B. LES 5 COMPOSANTES DU SSA FACE À LA PANDÉMIE : UNE MOBILISATION TOUS AZIMUTS

La direction centrale du SSA a mis en place une cellule de coordination COVID-19 le 6 février 2020, devenue cellule de crise au passage de la pandémie au stade 3. Le SSA a notamment mis à disposition ses experts en biosécurité et ses épidémiologistes pour réaliser les différentes enquêtes épidémiologiques et la prise en charge de clusters éventuels au sein des forces.

La chaîne hospitalière militaire a pris en charge près de 3% des réanimations

Au 30 avril, les 8 HIA avaient pris en charge 8817 patients, dont 6441 ont été vus en consultation et 2376 ont été hospitalisés. Il y a eu 449 passages en réanimation.

Les HIA

L'ensemble des hôpitaux d'instruction des armées (HIA) ont été pleinement impliqués dans le dispositif de prise en en charge des patients COVID-19 dès le 23 février. L'HIA Bégin , établissement de première ligne habilité à recevoir des patients COVID-19 a été le premier concerné par cette prise en charge. Puis les HIA Percy, Sainte-Anne, Laveran, et Clermont-Tonnerre , établissements de santé de deuxième ligne , ont été à leur tour rapidement mobilisés pour augmenter les capacités des établissements de première ligne et recevoir des patients COVID-19.

Le passage au stade épidémique le 14 mars a mobilisé l'ensemble du système de santé français. À ce titre, les HIA de Metz, Lyon et Bordeaux, établissements de rang 3 , ont participé aux prises en charge et accueilli selon leurs capacités et les besoins de la santé publique des patients COVID-19.

Des unités de réanimation supplémentaires ont été ouvertes, permettant de porter le nombre total de lits de réanimation à 171 contre 57 avant le début de la crise. Mi-avril, les HIA accueillaient 2,76% des malades du COVID en réanimation.

L'ensemble des ressources humaines du SSA a été mobilisé pour renforcer les HIA, soit mi-avril 624 renforts de réservistes, d'élèves des écoles du SSA, de personnel des autres chaînes du SSA ainsi que des bénévoles. Au même moment, le personnel de la chaîne hospitalière continue à assurer sa contribution à la mission première du service, de soutien des forces en opérations avec 92 soignants des HIA en OPEX ou mission de courte durée .

La médecine des forces se prépare à intervenir en cas d'infection en OPEX

La médecine des forces s'est impliquée dans la mise en place de l'élément de réanimation ainsi que dans les différentes opérations d'évacuations aériennes, navales et terrestres de patients COVID-19 pour désengorger l'est de la France, la Corse et l'Ile-de-France. La médecine des forces participe au fonctionnement des HIA en assurant les gardes hospitalières notamment.

Les quatre priorités de la médecine des forces

- Assurer le soutien médical des missions stratégiques et des missions opérationnelles prioritaires, avec 432 personnels en opérations ;

- Contribuer à la conception et à l'exécution des missions opérationnelles liées au COVID-19 et de l'opération RESILIENCE, être en mesure de soutenir un renforcement de SENTINELLE;

- Garantir une offre de soins sécurisée à la communauté de défense via un maillage territorial suffisant et par la téléconsultation mise en place le 27 mars et généralisée le 6 avril. Ce dispositif est opérationnel 24h/24h et concerne l'ensemble des ayants-droits (militaires, civils de la défense et leurs familles). En quinze jours, le nombre cumulé de téléconsultations s'est élevé à 5 953 dont 84% en lien avec le COVID-19. La médecine des forces contribue également au dispositif de soutien médico-psychologique mis en place au profit du personnel du ministère et des soignants du SSA ;

- Conseiller en toutes circonstances et à son niveau le commandement en matière de lutte contre l'épidémie, de prise en charge des militaires, de protection des forces armées et de préservation des capacités opérationnelles .

La médecine des forces a constitué cinq équipes de deux binômes (un urgentiste et un infirmier expérimentés) de « renfort COVID-19 » pour renforcer les théâtres d'opération en cas de dégradation de la situation sanitaire . Ces équipes seront déployées, si nécessaire, dans des modules de Capacité de réanimation projetable (CARPE) ; elles ont reçu une formation spécifique à la prise en charge des patients atteints du coronavirus dans des circonstances opérationnelles.

Lors de son audition devant la commission, la ministre des armées a indiqué qu'au 11 mai 2020, les armées comptaient 1 771 cas confirmés de Covid-19 et 5 400 cas probables ; le chef d'Etat-major des armées ayant chiffré fin avril à une cinquantaine le nombre de cas en Opex proprement dites.

La chaîne du ravitaillement médical a constitué des stocks de précaution

Le service du ravitaillement médical assure l'approvisionnement journalier en produits de santé des différents hôpitaux, antennes, centres médicaux, mais également de l'EMR-SSA et des différents vecteurs (évacuations aériennes et maritimes) de l'opération Résilience. De plus, le RAVMED a assuré la livraison de 5 millions de masques chirurgicaux au profit du ministère des solidarités et de la santé.

Le 24 avril, le ministère des Armées a confirmé l'achat de barils de chloroquine de phosphate, provenant de Chine. Il s'agissait de sels de chloroquine qui auraient permis de fabriquer une solution injectable d'hydroxychloroquine si cette solution thérapeutique avait été validée. Dans un contexte de rareté de la ressource et de concurrence internationale exacerbée à l'achat, la constitution d'un stock de précaution est assumée par le ministère. La ministre des armées Florence Parly a d'ailleurs déclaré le 12 mai devant la commission : « Le décret du 25 mars 2020 du ministre de la santé et des solidarités a autorisé l'utilisation de l'hydroxychloroquine en milieu hospitalier pour les patients atteints par le Covid-19. La pharmacie centrale des armées a donc procédé, après le 25 mars, à des achats de précaution de ce produit pharmaceutique dont on ne savait pas s'il allait donner des résultats. Il n'y a rien de plus à en dire. »

La chaîne de formation, de recherche et d'innovation s'est mobilisée en renfort

Les futurs acteurs de santé militaires, les élèves médecins, pharmaciens, infirmiers et aides-soignants ont été déployés en renfort, encadrés par les professionnels du service de santé, au sein des hôpitaux mais aussi de l'EMR-SSA déployé à Mulhouse. Au 15 avril, 129 élèves médecins et pharmaciens, 154 élèves infirmiers de la 1 ère à la 3 ème année et 37 élèves infirmiers de bloc opératoire diplômés d'état (IBODE) et infirmiers anesthésistes diplômés d'Etat (IADE) étaient ainsi en renfort dans l'ensemble des établissements du SSA.

L'institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) a mobilisé toutes ses ressources pour contribuer à la lutte contre le COVID-19

Les actions de l'IRBA

- La chaîne diagnostic biomédicale de l'IRBA a permis de réaliser les analyses des prélèvements du personnel du ministère en soutien des capacités de l'HIA Bégin. Les experts biosécurité ont été déployés pour accompagner la prise en charge du cluster de Creil, assurer la biosécurité des vols MORPHEE, participer à la formation des personnels à la biosécurité pour permettre la constitution d'équipes « Biosécurité/prélèvements » comprenant un médecin, un pharmacien et un technicien, prêtes à intervenir,

- 15 projets de recherche impliquant la personne humaine ont été soumis, 8 ont reçu un avis favorable pour une promotion SSA, 3 ont reçu un avis défavorable, et 4 étaient encore en cours d'instruction,

- dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre le COVID-19, l'agence de l'innovation de défense (AID) a lancé un appel à projets qui porte sur la recherche de solutions innovantes qui pourraient être directement mobilisables afin de protéger la population, soutenir la prise en charge des malades, tester la population, surveiller l'évolution de la maladie au niveau individuel et l'évolution de la pandémie, ou aider à limiter les contraintes pendant la période de crise. Le SSA a reçu le soutien de l'Agence Innovation Défense (AID) pour 3 projets d'innovation,

- enfin, l'IRBA étudie la production scientifique autour du COVID-19 et l'intérêt des différentes solutions technologiques proposées par les industriels au travers d'une Task Force « Recueil, Analyse, Propositions techniques et scientifiques », TF RAPTS COVID-19. Des fiches de synthèse bibliographiques ou des rapports d'expertise sont rendus (notamment sur l'utilisation et l'efficacité des masques Safran/Mistral et Décathlon/Easybreath®).

La bascule vers la téléconsultation a été accélérée

La direction des systèmes d'information et du numérique a permis le déploiement très rapide de la téléconsultation au sein de la médecine des forces, au profit de la communauté de défense et dans les hôpitaux militaires pour le suivi des patients atteints de maladie chronique. Elle travaille au déploiement d'un suivi des patients atteints du COVID-19 dans le système d'information de la médecine des forces.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page