B. UN NOMBRE STABLE D'ENSEIGNANTS AFFECTÉS AU REMPLACEMENT, MALGRÉ UNE HAUSSE DES ABSENCES

1. Un potentiel net de remplacement inchangé depuis 2018

Le coût budgétaire du remplacement s'explique par les effectifs de titulaires et de contractuels affectés à des missions de remplacement dans le public et le privé du premier et du second degrés.

Ainsi, au total, en 2024-2025, 43 452 enseignants du premier degré et 27 464 enseignants du second degré sont affectés à des missions de remplacement, en hausse de 10 % par rapport à 2018 dans le premier degré et de 20 % dans le second degré. Les enseignants remplaçants représentent en moyenne 12 % de l'effectif total des enseignants du 1er degré depuis l'année scolaire 2018-2019. La part des enseignants affectés au remplacement rapportée au total des enseignants du 2nd degré est en moyenne de 5 %.

Évolution du nombre d'enseignants affectés au remplacement dans le premier et le second degré public entre 2018 et 2025

(en personnes physiques)

Note : les données sont relevées à fin juin chaque année, sauf pour l'année 2024-2025 où elles sont disponibles à fin janvier.

Source : commission des finances d'après le ministère de l'éducation nationale

Toutefois, cette hausse du nombre d'enseignants affectés à des missions de remplacement n'est qu'apparente. En réalité, un grand nombre d'entre eux sont affectés à des postes à l'année, l'enseignant titulaire prévu ne s'étant pas présenté en septembre à son affectation. Par ailleurs, une grande partie des missions de remplacement est assurée par des personnels contractuels, y compris sur des périodes de courte durée, embauchés en contrat à durée déterminée (CDD, voir supra). Le nombre d'enseignants titulaires ou contractuels avec un contrat à durée indéterminée (CDI) véritablement disponibles pour une mission de remplacement est donc beaucoup plus faible.

Évolution du potentiel net d'enseignants mobilisables pour des missions de remplacement dans le premier et le second degré public entre 2018 et 2025

(en ETP)

Note : le potentiel net de remplacement comprend pour le second degré les titulaires en zone de remplacement (TZR), les contractuels en CDI et les maitres auxiliaires en garantie d'emploi (MAGE). Dans le premier degré, il comprend les titulaires remplaçants et les contractuels en CDI.

Source : commission des finances d'après le ministère de l'éducation nationale

En 2023-2024, près de 35 050 ETP étaient mobilisables pour du remplacement dans le premier degré, en hausse de 6,6 % par rapport à 2018. Dans le second degré, seuls 8 735 ETP étaient véritablement disponibles pour remplacer leurs collègues, en hausse de 6,2 % par rapport à 2018.

La proportion représentée par les enseignants titulaires ou contractuels en CDI véritablement mobilisables pour des missions de remplacement par rapport au nombre total d'enseignants est stable dans le premier et le second degré depuis 2018. Elle représente environ 10,9 % des enseignants du premier degré et 2,5 % des enseignants du second degré. Cette proportion avait subi une baisse importante lors de la crise sanitaire : seuls 10 % des enseignants du premier degré étaient mobilisables pour des missions de remplacement.

Dans le privé, ce sont près de 6 % des enseignants qui sont dédiés au remplacement. Il s'agit uniquement de maitres délégués, recrutés selon les besoins, et non de personnels titulaires ou en contrat à durée indéterminée (CDI) affectés à des missions de remplacement. Dans le second degré privé, près de 3,14 % des enseignants effectuent des missions de remplacement.

Évolution de la part d'enseignants mobilisables pour des missions de remplacement dans le premier et le second degré public entre 2018 et 2025

(en ETP)

Source : commission des finances d'après le ministère de l'éducation nationale

2. Des disparités territoriales en termes de potentiel net de remplacement

Les effectifs consacrés au remplacement ne sont pas équivalents d'une académie et même d'un département à l'autre. Ainsi, dans le premier degré, ce sont les académies franciliennes (Paris, Versailles et Créteil), Mayotte, Rennes, Strasbourg et Nantes qui sont les plus mal dotées. Si en principe 15,3 % des enseignants nantais sont dédiés à des missions de remplacement des enseignants, en pratique le potentiel net mobilisable à des missions de remplacement ne représente que 9,1 % des effectifs d'enseignants, alors que la moyenne nationale est de 10,7 %. Pour autant, les académies de Rennes et Nantes ont des taux d'efficacité de 84 % du remplacement du premier degré supérieurs à la moyenne nationale. Elles ont en effet des taux d'absence des enseignants dans le premier degré inférieurs au reste de la France (voir supra, partie I.A.1.b).

À l'inverse, les académies franciliennes, celles de Strasbourg et de Mayotte ont effectivement des taux d'efficacité du remplacement inférieurs à la moyenne nationale, ce qui peut s'expliquer par le trop faible nombre d'enseignants remplaçants.

La part totale d'enseignants dédiée aux missions de remplacement est inférieure à 10 %, pour une moyenne nationale de 12,7 %, dans les départements plutôt ruraux du Val-de-Marne, de Meurthe-et-Moselle, du Loiret et du Val-d'Oise, ainsi que dans le Rhône.

Part d'enseignants du premier degré affectés à des missions de remplacement
et potentiel net mobilisable par académie en 2023-2024

(en pourcentage)

Note : les effectifs sont calculés à partir des personnes physiques alors que le potentiel net d'enseignants est calculé grâce aux ETP.

Source : commission des finances d'après le ministère de l'éducation nationale

Dans le second degré, certaines académies ultramarines (Guyane, Mayotte), les académies de Besançon, de Reims, de Nantes, de Clermont-Ferrand, de Poitiers, de Bordeaux et de Lyon en particulier disposent de potentiels nets de remplaçants inférieurs à la moyenne nationale, même si la part des enseignants effectuant des missions de remplaçants est dans la moyenne à Lyon et à Bordeaux. Pour autant, seules les académies de Reims et de Nantes ont un taux d'efficacité du remplacement de longue durée inférieur à 93 %, les effectifs paraissent suffisants pour couvrir les besoins des autres académies.

Part d'enseignants du second degré affectés à des missions de remplacement
et potentiel net mobilisable par académie en 2023-2024

(en pourcentage)

Note : les effectifs sont calculés à partir des personnes physiques alors que le potentiel net d'enseignants est calculé grâce aux ETP.

Source : commission des finances d'après le ministère de l'éducation nationale

Enfin, concernant les disciplines du second degré, près de 15 % des remplaçants enseignent les lettres modernes. Les mathématiques (13,2 % des enseignants remplaçants), l'anglais (13 %), l'éducation physique et sportive (10,6 %) et l'histoire-géographie (9,7 %) sont les principales disciplines enseignées par les enseignants remplaçants.

Répartition des effectifs d'enseignants remplaçants par disciplines
dans le second degré en 2023-2024

(en ETPT)

Note : ETPT signifie équivalents temps plein travaillés.

Source : commission des finances d'après le ministère de l'éducation nationale

3. Une part croissante de contractuels, témoignant des difficultés d'attractivité du métier

Les contractuels représentent une part importante et croissante du vivier d'enseignants remplaçants. Ainsi, dans le premier degré public, en 2018, les enseignants contractuels représentent 11,1 % des enseignants remplaçants en ETP, une proportion en hausse puisqu'elle atteint 17 % en 2023-2024. Le nombre d'enseignants remplaçants contractuels a pratiquement été multiplié par deux entre 2018-2019 et 2023-2024, représentant 4, 982 ETP. Le recrutement massif de contractuels avait pour objectif de permettre au ministère de répondre aux besoins croissants de remplacement des enseignants, dans un contexte où le potentiel net d'enseignants mobilisables est resté stable depuis 2018.

Les enseignants contractuels sont surreprésentés parmi les enseignants remplaçants, puisque sur le total des enseignants, seuls 3,4 % sont des contractuels. Une telle surreprésentation des contractuels parmi les remplaçants témoigne du manque d'attractivité de la fonction d'enseignant remplaçant pour les titulaires.

Les enseignants remplaçants sont très souvent en début de carrière, avec peu de possibilités de choix de mutation, ce qui explique souvent leur affectation.

Évolution du nombre et de la part d'enseignants contractuels affectés
au remplacement entre 2018 et 2024 dans le premier degré

(en pourcentage et en ETP)

Note : les contractuels en CDD sont comptabilisés au mois de juin, impliquant que les contractuels en contrats courts s'étant achevés plus tôt ne sont pas compris dans la statistique.

Source : commission des finances d'après le ministère de l'éducation nationale

Dans le second degré également, le recours aux enseignants contractuels s'est massifié ces dernières années. En 2023-2024, près de 45,8 % des enseignants remplaçants sont contractuels, soit 8 160 ETP.

Le nombre de contractuels avec un contrat à durée déterminée (CDD) est par ailleurs très élevé. En effet, en 2023-2024, ce sont au moins 51 % des enseignants remplaçants qui n'ont qu'un contrat de très courte durée.

Une telle évolution a pour effet de précariser la fonction d'enseignement remplaçant. Par ailleurs, le recrutement de contractuels pour une courte durée représente une charge de travail lourde pour les rectorats, ce qui peut expliquer le délai de remplacement d'un enseignant en cas d'absence de longue durée, et donc le nombre de journées d'absence de longue durée non remplacées. En effet, les inspecteurs de l'éducation nationale doivent s'assurer que tous les candidats au remplacement de longue durée sont suffisamment qualifiés, afin de garantir la qualité pédagogique des enseignements. Un recours trop important aux contractuels de courte durée pour le remplacement des enseignants n'est donc pas souhaitable et devrait être limité.

Évolution du nombre et de la part d'enseignants contractuels affectés au remplacement entre 2018 et 2024 dans le second degré

(en pourcentage et en ETP)

Note : les contractuels en CDD sont comptabilisés au mois de juin, impliquant que les contractuels en contrats courts s'étant achevé plus tôt ne sont pas compris dans la statistique.

Source : commission des finances d'après le ministère de l'éducation nationale

Le recours aux contractuels, d'une ampleur importante dans le premier et le second degré, s'explique sans doute par les politiques récentes de l'éducation nationale.

En particulier, le dédoublement des classes de grande section, de CP et de CE1 opéré à partir de 2017 a nécessité le déploiement de 16 000 emplois, ce qui explique la multiplication par trois de la part d'enseignants remplaçants contractuels.

Dans le second degré, la création des « groupes de besoin » en sixième et cinquième à la rentrée 2024 a entrainé l'utilisation de 2 300 emplois supplémentaires.

En conséquence, le vivier d'enseignants disponibles pour le remplacement s'est asséché, alors que le besoin de remplacement a augmenté ces dernières années en raison de la hausse du taux d'absence. Des effectifs supplémentaires d'enseignants remplaçants titulaires sont donc nécessaires pour sécuriser et améliorer l'efficacité du remplacement dans le premier et le second degré.

Les thèmes associés à ce dossier

Partager cette page