B. DES RISQUES LIÉS À LA GÉOLOGIE

1. Séismes

Le risque sismique est très présent outre-mer, et singulièrement aux Antilles.

a) Aux Antilles, l'appréhension d'un séisme majeur

Historiquement, plusieurs épisodes majeurs ont jalonné l'histoire récente de l'arc antillais, les deux plus marquants datant de 1839 pour la Martinique et 1843 pour la Guadeloupe avant ceux de 1851 et 1897. Récemment, le séisme le plus important date de 2007, ressenti en Martinique et plus modérément en Guadeloupe ; ce dernier a laissé des traces visibles sur de nombreux bâtiments.

Les îles des Antilles craignent la survenue d'un séisme majeur, « big one », qui pourrait être dévastateur. Un séisme d'une magnitude équivalente à celle du séisme de 1843 qui avait causé la mort de plus de 1 500 personnes à Pointe-à-Pitre, pourrait notamment avoir, sur le même territoire de la Guadeloupe, des conséquences majorées par rapport à l'époque, en raison de la densification de la population dans des espaces vulnérables.

Séismes enregistrés par le réseau de surveillance des OVS-IPGP dans les petites Antilles entre 1996 et 2011. Le code couleur correspond à la profondeur et la taille des disques est proportionnelle à leur magnitude. (Source : OVSM-IPGP - Dossier Départemental des Risques Majeurs en Martinique (972) - version janvier 2014)

b) Un risque de liquéfaction des sols

Un phénomène induit par les séismes est la liquéfaction 2 ( * ) des sols. La ville de Fort-de-France, en Martinique, est particulièrement exposée à ce risque du fait de son sol « caractérisé par de fortes épaisseurs d'alluvions plus ou moins sableuses » 3 ( * ) .

c) Dans l'océan Indien, le cas de Mayotte : « séismes en essaim »

Moins connu dans l'océan Indien, le risque sismique est pourtant bien présent. La réglementation nationale classe La Réunion en zone de sismicité 2 et Mayotte en zone de sismicité 3 . Un séisme est ressenti tous les deux à trois ans, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). On constate cependant une activité sismique dense depuis le 10 mai 2018 à Mayotte avec des secousses fréquentes, d'amplitude variable mais souvent de l'ordre de 4 à 5 sur l'échelle ouverte de Richter. Le 15 mai, la plus forte secousse jamais enregistrée dans la zone des Comores a atteint une magnitude de 5,8. Il est impossible de prévoir quelle sera la durée de cet épisode de « séismes en essaim ».

Dans un territoire peu habitué à ce risque, la soudaineté du phénomène et son imprévisibilité ont beaucoup marqué la population. Une cellule psychologique a ainsi été mise en place à l'hôpital de Mamoudzou.

Nombre de séismes par jour et par magnitude à Mayotte depuis le 10 mai 2018

Source : BRGM

2. Risque volcanique

Les outre-mer sont particulièrement concernés par le risque volcanique, à la fois par leurs propres volcans, mais également par les volcans situés à l'étranger et dont l'impact d'une éruption peut concerner les territoires français, par des rejets de cendres, des altérations climatiques ou encore des effondrements marins provoquant des tsunamis.

Les trois plus grands volcans actifs français, de régimes différents, sont situés sur trois départements d'outre-mer : la Soufrière en Guadeloupe, la Montagne Pelée en Martinique et le Piton de la Fournaise à La Réunion.

Selon les estimations communiquées par le ministère de la transition écologique et solidaire, la Soufrière de Guadeloupe et la Montagne Pelée menaceraient directement environ 200 000 personnes aux Antilles , tandis que jusqu'à 150 000 personnes pourraient être exposées au risque volcanique à La Réunion.

a) Des éruptions fréquentes à La Réunion

Le Piton de la Fournaise à La Réunion est l'un des volcans les plus actifs au monde, avec généralement plusieurs éruptions par an . La très grande majorité des éruptions depuis 1630 - 97 % - sont des éruptions laviques cantonnées dans l'Enclos Fouqué. Des éruptions laviques peuvent cependant survenir également hors enclos, menaçant les populations et les biens. Des éruptions explosives violentes sont également possibles par ailleurs.

L'éruption récente du 2 au 30 avril 2007 est l'une des plus importantes éruptions observées : le champ de lave a coupé la route RN2 pour atteindre l'océan Indien.

b) Une activité plus rare mais plus dangereuse à la Martinique et en Guadeloupe

Les îles volcaniques que sont la Martinique et l'archipel de la Guadeloupe présentent des caractéristiques différentes de La Réunion.

Pour la Soufrière de Guadeloupe , la dernière éruption magmatique a eu lieu en 1530 et la dernière crise éruptive est la période d'explosions phréatiques de 1976-1977 - que l'observatoire volcanologique de Guadeloupe considère comme « une éruption magmatique avortée » -, pendant laquelle 70 000 personnes ont été évacuées pendant six mois. Depuis 1992, une recrudescence légère mais continue de l'activité fumerollienne et sismique est enregistrée sur la Soufrière : la végétation a corrélativement reculé sur le cratère.

La Montagne Pelée de Martinique est l'un des volcans les plus actifs de l'arc des Petites Antilles, avec environ 24 éruptions répertoriées depuis 5 000 ans. La dernière éruption de la Montagne Pelée date de 1929-1932, mais la plus connue est l'éruption de 1902-1905, la plus catastrophique qu'ait connue le XX e siècle , causant près de 30 000 morts et la destruction de la ville de Saint-Pierre. L'activité actuelle de ce volcan est très faible, mais celui-ci se caractérise par son imprévisibilité.

c) Dans l'océan Indien et l'océan Pacifique, d'autres volcans

Parmi les autres volcans actifs dans les territoires ultramarins, la Polynésie française compte un volcan actif terrestre , le Mehetia - îlot inhabité -, ainsi que des volcans actifs sous-marins .

À ces volcans actifs, s'ajoutent les volcans endormis à Mayotte - Mont Benera -, en Polynésie française et dans les Terres Australes.

d) Le phénomène des lahars à la Martinique

Des laves torrentielles, les lahars , sont observées au pied de la Montagne Pelée à la Martinique , notamment sur la commune du Prêcheur. Ce phénomène soudain et imprévisible est d'une périodicité très inégale.

Ces boues volcaniques, chargées de matières solides alliant des poussières volcaniques à des blocs de roches de plusieurs mètres de diamètre, effritements de la montagne, se déplacent à une vitesse importante dans le lit de la rivière Samperre, nécessitant une vigilance sensible et une forte réactivité des autorités et des populations.

Entre janvier et avril 2018, plus de 700 éboulements ont été recensés sur la Montagne Pelée , conduisant à plus de 200 lahars . Ces coulées fréquentes sont observées dans le lit de la rivière du Prêcheur et ont conduit à des déplacements en urgence des habitants.

3. Mouvements de terrain

Le risque de mouvements de terrain se caractérise par le déplacement de sol, débris ou roche. Il se retrouve dans l'ensemble des bassins océaniques.

L'île de La Réunion concentre parmi les glissements actifs les plus grands d'Europe avec Grand Îlet et Mare à Poule d'Eau à Salazie ; certaines zones soumises à ces glissements sont habitées.

Le risque de mouvements de terrain est également très présent aux Antilles, comme ont pu le constater les rapporteurs durant leur déplacement, en Guadeloupe comme à la Martinique. Dans le cas de cette dernière, on répertorie ainsi de grands glissements actifs comme le Morne Macroix, la Médaille ou Soleil Levant. Le glissement du Morne Calebasse en 2011 à Fort-de-France, avec deux glissements successifs , a détruit 20 bâtiments, emporté une route départementale et conduit à 75 expulsions.

Les mouvements de terrain peuvent avoir parfois des conséquences meurtrières. À la fin des années 1990, des mouvements dus à un phénomène cyclonique et de fortes pluies ont fait une vingtaine de morts. Récemment, la Nouvelle-Calédonie et Mayotte ont également connu des glissements meurtriers, respectivement en 2016 à Houaïlou et 2018 à Koungou.

Cet aléa est cependant difficilement évaluable selon le BRGM : les informations liées à la localisation des phénomènes, à leur temporalité, aux matériaux concernés et aux raisons de déclenchement ne sont souvent pas ou peu renseignées.


* 2 « On appelle liquéfaction d'un sol un processus conduisant à la perte totale de résistance au cisaillement du sol par augmentation de la pression interstitielle. Elle est accompagnée de déformations dont l'amplitude peut être limitée ou quasi illimitée . » (Définition issue des règles PS 92).

Ce phénomène, qui se produit uniquement sous sollicitation sismique forte, peut provoquer des affaissements différentiels sous les fondations des ouvrages, pouvant entraîner leur rupture ou leur basculement, et également des glissements de terrain sur des pentes très faibles (« lateral spreading ») - Extrait du rapport sur le microzonage sismique de Mamoudzou-centre, Mayotte, Étude du BRGM de décembre 2002.

* 3 Rapport sur le microzonage sismique des communes de Schoelcher, Fort de France et Le Lamentin : effets de site et liquéfaction ; Étude du BRGM de décembre 1996.

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