HONGRIE - PRINCIPALES DONNÉES

Nom officiel : Hongrie

Nature du régime : République parlementaire monocamérale

Président de la République : János Áder (depuis 2012, réélu en 2017)

Premier ministre : Viktor Orban (depuis 2010, réélu en 2014 et 2018)

Données géographiques

Superficie : 93 030 km²

Capitale : Budapest (1,7 million d'habitants, et 2,5 millions avec l'agglomération, soit environ un tiers de la population hongroise)

Villes principales : Debrecen, Miskolc, Szeged, Pécs, Gyõr, les autres agglomérations ne dépassant pas 250 000 habitants

Langue officielle : hongrois

Monnaie : forint hongrois (HUF)

Fêtes nationales : 20 août (Saint Étienne) ; 15 mars (révolution de 1848) ; 23 octobre (soulèvement de 1956)

Données démographiques

Population (2017) : 9 797 561

Densité : 107,6 hab./km²

Croissance démographique (2017) : - 0,3 %

Espérance de vie (2015) : 71,6 ans (hommes) ; 78,8 ans (femmes)

Taux d'alphabétisation (2015) : 99 %

Religion : pas de religion officielle

Indice de développement humain (2017) : 0,838 (45 e )

Données économiques

PIB (2017) : 123,49 milliards €

PIB par habitant (2016) : 12 600 €

Croissance (2017) : 4 %

Chômage (au sens du BIT) (2017) : 4,2 %

Inflation (2017) : 2,4 %

Solde budgétaire (2016) : - 2 076,4 millions €

Balance commerciale (2015) : 1 798 millions USD

Principaux clients (2017) : Allemagne (28 %), Roumanie (5,4 %), Italie (5,1 %)

Principaux fournisseurs (2017) : Allemagne (26 %), Autriche (6,3 %), Chine (5,8 %)

Part des principaux secteurs d'activités dans le PIB (2016) : agriculture : 4,5 % ; industrie : 30,4 % ; services : 65,1 %

Exportations de la France vers la Hongrie (2016) : 3 169 859 000 €

Importations françaises depuis la Hongrie (2016) : 4 106 932 000 €

Communauté française en Hongrie (2017) : 2 612 inscrits

Communauté hongroise en France : environ 30 000 personnes

I. UNE RELATION COMPLEXE ENTRE LA HONGRIE ET L'EUROPE QUI PEUT SE COMPRENDRE DANS UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE

A. UNE AMERTUME HÉRITÉE D'UNE HISTOIRE DOULOUREUSE

Sans vouloir retracer l'histoire de la Hongrie, force est de constater que celle-ci a été marquée par de nombreux traumatismes . Dans son livre Le défi hongrois - De Trianon à Bruxelles 4 ( * ) , Pierre Kende évoque ainsi « une succession presque ininterrompue de calamités », « loin d'être connue et reconnue par les autres - ce qui est particulièrement douloureux et blessant du point de vue hongrois. Bien au contraire, la plupart des voisins regardent les Hongrois comme la cause de leur propre malheur. [...] les Hongrois se considèrent aujourd'hui encore comme des enfants mal aimés du monde occidental, ils estiment que malgré leurs titres de gloire de ces dernières décennies (1956, 1989) et quels que soient leurs efforts pour se comporter en authentiques Européens, ils sont toujours vus à travers le prisme d'un temps révolu ».

La Hongrie reste en particulier profondément marquée par le traité de Trianon du 4 juin 1920 , qualifié par l'un des interlocuteurs de la délégation de la commission des affaires européennes de « chapitre le plus tragique de l'histoire hongroise ». Ce traumatisme fait d'ailleurs l'objet d'un consensus dans le pays : 85 % des Hongrois considèrent ce traité comme la plus grande tragédie nationale, et 94 % l'estiment injuste et exagéré. De fait, parmi les pays vaincus de la Première Guerre mondiale, la Hongrie est le seul à avoir connu des pertes territoriales aussi importantes (60 % de la population et deux tiers du territoire), en particulier la Transylvanie au profit de la Roumanie, mais aussi du fait de la création de la Tchécoslovaquie. Les Hongrois conservent de fortes attaches avec les territoires « perdus » : 20 % d'entre eux y ont de la famille, et seuls 25 % ne s'y sont jamais rendus. D' importantes minorités hongroises, représentant environ deux millions de personnes , vivent aujourd'hui dans plusieurs pays frontaliers de la Hongrie (Roumanie, Slovaquie, Serbie, Ukraine, mais aussi Slovénie et Croatie). Les minorités hongroises vivant dans les pays voisins n'y sont pas forcément considérées par les autorités hongroises comme bien traitées - le cas de la Slovaquie a été cité. D'après les autorités hongroises, et depuis le développement par le gouvernement d'une politique de délivrance de passeports aux personnes d'origine hongroise et vivant sur d'anciens territoires hongrois, un million de magyars résidant hors du pays bénéficieraient d'un passeport hongrois. Cette situation constitue d'ailleurs un irritant avec plusieurs de ses voisins , surtout depuis qu'une révision constitutionnelle a introduit une disposition selon laquelle la Hongrie est responsable du sort des « Hongrois d'outre-frontière ». Ainsi, l'action des autorités hongroises en Transcarpatie est, depuis plusieurs années, régulièrement dénoncée par l'Ukraine.

Les échanges qu'a eus la délégation avec des responsables hongrois ont permis de prendre la mesure de ce passé traumatique.

Plusieurs d'entre eux ont ainsi insisté sur la profonde méconnaissance, y compris en France, de l'histoire de l'Europe centrale. Il existe un sentiment profondément ancré dans le pays que « la Hongrie n'a rien reçu de l'Europe, sauf de l'humiliation et des refus » ; à plusieurs reprises, « l'aide de l'Europe n'est pas arrivée » quand elle était attendue. Ce sentiment d'abandon par les Occidentaux fut ressenti sous le régime communiste, et en particulier lors des événements de 1956.

Dans ce contexte, a-t-il été dit aux rapporteurs, « la Hongrie ne doit rien à l'Union européenne » - ce qui a grandement étonné la délégation ! D'autant plus que, selon ces responsables hongrois, l'histoire et les spécificités de leur pays ne sont pas suffisamment prises en compte . À leurs yeux, la Hongrie est l'objet de nombreuses désinformations : il n'y a ni antisémitisme ni corruption en Hongrie. Elle n'est pas un pays nationaliste, mais patriote , ce qui paraît assez logique après plus de 40 ans derrière le Rideau de fer. La Hongrie est une démocratie qui n'est pas différente de celle des pays occidentaux, mais le concept d'Europe des nations y est important .

Cette amertume est nourrie par un autre facteur, objectif, celui d'un déclin démographique . La population hongroise, en effet, a baissé de 10 % depuis 1981. En 2011, le taux de fécondité était de 1,23 enfant par femme, et de 1,5 aujourd'hui, mais encore inférieur à celui de la moyenne de l'Union européenne, qui est de 1,56. De surcroît, beaucoup de « cerveaux » quittent le pays, même si certains reviennent.

L'ensemble de ces raisons explique en partie les incompréhensions observées actuellement entre les pays d'Europe de l'Ouest et la Hongrie, en dépit des espoirs de liberté et de prospérité suscités par 1989.


* 4 Publié en 2003 aux éditions Buchet/Chastel.

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