B. L'INITIATIVE « SANTÉ EN COMMUN » MISE EN oeUVRE PAR L'AFD.

Lors de son audition par la commission, Rémy Rioux, directeur général de l'AFD, a estimé que la riposte de l'agence au coronavirus ne pourrait être efficace que si elle intervient en coordination avec les autres grands bailleurs. Outre son partenariat avec l'Union européenne qui a apporté une réponse précoce à la crise, l'AFD entend également inscrire son action dans le cadre de l'Assemblée mondiale de la santé de l'OMS.

L'AFD a lancé dès la fin février l'initiative Aphro-Cov avec l'INSERM, pour un montant de 1,5 millions d'euros, afin d'améliorer la veille sanitaire et la prise en charge des cas suspects de Covid-19 dans 5 pays d'Afrique (Burkina-Faso, Côte d'Ivoire, Gabon, Mali, Sénégal).

Surtout, l'agence a lancé le 2 avril, dans le cadre de l'initiative décidée par le Président de la République et par ses pairs africains, le projet « COVID 19, santé en commun », visant à la réallocation de 150 millions d'euros de dons et 1 milliards de prêts très concessionnels pour soutenir les pays atteints par le COVID. Pour accélérer la mise en oeuvre des projets dans le cadre de cette initiative, l'AFD s'est efforcée de raccourcir ses procédures et de passer par des acteurs éprouvés et des projets déjà en cours dont les enveloppes financières ont été réabondées. Ont ainsi déjà été financés, dans le cadre de cette initiative, 9 projets pour 60 millions d'euros de subvention dans 22 pays dont 16 d'Afrique francophone , dans le domaine du dépistage, du soutien aux laboratoires, de la recherche médicale, de la surveillance épidémiologique, des soins, etc. Selon le directeur de l'AFD, sur les 1 milliard d'euros de prêts, 500 millions devraient être engagés fin juin, ce qui témoignera de cette accélération du rythme de mise en oeuvre des projets.

Répondant aux préoccupations exprimées par de nombreux sénateurs de la commission au sujet des entreprises implantées en Afrique, dont de nombreuses entreprises françaises, le directeur général de l'AFD a également annoncé une nouvelle initiative proposée par l'agence au Gouvernement sur le thème du soutien au secteur privé africain . Le tissu des PME africaine est en effet l'un des grands espoirs de développement pour l'Afrique et la crise le met en péril directement. Dans ce domaine, PROPARCO, la filiale de l'AFD qui soutient le secteur privé, sera le bras armé de l'agence.

Au total, les sénateurs se sont félicités des nombreuses actions entreprises par l'AFD pour contribuer à affronter la crise économique et sanitaire en Afrique . Du côté des ONG, la Croix-Rouge française, entendue par les rapporteurs, a relevé pour sa part les bons contacts pris avec l'agence à l'occasion de la crise, celle-ci se déclarant prête à fournir un appui en RDC ou encore en RCA sur des programmes de renforcement des systèmes de santé via des appuis en dons.

En revanche, les rapporteurs ont souligné que la crise de la dette qui se dessine de plus en plus nettement en Afrique place l'AFD dans une situation difficile . En effet, d'une part, l'agence va nécessairement connaître une très forte montée des risques souverains et non souverains avec des effets sur les provisions, les résultats, et un besoin de nouveaux fonds propres bien plus rapidement que prévu, comme l'a confirmé le directeur général. D'autre part, en cas d'annulations pures et simples de dettes qu'elle détient, la parole de la France dans les pays concernés risque d'être affaiblie.

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