VI. DES ACTEURS DE L'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT QUI TENTENT DE RÉPONDRE À LA CRISE

A. LE PLAN DE LA BANQUE MONDIALE

Les grandes institutions multilatérales et certaines banques de développement ont mis en place des plans de lutte contre la pandémie.

La directrice de la stratégie et des opérations de la Banque mondiale pour l'Afrique, Diarietou Gaye, a ainsi indiqué lors de son audition que l'institution avait débloqué 160 milliards d'euros pour lutter contre la pandémie, dont 50 milliards en Afrique et 28 milliards spécifiquement en réponse à la crise du COVID. Une part de 20 % du portefeuille actuel de l'AID (association internationale de développement, le fonds concessionnel de la banque mondiale), c'est-à-dire environ 12 milliards de dollars, sera déboursée sous la forme de dons, en particulier pour les pays qui, selon la terminologie de l'organisation, sont en situation de « debt distress », c'est-à-dire le plus haut niveau de difficulté de remboursement de la dette. Le 6 mai 2020, le Conseil d'administration avait déjà été approuvé 725 millions de dollars de financements dans 28 pays au sud Sahara, incluant 455 millions en « Fast Track », 16 projets étant déjà en cours pour un montant de 285 millions de dollars. Le fonds d'urgence (Contingency emergency fund) est également mobilisé et a déjà décaissé 270 millions de dollars.

Ces ressources mobilisées proviennent notamment de restructurations d'opérations sur des projets qui n'avançaient pas de manière suffisante. La Banque mondiale s'est également efforcée de mettre en place des procédures très rapides pour lancer de nombreux projets en un temps très limité, passant par exemple pour l'Afrique de deux réunions hebdomadaires d'approbation de projets à une réunion quotidienne. La durée d'instruction des projets de l'institution est ainsi passée de l'ordre de l'année à celui du mois. Outre les projets de santé, la Banque mondiale a lancé des projets d'appui budgétaire aux gouvernements pour soutenir des réformes sociales et économiques . Dans le contexte africain marqué par la présence de nombreuses micro-entreprises informelles qui se sont retrouvées du jour au lendemain sans source de revenu à la suite du COVID et des mesures prises pour le contenir, la Banque mondiale demande notamment aux Gouvernements de mettre en place des programmes de « Cash transfer » (transferts monétaires), ainsi qu'à apporter des liquidités et des crédits au secteur formel, à mettre en place des crédits d'impôt et à différer des paiements. Des programmes visent également à maintenir les flux alimentaires malgré la fermeture des frontières, 113 millions de personnes se trouvant selon l'institution à la limite de la crise alimentaire et 54 millions la subissant déjà. La Banque mondiale a également tenté d'accélérer l'utilisation du numérique, notamment pour faciliter les transferts financiers, pour distribuer des intrants agricoles, etc. L'usage des téléphones portables pour effectuer des opérations financière a ainsi reçu un nouvel élan du fait de la crise.

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