marines emblématiques en Polynésie française

La faune et la flore terrestre de Polynésie française présentent parmi les plus forts taux d'endémisme au monde : près de 60 % pour les végétaux avec 900 espèces végétales indigènes dont 570 endémiques et 100 % d'endémisme pour certains genres de mollusques et d'insectes.

Le milieu marin de Polynésie française renferme une des plus grandes diversités géomorphologiques récifales avec par exemple plus de 800 espèces de crustacés, 170 espèces de coraux, ou encore 425 espèces d'algues indigènes. La Polynésie comporte près de 20 % des atolls dans le monde et certains des principaux stocks de pêche encore préservés.

Cette richesse est cependant menacée. Les espèces insulaires ont en effet une aire de répartition réduite et des populations de faible effectif qui les rendent plus vulnérables au risque d'extinction. Ainsi, plus de 140 plantes sont considérées comme rares, vulnérables ou menacées, selon les listes rouges de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). De manière globale, la Polynésie est l'un des 25 points chauds de la biodiversité dans le monde, toujours selon l'UICN.

Dans ce contexte, depuis 2002, la direction de l'environnement du Gouvernement de la Polynésie française a lancé un programme de conservation des espèces marines emblématiques. L'objectif est de préserver les populations de baleines, de dauphins, de tortues marines, de requins entre autres, afin de répondre aux aspirations des polynésiens et protéger leur patrimoine naturel et culturel. L'objectif est également d'adapter localement le plan d'actions du Programme régional océanien de l'environnement (2013-2017) aux espèces marines.

Au total, une zone de 5,5 millions de kilomètres carrés a été déclarée sanctuaire des baleines et autres mammifères marins depuis 2002. Sur cinq espèces de tortues, trois (tortue verte, tortue imbriquée, tortue caret) font l'objet d'études de migration inter-îles et régionales, d'études génétiques et de répartition de populations dans les archipels par la collecte d'échantillons à des fins génétiques.

La mise en oeuvre de ce programme a permis de mesurer une diversité biologique élevée avec plus d'une vingtaine de baleines et de dauphins recensés, une vingtaine d'espèces de requins protégés.

Le programme a également permis diverses campagnes de communication et de sensibilisation, en particulier sur l'activité de d'observation des baleines, qui connaît depuis dix ans un intérêt croissant.

Des ateliers de formation ont été mis en oeuvre (baguage, suivi de sites de pontes, prélèvement d'échantillons d'espèces marines protégées pour analyse génétique, réglementation, approche des mammifères marins).

Dans les années à venir, le programme permettra la poursuite des suivis d'espèces et des inventaires pour améliorer la connaissance de la biodiversité polynésienne ainsi que la poursuite des formations, des contrôles et de la surveillance de l'eau.

Source : Gouvernement de la Polynésie française

2. Recherche étiologique des maladies associées aux mortalités massives des poissons de la Côte Ouest de La Réunion dans le contexte du changement climatique

Le programme REMPOR, « Recherche étiologique des maladies associées aux mortalités massives des poissons de la côte Ouest de La Réunion », s'inscrit dans le cadre de l'observation de phénomènes récurrents de mortalité de poissons à La Réunion ayant des impacts économiques (pêche, image de La Réunion au national et donc impact sur le tourisme) et sur la biodiversité, notamment du récif corallien. Ces phénomènes sont liés à des températures de l'eau élevées et seront probablement amenés à se répéter dans les années à venir du fait du changement climatique.

Ce programme s'inscrit dans le cadre des objectifs du Livre bleu et doit permettre de développer les compétences nécessaires à un « Pôle Mer ». Il s'intègre également dans la démarche de gestion intégrée mer-littoral visant à prendre en compte le continuum Terre-Mer. Il vise en effet à mieux comprendre l'origine épidémiologique de ces maladies dans ce continuum : milieu marin, milieu aquatique d'eau douce.

Durant ces 20 dernières années, l'émergence et la prolifération des maladies ont affecté la diversité et l'abondance de nombreuses espèces récifales. Aujourd'hui elles sont reconnues comme une menace importante, capables d'altérer la structure et le fonctionnement des écosystèmes coralliens. La recherche des causes a été amorcée lors du dernier épisode de 2014 démontrant la présence d'une bactérie. L'objectif de ce programme est donc de mieux comprendre les causes et les conséquences de ces maladies afin de mieux prévenir leur apparition et de mieux comprendre l'impact du changement climatique sur cet écosystème.

Les résultats de cette étude pourront être intégrés dans d'autres programmes de recherche, et/ou de suivi-monitoring (locaux, nationaux et internationaux) traitant de l'état de santé des récifs coralliens tels que le programme d'évaluation des risques pesticides pour les récifs coralliens de La Réunion (ERICOR) ou encore dans le cadre de la Directive Cadre sur l'Eau (DCE).

Source : DEAL de La Réunion

3. Développement de la filière des oléagineux sur la base expérimentale du concept Galbas en Guadeloupe

Ce projet, lancé en 2007 à Gourbeyre en Guadeloupe, est porté par le docteur Henry Joseph, également co-fondateur du laboratoire Phytobôkaz, spécialisé dans la fabrication locale de produits dérivés de plantes médicinales ultramarines.

Ce projet vise à développer la filière des oléagineux sur la base expérimentale de l'huile de galba.

Le développement de la production de graines de galba (Calophyllum calaba), en Guadeloupe, est un marché de niche. La composition chimique exceptionnelle de cette huile et ses propriétés biologiques particulières dans le domaine des antioxydants et de la réparation cellulaire constituent un exemple intéressant d'une valorisation économique réussie de la biodiversité.

Le projet, implanté à Gourbeyre, a permis de concevoir un ensemble agro-écologique durable et de recréer un écosystème interdépendant sur une plantation alternée de galbas, calebassiers, cocotiers et avocatiers. Il a stimulé la création d'une filière des oléagineux de Guadeloupe reposant sur des circuits courts. Ce projet a également eu des impacts positifs sur la biodiversité animale, d'une part, avec une augmentation constatée des populations de chauve-souris et d'abeilles, sur la biodiversité végétale d'autre part, grâce à la reforestation visible sur la parcelle.

Source : DEAL - Guadeloupe

4. Projet d'Institut caribéen de la biodiversité insulaire à Saint-Martin

Le projet d'institut caribéen de la biodiversité insulaire (ICBI) est porté par la Réserve nationale naturelle de Saint-Martin. L'objectif affiché est de fournir un outil au service du développement du territoire, de l'écologie, de la protection de la biodiversité, de la recherche universitaire et scientifique, de l'écotourisme et du développement économique.

L'ICBI en est pour l'heure et jusqu'à octobre 2016, au stade des études opérationnelles, la phase de travaux devant se dérouler tout au long de l'année 2017. Il doit :

- devenir un lieu privilégié de mise en valeur du patrimoine naturel et de la biodiversité de Saint-Martin ;

- développer des outils d'accueil et de transfert de connaissance pour expliquer, sensibiliser, éduquer tous les publics à l'environnement et à l'éco-citoyenneté ;

- apporter et soutenir de nouvelles synergies axées sur la conservation de la biodiversité, la recherche, la formation professionnelle, la création de filières économiques durables, la promotion touristique, en s'affirmant comme un pôle de rayonnement et d'échanges scientifiques régionaux et internationaux ;

- créer de nouveaux emplois liés aux métiers de la mer, de la pêche, de la protection et de la valorisation des espaces naturels ;

- contribuer à la préservation du cadre de vie exceptionnel de Saint-Martin, condition essentielle pour le maintien de l'attractivité du territoire.

Ce projet permettra de faire émerger un véritable pôle de recherche centré sur la biodiversité du territoire et surtout, plus largement, de l'espace Caraïbe, qui est un élément stratégique pour Saint-Martin.

Il est enfin central dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et ses impacts, comme par exemple via l'introduction d'herbivores marins dans le cadre du développement d'un pôle de recherche aquacole.

Source : Préfecture de Saint-Martin

5. Restauration des écosystèmes marins en Guadeloupe et à Saint-Barthélemy

Le groupe de travail du Sénat sur « les outre-mer confrontés au changement climatique », s'est rendu, en juillet 2015, en Guadeloupe et à Saint-Barthélemy.

Dans ce cadre, vos rapporteurs ont pu assister à une présentation des mesures compensatoires mises en oeuvre dans le cadre des travaux d'aménagement liés au Grand port maritime de Guadeloupe, à savoir des programmes de transplantation d'herbiers, de coraux et de replantation de mangroves.

L'autorité environnementale, dans un avis datant d'octobre 2013, avait en effet recommandé de compléter les mesures d'évitement, de réduction et de compensation des impacts du projet sur l'environnement, et plus spécifiquement, les milieux marins.

Ces mesures de compensation concernent les herbiers et les coraux (transplantation des herbiers, immersion de récifs artificiels pour les coraux, sentier sous-marin,...), les mangroves (replantation, protection et nettoyage), une sensibilisation du public, la pêche (capture de « cultures post larvaires », dispositif de concentration des poissons, actuellement non autorisé, l'usage de récifs artificiels, la reconversion des pêcheurs.

Dans ce contexte, des mesures de restauration de ces trois écosystèmes en étroite relation (3 348,1 hectares de mangroves, 11 870 hectares d'herbiers et 33 890 hectares de mangroves) sont mises en oeuvre :

- une transplantation d'herbiers dans le cadre des travaux du Port Nouvelle génération : 3 300 m 2 d'herbiers prélevés avec un objectif de 13 000 m 2 d'herbiers à reconstituer (la 1 re campagne de suivi a eu lieu en août 2015) ;

- une transplantation de récifs coralliens dans le même cadre : 4 300 colonies transplantées (les 1 re et 2 e campagnes de suivi ont eu lieu en avril et juin 2015 et la 3 e en septembre 2015).

Par ailleurs, le groupe de travail sénatorial s'est vu présenter à Saint-Barthélemy deux projets de reconstitution de coraux partant d'initiatives locales. Le premier mise sur la constitution de pépinières et le bouturage de cornes de cerf et de cornes d'élan, deux espèces d'acropora dont le rythme de croissance est particulièrement rapide jusqu'à 10 cm par an. Cette technique a été perfectionnée en Floride.

Le second projet s'appuie sur une technique d'accrétion électrolytique qui permet grâce à des structures métalliques immergées et placées sous basse tension de former des structures calcaires qui serviront d'habitat artificiel aux coraux. Ce procédé s'est particulièrement développé à Bali.

Source : Déplacement du groupe de travail en Guadeloupe et à Saint-Barthélemy en juillet 2015
- entretiens avec le Grand Port maritime de Guadeloupe et MM. Didier Laplace et Turenne Laplace.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page