II. UN ESPOIR DE RESPECTER L'OBJECTIF DE LIMITATION DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE À 1,5 °C QUI S'AMENUISE GRANDEMENT, DES TENSIONS ENTRE PAYS DÉVELOPPÉS ET PAYS EN DÉVELOPPEMENT QUI RISQUENT DE CROÎTRE

A. ATTÉNUATION DES TEMPÉRATURES : UN RELÈVEMENT DE L'AMBITION LARGEMENT INSUFFISANT AU REGARD DE L'OBJECTIF DE LIMITATION DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE À 1,5 °C

Les engagements de court terme - en tenant compte des contributions déterminées au niveau national (CDN) et des accords sectoriels conclus à Glasgow - placeraient la planète sur une trajectoire d'augmentation des températures de 2,3 °C , dans le scénario le plus optimiste.

Le chiffre de 2,3 °C est bien au-dessus de l'objectif privilégié par l'Accord de Paris (1,5 °C).

De plus, l'atteinte de ce niveau de température en fin de siècle repose sur la capacité et la volonté des États à respecter leur propre CDN, ce qui est loin d'être garanti en dépit de l'adoption finale des règles de transparence.

L'espoir de respecter l'objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C s'amenuise grandement, l'écart à combler semblant pour l'heure considérable, notamment du fait des CDN des grands émergents, la Chine ne prévoyant par exemple de stabilisation de ses émissions qu'en 2030.

Après la COP26, l'atteinte de l'objectif de 2 °C semble à portée de tir plus réaliste.

B. FINANCE : SANS PROGRÈS FUTURS, DES RISQUES MAJEURS DE PARALYSIE DE LA NÉGOCIATION CLIMATIQUE

Les efforts des pays développés pour financer l'atténuation et l'adaptation au changement climatique d'ici 2020 dans les pays en développement n'ont pas été à la hauteur des engagements pris en 2009, lors de la COP15 de Copenhague.

Engagements annuels des pays développés
d'ici 2020

Situation
en 2019

Les 100 milliards de dollars ne seront atteints qu'en 2022 ou 2023

Les montants promis à Glasgow restent en deçà de la demande des pays vulnérables, relayée notamment par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, d'une parité entre financements dédiés à l'atténuation et au financement dédiés à l'adaptation .

Par ailleurs, la part de ces fonds dédiée à l'adaptation est aujourd'hui trop limitée, avec seulement 25 % en 2019, ou 36 % dans l'hypothèse la plus favorable. L'engagement des pays développés à Glasgow est de doubler les financements en faveur de l'adaptation d'ici 2025 (pour atteindre environ 40 milliards de dollars ).

La COP26 n'a pas permis de trouver de solutions de financement pour les « pertes et préjudices » - correspondant aux dommages résiduels inévitables du changement climatique - en dépit des nombreuses demandes des pays vulnérables. L'instauration du « mécanisme de Glasgow » , enjoignant l'ensemble des parties à avancer d'ici deux ans sur ce sujet de financement , doit toutefois être perçue comme une issue positive susceptible de contribuer à faire sortir les négociations de leur inertie, pour autant toutefois que l'ensemble des États se saisissent de cette opportunité.

La question des financements en direction des pays en développement - en matière d'atténuation, d'adaptation ou des « pertes et préjudices » - n'a pas connu d'avancées suffisantes pour apaiser la crise de confiance entre pays du Nord et pays du Sud .

À cet égard, la COP27 s'annonce déjà comme le prochain rendez-vous crucial, d'autant plus qu'elle se déroulera sur le continent africain, en Égypte, particulièrement sensible à ces enjeux. Sans réponse rapide de la communauté internationale aux problématiques de finance climatique, la crise de confiance pourrait s'ancrer plus encore et paralyser durablement la négociation climatique. Ainsi, cette absence de solidarité des pays développés conforte l'alliance entre les pays en développement et des « grands émergents » (Chine, Inde), à travers le groupe de négociation « G77+Chine », alliance qui participe à limiter l'ambition générale, comme observé en fin de COP avec l'atténuation demandée par l'Inde et la Chine de la mention sur la sortie du charbon .

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