C. POLITIQUE DU TOURISME : CHANGER DE MODÈLE

Mesure n° 40 : nommer un ministre du tourisme de plein exercice, qui s'appuierait sur une administration centrale dédiée .

La politique du tourisme en France, son budget et les moyens humains à la disposition de l'État ne cessent de s'amenuiser depuis de nombreuses années, en raison du sentiment erroné selon lequel « le tourisme fonctionne tout seul », alors qu'il s'agit d'une économie diffuse qui a besoin de l'action de l'État et des différentes collectivités, en particulier des communes. La crise qui frappe ce secteur comme jamais dévoile avec fracas cette erreur de diagnostic.

Elle démontre à nouveau la nécessité de nommer un ministre du tourisme de plein exercice, qui pourrait impulser une dynamique collective et définir des stratégies de développement pour le tourisme, par nature interministérielles : tourisme durable, tourisme social, tourisme d'affaires 35 ( * ) , numérisation, formation... Il s'appuierait sur une direction d'administration centrale dédiée, mettant fin à la dualité d'administrations compétentes.

Mesure n° 41 : mettre au premier plan l'indicateur des recettes touristiques issues du tourisme international pour orienter la politique du tourisme au niveau national .

Notre politique publique touristique est exclusivement orientée vers le nombre de touristes internationaux accueillis. Pourtant, ce n'est pas l'approche la plus pertinente d'un point de vue économique. Notre place de n° 1, dont nous pouvons nous réjouir, et qu'il convient de consolider malgré la diminution de nos parts de marché 36 ( * ) , laisse de côté le principal enjeu : celui des retombées économiques sur notre territoire. À cet égard, la France est un géant touristique aux pieds d'argile . Comme cela est bien connu, notre pays n'est que 3e en termes de recettes tirées du tourisme international (55 milliards d'euros en 2018), derrière les États-Unis et l'Espagne. Les États-Unis recueillent trois fois plus de recettes que la France en accueillant 10 millions de touristes de moins ! L'Espagne recueille 15 millions de dollars de recettes de plus que notre pays alors qu'elle accueille près de 7 millions de touristes de moins. Les courts-séjours (1 à 3 jours) sont trop nombreux (43 % des séjours internationaux en 2018). Le panier de dépenses moyen des visiteurs étrangers est également trop faible (730 dollars, soit environ deux fois moins qu'au Royaume-Uni).

Mesure n° 42 : définir des objectifs chiffrés concernant le développement du tourisme domestique .

La politique touristique ne saurait exclusivement se focaliser sur les touristes internationaux. Il convient également de trouver les moyens d'attirer les touristes français qui préfèrent aujourd'hui voyager à l'étranger, qui représentent un potentiel de plus de 25 millions de séjours. Ainsi, de même que pour les touristes internationaux, des objectifs chiffrés concernant le développement du tourisme domestique pourraient être définis. La politique du tourisme doit avoir pour objectif l'attractivité de la France envers les touristes internationaux mais aussi envers les touristes domestiques.


* 35 Le tourisme d'affaires représente, selon les estimations, environ 25 % du chiffre d'affaires de la totalité des activités touristiques en France.

* 36 En effet, la France perd des parts de marché : la croissance du nombre de touristes internationaux a été d'1 % sur les 10 dernières années, contre 4 % dans le monde (3 % aux États-Unis, 4 % en Espagne et en Italie, 10 % en Thaïlande ou 12 % au Portugal).

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